S’il n’était pas à Toronto pour ce weekend de festivités parce que sa fille avait un tournoi, Vince Carter était bel et bien présent dans de nombreuses discussions autour du All Star Weekend. Ne serait-ce que parce que le Air Canada Centre a connu ses plus grandes heures de gloire alors que Vinsanity était le porte-étendard des Raptors.
Dans une veine plus discrète que Kobe Bryant, Vince Carter est lui aussi au crépuscule de sa longue et immense carrière. Et l’ancien voltigeur a fait l’objet d’une longue et passionnante interview avec Steve Smith, touchant notamment au sujet sensible du duo Carter – McGrady à Toronto.
Ils se connaissaient… sans savoir qu’ils étaient de la même famille !
« C’était plus facile pour moi d’arriver à Toronto en sachant que T-Mac était déjà là, » avance-t-il. « En fait, on a appris l’été avant sa première année en NBA qu’on était cousins. On a joué pendant des années dans l’équipe de Floride mais j’étais dans une catégorie d’âge supérieure. On se connaissait, on s’était vu jouer l’un l’autre. Mais c’était tout. »
Malheureusement, pour les fans des Raptors (et de la NBA en général), leur association n’aura duré que deux saisons. De quoi avoir des regrets quand on sait, a posteriori, que ni l’un ni l’autre n’auront vraiment pu aller jouer les premiers rôles, en playoffs.
Vince Carter rappelle l’histoire pour le moins saugrenue de leur rencontre à Chapel Hill, alors que Tracy McGrady est un simple lycéen en partance pour la NBA et que Carter est un jeune étudiant à North Carolina. On est alors en 1997.
« Avant sa draft, il est venu à Chapel Hill pour s’entraîner car il était en Caroline du Nord en Prep School [à la Mount Zion Christian Academy, à Durham]. Il est resté une semaine et je lui ai même prêté mon vestiaire car on se connaissait de Floride. Le jeudi, il me dit qu’il rentre pour une réunion de famille. Je lui dis, OK, pas de problème, je te vois la semaine prochaine. Et c’est pendant cette réunion qu’il a parlé à ma grand-mère. Il lui expliquait qu’il était à Chapel Hill en ce moment. Alors, elle lui a dit que son petit-fils y était à la fac. Vraiment ? Oui, mon petit-fils Vince. Vince Carter ? Oui. C’est comme ça qu’on a appris qu’on était parent. Il m’a aussitôt appelé sur mon portable : hey cousin ! C’était assez incroyable. Après toutes ces années à se croiser et se connaître de loin, on apprenait qu’on était de la même famille. Et ça a rendu la transition [en NBA] d’autant plus facile. »
« J’aurais aimé que Tracy reste deux ans de plus »
De fait, échangé le soir de la draft en 1998 (contre son coéquipier à North Carolina, Antawn Jamison), Vince Carter va prendre la direction du Canada. Pas forcément une destination qui fait envie à l’époque. Mais les cousins de Toronto inversent peu à peu la tendance grâce à leurs dunks et le jeu spectaculaire proposé alors par les Raptors.
En fin de contrat, Tracy McGrady se laisse néanmoins séduire par un contrat maousse costaud du côté d’Orlando. Dans son état natal. L’association diabolique des cousins n’aura jamais vraiment pu éclore… Un des plus gros fantasmes de l’histoire de la NBA, encore à ce jour.
« On en parle entre nous : « Et si on était resté ensemble à Toronto… ». On en rigole. Mais franchement, on était proche. On se rendait la vie plus facile sur le terrain, nos jeux se complétaient bien. On comprenait tout les deux par le jeu… car on avait grandi ensemble d’une certaine manière. J’ai compris sa décision. Il voulait voler de ses propres ailes. Personnellement, je pensais cependant qu’on pouvait le faire ensemble. J’ai compris qu’il voulait être le leader d’une équipe. Mais c’était un problème selon moi car notre duo était quasiment inarrêtable. On pouvait mettre en place un système et l’appliquer soit pour lui soit pour moi, vu qu’on était l’un et l’autre très athlétiques et très bons en attaque. Un « one-two punch » comme ça, c’était pratiquement impossible à arrêter. J’aurais aimé qu’on ait deux ans de plus pour voir où ça nous aurait menés… »
Sachant que les deux hommes ont dominé le classement des scoreurs pendant quasiment toute la décennie 2000, il aurait effectivement été particulièrement intéressant de voir leur évolution, côte à côte, sous la tunique des Raptors. Demi-finaliste de conférence en 2001, le Toronto version Carter n’ira pas plus loin alors que, dans son coin à Orlando, Tracy McGrady ne passera jamais le premier tour des playoffs.