Recrutement des Spurs, Equipe de France, meilleur cinq européen… Les réponses de Tony Parker

Tout frais débarqué de son camp, Tony Parker a repris l’entraînement avec ses compatriotes… en trottinant tranquillement. Le meneur des Spurs a certes obtenu des vacances prolongées depuis sa sortie précoce des playoffs NBA mais il n’aurait manqué la rentrée médiatique des Bleus sous aucun prétexte. Basket USA était évidemment dans les clous pour recueillir les impressions de la superstar tricolore qui en a profité pour lâcher son cinq des meilleurs joueurs européens de l’histoire !

« On a fait un gros recrutement »

Tu as fini ta saison NBA plus tôt que prévu avec ce match 7 perdu contre les Clippers, comment tu analyses cette défaite avec le recul (après les vacances quoi !) ?

« C’est un mal pour un bien pour l’Equipe de France. On avait une superbe équipe à San Antonio et on aurait pu faire quelque chose parce qu’on voulait vraiment défendre notre titre mais ça n’est pas allé dans notre sens. Maintenant, ça m’a permis de me reposer, je suis bien frais et reposé pour cet événement. »

Tu n’as personnellement pas été épargné par les blessures cette saison, et ce jusqu’en playoffs…

« Oui, j’ai eu beaucoup de pépins physiques l’année dernière mais bon, globalement, quand je regarde ma carrière, je m’en sors très très bien, donc c’est comme ça. Ce sont des choses qui arrivent. Il faut savoir accepter les hauts et les bas d’une carrière. Mais maintenant, je me sens bien. »

Les Spurs ont réussi à signer LaMarcus Aldridge et David West notamment, ça sent bon pour la saison prochaine, n’est-ce pas ?

« Oui ! On a fait un gros recrutement, c’est le moins qu’on puisse dire. Là aussi, on va jouer le titre. On a une grosse équipe. Donc, moi j’espère qu’on va bien commencer avec l’Equipe de France et qu’on va terminer sur une bonne note pour que j’arrive avec une mentalité hyper-positive avec les Spurs. »

« Il y a une belle onde positive autour du basket en ce moment »

Tu as déjà pu parler avec LaMarcus ?

« Je l’ai vu à Los Angeles quand on est allé le recruter. Depuis, je ne l’ai pas vu car je suis rentré en France. Mais bon, je le connais bien et je suis très content qu’il ait choisi San Antonio. J’espère qu’on pourra lui amener un titre car il a choisi les Spurs pour ça. »

Tu viens d’arriver ce matin pour reprendre avec les Bleus, comment tu vois cette préparation qui s’annonce riche avec pas mal de voyages ?

« C’est génial. Il y a une belle onde positive autour du basket en ce moment. On s’en rend compte. Moi, partout où je vais, on ne me parle que de ça. Les gens attendent l’Euro avec impatience, ça va être une grosse compétition. Le staff a fait un gros boulot, il n’y a rien à dire. La préparation de l’Equipe de France n’a plus rien à voir entre ce qu’on faisait quand j’ai commencé en 2000 et ce qu’on fait maintenant. »

Après avoir raté l’été international la saison passée, te revoilà à l’INSEP pour la préparation, ça t’avait manqué ?

« C’est toujours un plaisir de revenir à l’INSEP. J’y ai vécu des moments mémorables. Deux des meilleures années de ma vie, c’était vraiment incroyable ici, avec Boris et Ronny Turiaf, Lucien Legrand. C’était vraiment deux superbes années qui m’ont permis de devenir le joueur que je suis devenu. C’est toujours un plaisir de revenir, on est un peu nostalgique même. »

« Je pense d’abord à la médaille d’or de l’Euro »

Les Jeux Olympiques de Rio sont l’objectif affiché… 

« Oui, bien sûr ! Mais bon, moi, je pense d’abord à la médaille d’or de l’Euro. Rio, ça va avec. Le titre est tout ce qui m’intéresse. Ma seule motivation, c’est de gagner une médaille d’or. Tout ce qui m’intéresse, c’est de gagner des titres. Parce qu’en fin de compte, on se rappelle que de ça. On ne se rappelle pas des records individuels. MVP du Championnat d’Europe, c’est bien, je ne crache pas dessus hein. Mais ce dont on va se rappeler, c’est que j’ai été quatre fois champion NBA et, j’espère, deux fois champion d’Europe. C’est ça que j’ai envie de laisser comme trace. Quand je prendrai ma retraite, je veux qu’on se dise que quand je jouais, on gagnait des titres. J’étais un winner. »

Jouer à domicile, c’est forcément une forme de consécration pour ta génération et celle des Boris Diaw, Florent Piétrus, Mickael Gélabale ?

