Après un Eurobasket terminé sur un goût d’inachevé, Evan Fournier savait qu’il entrait dans une saison charnière de sa jeune carrière. À Orlando, il doit composer avec un nouveau coach, mais aussi une concurrence plus fournie avec l’arrivée du prometteur Mario Hezonja, 5e choix de la draft. Mais depuis la reprise, le frenchy, en dernière année de contrat, montre qu’il a du talent à revendre, et ne cesse de satisfaire.
L’an dernier, il avait également réussi un super début de saison avec plus de 15 unités de moyenne sur le mois de novembre, avant de rentrer dans le rang. Mais cette année, la chanson pourrait bien être différente pour l’ancien de Charenton, et on a trouvé quatre explications.
Un nouveau coach
« Je pense que son système me convient bien. Pour être franc, j’adore sa dureté. La manière dont il nous parle, la façon dont on s’entraîne – j’adore sa dureté et je suis très content de jouer pour lui. «
Pour l’instant, c’est une belle histoire d’amour entre Scott Skiles et le jeune Français. Dur au mal, le nouveau technicien du Magic apprécie les joueurs de la trempe de Fournier, dont la confiance est inébranlable.
« C’est simplement sa façon d’être et rien ne semble le perturber. Il a une grande confiance en lui et nous, on a confiance en lui. Il fait partie de ces gars avec qui on a toujours l’impression que ça va rentrer. On est presque surpris quand il rate. Il est l’un de nos meilleurs shooteurs… si ce n’est le meilleur » déclarait l’ancien coach des Bulls sur son poulain il y a quelques jours.
Des paroles qui se sont traduites par des actes : malgré la présence de Victor Oladipo et l’arrivée de Mario Hezonja, Evan Fournier a été titularisé lors des quatre sorties du Magic cette année. Même quand le Français a raté sa première rencontre (3 points à 1/7 face aux Wizards) – tandis que le Croate brillait pour sa première apparition en NBA – Scott Skiles lui a réitéré sa confiance lors des jours suivants.
Un nouveau poste
« Maintenant, face au Thunder, j’ai Kevin Durant au lieu de Roberson, c’est pas pareil. Face aux Cavs, je vais me retrouver à défendre sur LeBron, là aussi ça change. Les ailiers sont plus costauds, plus grands mais je ne vais pas me plaindre car du coup je suis dans le cinq majeur, à moi de bosser c’est tout. »
Souvent barré par un jeune – et talentueux – backcourt, Evan Fournier avait perdu sa place de titulaire en décembre dernier. Mais l’arrivée d’un coach qui lui donne son entière confiance a changé la donne. Elfrid Payton et Victor Oladipo sont toujours alignés, mais cette fois avec le Français à leurs côtés au poste d’ailier, le poste 3. Tobias Harris a basculé à l’intérieur et tout le monde y trouve maintenant son compte, sauf peut-être Channing Frye, repoussé au bout du banc.
Avec cette forme de jeu, le Magic réalise un début de saison convaincant avec des défaites in extremis, et finalement un succès. Explosive et adroite, la franchise floridienne a fait jeu égal avec les Wizards, le Thunder et les Bulls, trois des plus belles écuries de la ligue avant d’empocher une première victoire face aux Pelicans. Sur le plan personnel, Evan Fournier s’épanouit en ce début d’exercice, avec plus de 37 minutes de jeu par match : c’est le deuxième plus gros temps de jeu derrière Oladipo.
De nouvelles responsabilités
« Cela fait quatre ans que cette équipe attend les playoffs, il y a une vraie motivation par rapport à cela. On sera vraiment déçus si on ne les atteint pas. Si on joue ensemble, si on joue tous les soirs, je pense qu’on peut atteindre cet objectif. Il n’est absolument pas dans nos plans de faire une saison comme l’an dernier »
Quand on a la confiance de son coach, de ses coéquipiers, qu’on est bien installé dans le cinq majeur de sa franchise, on se doit de prendre ses responsabilités. Quand on connaît le bonhomme, on sait qu’il n’est pas du genre à les fuir et son début de saison parle pour lui. Mis à part son premier match raté face à Washington, Evan Fournier tourne depuis à 23.7 points de moyenne sur les trois matches qui ont suivi.
Mais ce qui est intéressant, c’est de voir que maintenant, le Magic n’hésite pas à jouer pour lui. La franchise connaît mieux que personne ses aptitudes de « slasher » et comme l’a dit son coach, il est maintenant une belle menace offensive derrière l’arc. De nombreux systèmes en sortie d’écran lui donnent cette possibilité de sanctionner des adversaires souvent en retard, que ce soit par un petit tir, ou une pénétration (il serait difficile de compter le nombre de fois où Kevin Durant est tombé dans ses feintes quand Orlando a affronté OKC). Le résultat : près de 16 tirs tentés en moyenne par match (19 si l’on omet le match d’ouverture) depuis le début de saison contre même pas 10 l’an passé.
Un contrat à aller chercher
« Toute ma vie va dépendre de ce contrat. Ça va m’influencer moi, ma famille et mon rôle dans l’équipe. Donc, c’est quelque chose de très important pour moi. Mais ce qui importe encore plus, c’est que l’équipe joue bien et qu’on commence à gagner des matchs. On s’améliore mais on doit continuer à bosser. »
On le répète, c’est la saison la plus importante de la carrière d’Evan Fournier. Il y a quelques jours, le Français a appris qu’il ne serait pas prolongé avant la free agency 2016. Protégé, le Magic se réserve cependant le droit d’égaler toutes les offres qui seront faites à Fournier l’été prochain.
« Il ne faut pas y penser » a réagi l’arrière de 23 ans. « Il faut penser à bien jouer au basket et obtenir des victoires. Après, le contrat suivra. »
Et il joue bien au basket le jeune français : pour son premier match après l’annonce de sa non-prolongation, Evan Fournier a tout simplement réalisé la meilleure partition de sa carrière : 30 points à 12/20 aux tirs, accompagné de 5 rebonds, 4 passes décisives et deux interceptions face aux Pelicans. Clutch, il est l’auteur du tir à 3-points qui scelle la rencontre à quelques instants du terme
« C’était une façon de dire : Enfin ! On tient cette première victoire, » quand on lui demande d’expliquer son cri rageur. « J’ai senti qu’après ce tir, le match était terminé, ça fait du bien car on avait perdu les deux derniers matches d’un rien, avec des scénarios crève-coeur. »
Nous n’en sommes qu’aux prémices de cette saison 2015-2016, mais si Evan garde ce même état d’esprit, et les même performances, les offres risquent de pleuvoir dans quelques mois. Le Magic devra alors faire un choix : garder Evan Fournier, ou prendre le risque de le voir exploser chez l’un de ses rivaux ? Mais avant cela, il faudra que notre frenchy confirme ses bonnes dispositions tout au long de la saison, et il n’y a pas de raison qu’il s’arrête là !
https://www.youtube.com/watch?v=pyAnhO5hNRI