Pendant l’été 1995, une armée composée de caméramans, d’ingénieurs du son, de régisseurs, d’électriciens, de scriptes, de coiffeurs et de maquilleurs débarque à Los Angeles pour boucler le tournage du film Space Jam.
Afin d’accommoder l’acteur principal du long-métrage, Michael Jordan, un terrain de basket éphémère est installé à sa disposition. Mais au bout de quelques jours, « His Airness » décide d’y inviter quelques-uns de ses collègues de travail de passage en Californie. Bientôt, l’endroit devient pour tous les ballers « the place to be ».
Reggie Miller, Charles Barkley, Cedric Ceballos, Jerry Stackhouse, Grant Hill, Dennis Rodman… Tous rejoignent « MJ » le soir, entre les projecteurs éteints, pour jouer de longs pickup games, sortes de matchs des étoiles improvisés. Les coups, la compétitivité et le trashtalking en plus…
À quelques dizaines de kilomètres de là, dans sa villa de Beverly Hills, Earvin Magic Johnson ne tient plus en place. Cela fait des semaines qu’il ne pense qu’à les rejoindre. Depuis qu’il est devenu co-propriétaire des Lakers en juin 1994 (il avait racheté 4,5% de la franchise, pour dix millions de dollars), ses relations avec ses anciens compagnons de jeu ne sont plus tout à fait les mêmes.
Mais là, c’est encore différent : le premier lockout de l’histoire de la NBA est en cours. Aucun accord salarial n’a encore été trouvé entre les propriétaires et les joueurs et il est interdit à tout dirigeant d’équipe de sympathiser avec le camp adverse.
Un soir de septembre, apprenant que le tournage de Space Jam touche à sa fin, Magic cède enfin. Il enfile une paire de baskets, saute dans sa limo et fonce rallier les vedettes de la Grande Lligue, sous le regard halluciné des producteurs de Warner Bros qui n’avaient pas prévu pareil rassemblement !
Magic, businessman et retraité épanoui
Magic Johnson a 36 printemps. Cela fait près de quatre ans qu’il n’a plus joué en NBA, mais Dennis Rodman, qui défend sur lui ce soir-là, est bluffé par sa puissance et l’aisance que dégage le jeune retraité. Au bout de quelques paniers, Michael Jordan décide de changer d’adversaire pour se frotter à son ancien rival. Magic lui souffle : « MJ, sache que j’ai changé. Je pèse 115 kilos, maintenant : va plutôt défendre sur un arrière et envoie un intérieur pour s’occuper de mon cas. »
Il lui dit cela en souriant, de ce sourire dévastateur qui avait contribué à relancer l’intérêt du grand public pour la NBA il y a plus de quinze ans. Mais Michael Jordan n’est pas dupe : Magic n’a pas seulement gardé son sourire, il a aussi conservé ses réflexes de passeur, son amour pour le jeu et sa soif de compétition.
Vraiment, ça ne lui dirait pas de faire son grand retour ?
Non, vraiment. Magic Johnson est heureux et épanoui loin des parquets. Il a créé une fondation destinée à lever des fonds pour lutter contre le SIDA et ses efforts ont permis de rassembler près de six millions de dollars en quatre ans. Il a également racheté une part des Lakers et aidé à financer un centre commercial à Las Vegas. À l’été 1995, il a ouvert un complexe cinématographique au sud de Los Angeles et prévoit d’en construire à Atlanta, Detroit, Houston et dans d’autres quartiers pauvres à majorité afro-américaine.
Le jour de l’inauguration du cinéplex californien est d’ailleurs « le plus beau de toute (sa) vie ». Il raconte : « Rien de pareil ne m’était encore arrivé. Des femmes pleuraient, elles me remerciaient d’avoir créé du travail et changé la vie de leurs maris. Je pleurais aussi. J’avais l’impression que Dieu me disait : ‘C’est ça, que je veux que tu fasses’. Cet amour était différent de celui que je connaissais en tant que joueur, avec mes fans. Alors, ça m’a frappé. J’en étais désormais certain : jamais je ne rejouerai en NBA. »
La maladie, « un challenge de plus »
Et puis, il y a la maladie. Après l’annonce de sa séropositivité en 1991, une question revenait sur toutes les lèvres : combien de temps lui reste-t-il à vivre ?