« C’est énorme ! Beaucoup d’émotions. On a tous beaucoup donné pour l’Equipe de France à travers les années. De pouvoir jouer à domicile, personnellement, ce serait la fin parfaite de gagner l’Euro et d’aller aux JO. »

Mais ça veut dire aussi une pression supplémentaire…

« Il faudra rester concentrés. Ça va être très très dur. J’espère que tous mes coéquipiers s’en rendent bien compte. À San Antonio, j’ai gagné beaucoup de titres et je sais combien c’est difficile de les défendre. J’espère qu’ils vont prendre conscience du travail qu’il faudra produire pour justement aller jusqu’au bout. Chaque détail est important. Il faudra qu’on utilise la ferveur populaire, qu’on se serve de l’engouement comme de motivation, qu’on ne laisse pas la pression prendre le dessus. C’est très important qu’on contrôle ça. »

« J’avais plus de pression à l’Euro 2013 »

Est-ce que tu sens que ton expérience des grands événements va pouvoir jouer auprès des plus jeunes ?

« Mon rôle de leader va être encore plus important cette année que les années précédentes par rapport à l’expérience que j’ai de gagner des titres et de les défendre derrière, quand toutes les équipes jouent pour te battre. C’est ce qui va se passer cette année, et c’est la première fois pour nous qu’on va être les favoris entre guillemets, parce qu’on défend notre titre. Tu ne joues pas de la même façon quand tu es outsider. Là, c’est les autres équipes qui vont vouloir nous battre. L’Espagne sera revancharde. »

Ressens-tu cette pression supplémentaire, précisément en tant que leader d’équipe, de jouer à domicile avec cette cible dans le dos ?

« J’avais plus de pression sur mes épaules à l’Euro 2013 personnellement. Parce que j’avais l’impression que si on gagnait pas un titre avec l’Equipe de France, j’aurais ce manque pour toujours dans ma carrière. Le jour où on a gagné en 2013, j’aurais pu prendre ma retraite aussitôt car j’avais la satisfaction d’avoir gagné à tous les niveaux. Cette année, c’est du bonus. Défendre son titre, c’est un vrai beau challenge. »

Les petits jeunes qui montent ont cependant déjà démontré qu’ils pouvait produire sous pression l’an passé à la Coupe du Monde, non ?

« C’est sûr, ils ont déjà bien fait le boulot l’an dernier avec leur médaille de bronze. Maintenant, c’est à nous de confirmer et d’aller chercher la vraie médaille. »

Comment tu vois la concurrence pour cet Euro ? 

« Toutes les équipes sont difficiles. A chaque fois, je chambre mon coéquipier Patty Mills en lui disant que lui, il n’a qu’à battre la Nouvelle-Zélande et il va aux JO. Nous c’est autre chose parce que tu as dix équipes qui sont compétitives et qui peuvent gagner le Championnat d’Europe. Et en plus, quand c’est l’Euro qui précède les JO, tous les joueurs NBA viennent pour remonter le niveau. Dirk fait son retour avec l’Allemagne par exemple. Ca va être un gros championnat d’Europe. »

Tu viens de mentionner Dirk Nowitzki, tu es heureux de sa participation ?

« Oui, je suis content. On s’est parlé, je lui ai envoyé un petit texto pour le féliciter. Il me disait qu’il était étonné que je joue encore pour la France, mais je lui ai répondu que je n’avais pas le choix. Je me ferais tuer si je ne venais pas. Et je pense que c’est la même chose pour lui. Ce sera sympa de le voir jouer. C’est un des meilleurs joueurs européens de l’histoire et ça sera certainement la dernière fois qu’on le verra avec le maillot de l’Allemagne. »

Tu le mets où dans ta hiérarchie des meilleurs joueurs européens ?

C’est le meilleur poste 4 pour moi. Après, j’hésite entre Arvydas Sabonis et Pau Gasol au poste de pivot.

Et sur les autres postes ?

Pour le poste 3, je mettrais Toni Kukoc car il a gagné trois titres NBA. Sur le poste 2, c’est Drazen Petrovic.

Et sur le poste de meneur alors ?

Sans commentaire [rires]…

Propos recueillis à l’INSEP