Beaucoup s’attendaient à voir la vedette dépérir lentement, mais inéluctablement. Il ferait quelques apparitions médiatiques, puis s’isolerait. On n’en entendrait plus parler pendant quelques mois, peut-être quelques années. Et puis un matin, à l’heure du café, on allumerait la radio et un flash spécial annoncerait que Magic Johnson, la légende des Lakers, avait succombé. On frissonnerait, mais on se dirait qu’il n’y avait aucune autre issue, que d’une certaine manière, on savait que ça allait arriver, que ce n’était qu’une question de temps.
Et voilà Magic Johnson, quatre ans plus tard, en pleine forme. Pour son père, Earvin Senior, c’est « comme s’il ne lui était rien arrivé ». Dès l’instant où il a appris sa séropositivité, le quintuple champion NBA a envisagé la lutte contre sa maladie « comme un grand match ». Il n’a pas pleuré. Il n’a pas eu peur de la mort.
« Ma vie entière est un challenge : en voici simplement un de plus. J’aime déjouer les pronostics, j’aime vaincre le sort. Quand j’étais joueur, on m’avait reproché d’être trop grand pour un arrière. On m’avait reproché de ne pas avoir de shoot fiable. A chaque fois, j’avais encaissé et répondu : ‘OK, laisse-moi te montrer’. »
En vérité, Magic regrette presque d’avoir pris sa retraite en 1991. Il le sait, désormais : le VIH ne l’aurait pas empêché de jouer. Les médecins eux-même le lui ont dit : « Son virus est sous contrôle grâce aux médicaments, à sa routine et son comportement », se félicite le Docteur David Ho, pionnier dans le traitements contre le VIH. « Earvin est convaincu de pouvoir battre la maladie et, à ce rythme, c’est envisageable. Rétrospectivement, il n’était pas obligé de prendre sa retraite, mais nous ne le savions pas à l’époque. »
Une inconnue demeure : quand Magic Johnson a-t-il été infecté ? S’il l’a été quelques mois avant qu’il ne soit testé séropositif, sa situation est relativement commune – certains patients ne souffrent des premiers symptômes que quatre ans après l’infection. En revanche, si elle est plus ancienne, « ce que l’on voit avec Earvin est extraordinaire », assure David Ho.
En ce sens, Magic se voit comme un messager de Dieu (« l’élu », dixit sa femme Cookie), celui qui a été choisi pour avertir la jeunesse de son pays, pour lui permettre de comprendre ce qu’est le VIH et son dernier stade d’infection, le SIDA. Il veut prévenir, expliquer, démentir les aberrations qui se développent dans les croyances collectives. D’abord réticent, Magic devient le porte-parole des malades discriminés.
Il a gagné 15 kilos de muscles
Physiquement, il est un homme changé par la maladie, mais pas dans le sens premier que l’on entend. À force de soulever de la fonte, il a gagné près de 15 kilos de muscles depuis son départ à la retraite ! Chaque jour, il s’impose d’interminables séries de pompes et d’abdominaux, réalise parfois 700 sit-up quotidiens et passe 1h30 en salle de muscu. Quand il part en vacances en yacht sur la Méditerranée, il loue tapis de course et haltères. En 1991, il avait du mal à soulever plus de 60 kilos en développé-couché : il s’entraîne désormais avec des poids de… 130 kilos.
Vraiment, ça ne lui dirait pas de faire son grand retour ?
Non, vraiment. Magic Johnson s’était offert le plus beau des départs lors du All-Star Game 1992. Sorti de sa retraite le temps d’un match par le vote des fans, il avait terminé la rencontre par trois paniers à 3-points, malgré les prises à deux d’Isiah Thomas et de Michael Jordan. Un grand moment : tous les joueurs, équipiers et adversaires, avaient cessé de jouer à 14 secondes de la fin du match pour l’entourer, l’embrasser, lui témoigner une dernière fois leur respect.
L’aventure se poursuit l’été suivant, avec la « Dream Team » à Barcelone. Puis, avec l’accord de ses médecins, il joue cinq matchs de présaison sous le maillot des Lakers, fin 1992. À l’approche de la reprise, il envisage d’annoncer son comeback.
« Effrayé » à l’idée de défendre sur un joueur séropositif
La rumeur du retour de Magic Johnson provoque un tollé dans la ligue, qui s’empresse de prendre des mesures de précautions sanitaires (si un joueur saigne, il doit immédiatement quitter le parquet). Afin de calmer le jeu, l’association des joueurs fait circuler une brochure où il est indiqué que « le VIH ne peut se transmettre lors d’un contact lié à une activité sportive ». Mais certains joueurs ont peur.
Mark Price et Scott Skiles font publiquement part de leur inquiétude. Gerald Wilkins dit qu’il est « effrayé à l’idée de défendre sur lui, comme tout le monde, mais personne ne le dit parce que c’est Magic Johnson ». Même Karl Malone se joint aux frondeurs…
« Regardez toutes ces coupures et ces croutes sur mes bras », exhibe-t-il après un match de pré-saison au Madison Square Garden. « J’en ai des comme ça, tous les soirs. Qu’on n’aille pas me faire croire qu’il n’y a aucun risque. Je ne suis pas un fan ou une pom-pom girl, je suis un joueur. Son retour va peut-être faire du bien au basket, mais il faut regarder plus loin : pleins de jeunes gars dans cette ligue ont encore une longue vie devant eux. La Dream Team, c’était bien, mais c’est fini : il faut revenir sur terre. »
Effaré, Magic n’insiste pas et quitte l’effectif californien avant le début de la saison régulière. Il ré-intègre les Lakers en tant qu’entraîneur, en mars 1994, mais l’expérience est un désastre. Son esprit de compétition est encore vivace : il semble moins vouloir contribuer à la progression du collectif que prouver aux joueurs qu’il en a encore « sous le coude ».
Le nouveau head coach nargue ses propres joueurs quand il les bat en un-contre-un, il s’incruste dans les matchs d’entraînement, s’associe parfois aux assistants pour défier les titulaires. Dans les vestiaires, il se lance dans des gueulantes maladroites. En match, il enchaîne les fautes techniques et les exclusions. Au lendemain d’une dixième défaite d’affilée, il pose sa démission, un mois après sa prise de poste…
Capitaine d’une équipe imbattable
Parce que le jeu lui manque trop, il met sur pied une équipe composée d’anciens joueurs NBA, les « Magic Johnson All-Stars », avec lesquels il organise des matches exhibition aux quatre coins de la planète. Les bénéfices qu’il génère à cette occasion sont extraordinaires (la participation de certains sponsors font gonfler les revenus jusqu’à plus de 300 000 dollars par match !), mais l’ancien MVP ne prend pas l’expérience à la légère : il annonce à ses équipiers qu’à la moindre défaite, il les virera tous !
Les « Magic Johnson All-Stars » joueront 55 matches. Ils en remporteront… 55.
Dans le même temps, Magic Johnson continue de s’entraîner dans le gymnase d’UCLA. Seul, dès 9 heures du matin, pour éviter les contacts avec d’autres joueurs professionnels ou universitaires. Au fil des jours, la rumeur de sa présence circule sur le campus et dans toute la ville, si bien qu’un matin, le retraité arrive à 9 heures du matin, seul… mais voit, dans le gymnase, une douzaine de joueurs ! Des Lakers, des Clippers et même Hakeem Olajuwon est là, pour s’entraîner avec lui !
Régulièrement aperçu au premier rang du Forum d’Inglewood, Magic participe aussi aux entraînement des Lakers, sur invitation de l’entraîneur Del Harris. L’équipe va mal depuis que sa vedette est partie —les « Purple & Gold » n’ont franchi qu’un seul tour de playoffs en quatre saisons— et le coaching-staff espère que la présence du vétéran, dont la motivation et le plaisir de jouer surpassent ceux du plus enthousiaste des rookies, provoque un électrochoc au sein du groupe.
Cela fonctionne : dès que Magic Johnson est là, parmi eux, les joueurs sont comme envoutés par son charisme. Il les aimante.
« Je suis prêt à dormir devant ta maison s’il le faut »
Del Harris ne peut se résoudre à le laisser venir de façon intermittente : il le veut dans son équipe, pour de bon. Et tant pis si ça ne plaît pas à tout le monde, tant pis si la mi-saison est déjà passée. Il passe un coup de fil à l’agent de Magic pour le supplier de le ramener au jeu.
Il lui présente son projet, lui promet qu’il est « prêt à dormir devant (sa) maison » si cela peut le convaincre. Il appelle le vice-président Jerry West, le GM Mitch Kupchack, la star Cedric Ceballos, les leaders Eddie Jones et Nick Van Exel, leur demande de participer à sa campagne. Tous contactent le potentiel sauveur avec un seul message : « Reviens. »
Non, vraiment. Magic Johnson a d’autres choses à faire. Il a un garçon de trois ans, Earvin Johnson III, et une petite Elisa adoptée l’année précédente. Ses entraînements à UCLA lui suffisent. Il est un homme d’affaires, maintenant. Ce qui lui manque, c’est l’adrénaline.
Dans les années 1980, il était tellement surexcité pendant les playoffs qu’il dormait à peine pendant deux mois. Il adorait cette période où il n’était plus vraiment lui-même. Il se renfermait, évitait la compagnie de ses amis, même de sa famille, pour mieux apprécier la saveur de la pression, le goût des duels et de la compétition. « Imagine, dit-t-il. Des semaines entières, à ne vivre que sur l’adrénaline… »
À force d’imaginer, il hésite. Et à force d’hésiter, il réalise qu’il se ment à lui-même. Évidemment qu’il veut le faire, son grand retour.
Dans le bureau du médecin des Lakers, Steve Lombardo, Magic Johnson vient de céder ses parts dans la franchise. Devant lui, un contrat d’une demi-saison, pour 2.5 millions de dollars —soit la faible marge que possède alors l’équipe sous le salary cap—. Mais au moment où il s’apprête à apposer sa signature, Magic hésite. Il pose le stylo. « Laisse tomber, lâche-t-il. Je ne vais pas le faire. »
Autour de la table, les visages se figent. Le temps d’une seconde, Del Harris voit la saison des Lakers, ses ambitions, ses rêves s’échapper. Mais quand il relève la tête, l’intéressé sourit. Brisant un silence qui commençait à devenir trop pesant, il reprend le stylo et murmure en riant : « Je plaisantais… »
L’improbable recrue
Le 29 janvier 1996, alors que les Bulls sont à mi-parcours de la meilleure saison de l’histoire de la ligue, les Lakers officialisent le recrutement le plus improbable de l’histoire de la franchise. Un meneur de 36 ans, qu’ils comptent faire jouer ailier-fort, ancien coach, ancien propriétaire d’équipe, qui n’a plus joué au niveau professionnel depuis 55 mois, qui fait 15 bons kilos de plus que son poids de forme et qui est séropositif.
En conférence de presse, Magic Johnson déclare : « Pour être honnête, toutes ces dernières années, j’aurais dû les passer à jouer en NBA. Je m’en suis voulu d’être parti. Ne pas jouer, ça me tuait. »
Dans les 24 heures précédant le soir de son grand retour, face à Golden State, l’adrénaline que Magic aime tant laisse place à un stress ingérable. La dernière nuit, il ne cesse de regarder sa montre en pensant avoir dormi des heures alors qu’il s’était à peine assoupi pendant dix minutes. Quand il se réveille, engourdi, sa caboche est à la tête de Time Magazine, de Newsweek, d’US News & World Report, de Sports Illustrated.
Le soir, les demandes d’accréditation sont si nombreuses que plusieurs journalistes sont placés au dernier rang du Forum d’Inglewood, sous le toit de la salle. Quinze minutes avant le début de la rencontre, le layup qu’il réussit à l’échauffement est accueilli par le public comme s’il s’agissait d’un shoot au buzzer.
Magic Johnson débute la rencontre sur le banc, mais après moins de deux minutes 30 de jeu, l’intérieur Elden Campbell commet sa deuxième faute. L’ex-MVP arrache son haut de survêtement, se lève, imité d’un même élan par 17 000 personnes et son premier panier, six minutes plus tard, embrase le Forum.
Sa sublime feinte de passe, dans laquelle plonge Latrell Sprewll juste avant la pause, achève d’émerveiller les fans de Los Angeles et d’ailleurs. Installé devant son poste de télévision à Miami, Pat Riley est si ému de voir rejouer l’homme avec lequel il a gagné cinq titres NBA qu’il en pleure.
À deux rebonds du triple-double !
Ce soir-là, dans l’ambiance électrique d’un Forum émerveillé, l’énergie de Magic est contagieuse : les Lakers distribuent 44 passes décisives (du jamais vu depuis 1986 !) et marquent 128 points. Pour deux rebonds, il manque de célébrer son comeback par un triple-double (19 points, 8 rebonds, 10 passes). Mais il en réussira un deux semaines plus tard (15 points, 10 rebonds, 13 passes), contre Atlanta.
La mécanique de son shoot à changé —elle est plus lente, la trajectoire du ballon plus haute et il enverra une bonne poignée de airballs pendant trois mois—. Il joue à l’économie d’énergie, semble rentabiliser au maximum le moindre effort, court moins vite et est franchement largué en défense. Mais il y a des choses intangibles : l’instinct du meneur, le leadership, la tête haute, les passes fulgurantes dans des angles impossibles. Et le sourire…
Comme Kobe Bryant vingt ans plus tard, Magic Johnson est en 1996 l’unique attraction de Los Angeles. Pendant 32 matches qui sont autant de jubilés, on lui rend partout hommage. Cedric Ceballos, le co-capitaine de l’équipe, digère mal cette tournée d’adieu qui remet en cause son statut de vedette. Au fil des rencontres, son temps de jeu se réduit comme peau de chagrin.
Un soir où il ne joue que 12 minutes contre Seattle, il craque et disparaît. Personne ne sait où il se trouve pendant cinq jours. Quand il réapparaît, il explique qu’il était parti régler un conflit familial urgent en Arizona. Sauf qu’il a été aperçu en boîte de nuit, puis sur un jet-ski le lendemain, et que personne n’est dupe : le problème, c’est Magic.
La polémique Ceballos, le problème Van Exel
Durant cette demi-saison, le n°32 se brouillera également avec Nick Van Exel (Magic critiquera ouvertement le comportement de son meneur, suspendu sept matches pour avoir frappé un arbitre… avant de bousculer à son tour un arbitre et de s’excuser, en larmes, devant ses coéquipiers) puis terminera les playoffs en conflit ouvert avec Del Harris, à qui il reprochera de ne pas le faire suffisamment jouer au poste de meneur de jeu.
L’épilogue est brouillon, mais Magic s’en contente. « Je suis satisfait de ce retour en NBA », dit-il au soir d’une ultime défaite contre Houston, le 2 mai 1996. « Je suis prêt à lâcher prise maintenant, il est temps de passer à autre chose. Cette fois-ci, je m’en vais selon mes propres conditions. »
Ce bref retour au jeu n’a pas seulement eu des répercussions sportives : il a contribué à changer un peu plus la perception du grand public vis-à-vis du VIH. « Son comeback, c’est histoire d’une nation qui comprend que les chances de contracter le SIDA suite à une égratignure de Magic sont beaucoup moins élevées que celles de voir l’écran géant du Forum tomber sur votre tête », peut-on ainsi lire dans Sports Illustrated.
Face à cette nouvelle réalité, Karl Malone n’aura d’autre choix que de s’excuser pour les propos qu’il avait tenu à son égard, trois ans plus tôt. Et Denis Rodman de scander : « Quiconque a peur d’affronter Magic devrait être tué sur le champ (…) qu’il ait le SIDA, la rougeole ou le cancer, je m’en fous : je vais le bouger, et tous ceux qui ont des couilles en feront de même. »
Fin 1996, le développement des trithérapies révolutionnait le traitement de la maladie, facilitant le « grand match » d’un Magic Johnson définitivement retiré des parquets. « Je risque de rester dans les parages pour un bon bout de temps. À ce rythme, je vais envoyer des jump shots avec Larry Bird jusqu’à mes 150 ans. »
Magic Johnson | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
1979-80 | LAL | 77 | 36 | 53.0 | 22.6 | 81.0 | 2.2 | 5.6 | 7.7 | 7.3 | 2.8 | 2.4 | 4.0 | 0.5 | 18.0 |
1980-81 | LAL | 37 | 37 | 53.2 | 17.6 | 76.0 | 2.7 | 5.9 | 8.7 | 8.6 | 2.7 | 3.4 | 3.9 | 0.7 | 21.6 |
1981-82 | LAL | 78 | 38 | 53.7 | 20.7 | 76.0 | 3.2 | 6.4 | 9.6 | 9.5 | 2.9 | 2.7 | 3.7 | 0.4 | 18.6 |
1982-83 | LAL | 79 | 37 | 54.8 | 0.0 | 80.0 | 2.7 | 5.9 | 8.7 | 10.5 | 2.5 | 2.2 | 3.8 | 0.6 | 16.8 |
1983-84 | LAL | 67 | 38 | 56.5 | 20.7 | 81.0 | 1.5 | 5.9 | 7.3 | 13.1 | 2.5 | 2.2 | 4.6 | 0.7 | 17.6 |
1984-85 | LAL | 77 | 36 | 56.1 | 18.9 | 84.3 | 1.2 | 5.0 | 6.2 | 12.6 | 2.0 | 1.5 | 4.0 | 0.3 | 18.3 |
1985-86 | LAL | 72 | 36 | 52.6 | 23.8 | 87.1 | 1.2 | 4.8 | 5.9 | 12.5 | 1.9 | 1.6 | 3.8 | 0.2 | 18.8 |
1986-87 ★ | LAL | 80 | 36 | 52.3 | 20.5 | 84.8 | 1.5 | 4.8 | 6.3 | 12.2 | 2.1 | 1.7 | 3.8 | 0.5 | 23.9 |
1987-88 | LAL | 72 | 37 | 49.2 | 19.6 | 85.3 | 1.2 | 5.0 | 6.2 | 11.9 | 2.0 | 1.6 | 3.7 | 0.2 | 19.6 |
1988-89 ★ | LAL | 77 | 38 | 50.9 | 31.4 | 91.1 | 1.4 | 6.4 | 7.9 | 12.8 | 2.2 | 1.8 | 4.1 | 0.3 | 22.5 |
1989-90 ★ | LAL | 79 | 37 | 48.0 | 38.4 | 89.0 | 1.6 | 5.0 | 6.6 | 11.5 | 2.1 | 1.7 | 3.7 | 0.4 | 22.3 |
1990-91 | LAL | 79 | 37 | 47.7 | 32.0 | 90.6 | 1.3 | 5.7 | 7.0 | 12.5 | 1.9 | 1.3 | 4.0 | 0.2 | 19.4 |
1995-96 | LAL | 32 | 30 | 46.6 | 37.9 | 85.6 | 1.3 | 4.5 | 5.7 | 6.9 | 1.5 | 0.8 | 3.2 | 0.4 | 14.6 |
Total | 906 | 37 | 52.0 | 30.3 | 84.8 | 1.8 | 5.5 | 7.2 | 11.2 | 2.3 | 1.9 | 3.9 | 0.4 | 19.5 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.