Pour la première fois depuis 2006, Michael Jordan est de retour à Paris, et c’est au Palais de Tokyo qu’il s’est adressé à la presse vendredi soir. Lors d’une conférence animée par Michelle Beadle, Sa Majesté a reçu une standing ovation des nombreux médias présents dans la salle. Sa présence a été de courte durée mais Jordan a pris le temps d’évoquer ces 30 folles dernières années pour Jordan Brand et l’évolution hallucinante de sa marque.
« J’ai construit une relation avec les fans de la marque. Grâce à toutes ces créations et aussi au retour que l’on a de la part de ceux qui portent nos produits. Génération après génération. Beaucoup de gens portent des Jordan, qu’ils soient passionnés de basket ou pas. Certains n’ont même jamais vu un match de basket. Ces 30 ans que nous célébrons, c’est beaucoup plus gratifiant que tout ce que j’ai pu faire. »
Aurait-il pu imaginer un tel succès pour la Air Jordan 30 ans plutôt ?
« Non. Je pense que nous avons simplement visé juste il y a 30 ans. Nous avons fait de belles collaborations depuis 1985. On ne savait pas que l’on continuerait de le faire 30 ans plus tard. »
« Les Européens ont fait évoluer le jeu de manière positive »
Côté basket, Jordan a évoqué l’évolution du jeu et l’arrivée massive de joueurs européens en NBA.
« Nous voyons de plus en plus de joueurs européens se faire une place en NBA sur les dernières années. Je pense que ça a changé le jeu. On voit plus de polyvalence, les grands joueurs arrivent à manier le ballon et shootent à 3 pts. Ils ont fait évoluer le jeu positivement et à une échelle mondiale. »
La légende des Bulls est également revenue sur la relation particulière qu’il entretient avec ceux qui font la marque Jordan Brand, ses designers et plus particulièrement Tinker Hatfield.
« Ce fut un bon mariage. Ils sont vraiment créatifs et m’ont autorisés à leur donner un feedback sur ce que doit apporter la chaussure sur un terrain de basket. Je n’hésitais pas à leur dire que je voulais me sentir plus près du sol, moins en élévation, que j’avais besoin de quelque chose de plus flexible, de plus haut. C’est le genre de discussion que nous avions. Je leur donnais des choses auxquelles ils devaient réfléchir et ils me donnaient des choses sur lesquelles je devais moi aussi réfléchir. »
Tinker Hatfield était d’ailleurs présent aux côtés de MJ et de Michelle Beadle sur scène. Et le célèbre designer n’a pas été avare en anecdotes. Avant que Jordan n’entre en scène, Hatfield a notamment raconté sa première rencontre avec la légende vivante du basket mondial, alors qu’il travaillait sur son premier projet chez Jordan Brand, la AJ3.
« J’ai rencontré Michael dans un sous-sol alors qu’il jouait au tennis de table avec Charles Oakley. Ils étaient en train de s’entretuer. Il y avait tellement de compétition entre eux. Et ce fut ma première rencontre avec lui. Je descendais les escaliers, ils étaient en train de faire du trash talking et de se balancer des vacheries. Donc mon premier ressenti par rapport à Michael a été celui d’une personne qui était prêt à tout pour gagner. A notre deuxième rencontre, j’ai réalisé que c’était quelqu’un de très classe. Il est le meilleur joueur de basket que j’ai jamais vu mais il est aussi le meilleur athlète avec qui j’ai travaillé. »
Le virage de l’Air Jordan 11 pendant sa première retraite
Devenu proche de MJ, le designer a vécu de très près le départ en retraite puis comeback de Jordan.
« Sa retraite a été un événement mondial », raconte-t-il avec nostalgie. « C’était quelque chose de douloureux. Chez Nike, on pensait tous que c’était fini. On se disait qu’il allait passer à autre chose avec sa vie. Mais j’ai juste eu ce sentiment, peut-être parce que je le connaissais si bien, qu’il ne s’agissait que d’un break. Et alors qu’il jouait au baseball, j’ai continué de travailler sur la Air Jordan. La 11 est l’une des plus emblématiques de toute la ligne. Et je me souviens lui avoir rendu visite lors d’un match de baseball en ligue mineure. Le vestiaire était rempli de jeunes joueurs. Je lui ai présenté l’idée de la 11. En fait, c’était une idée qu’il a initiée car il a toujours voulu avoir un modèle brillant. Je lui ai présenté le design et on a bossé dessus ensemble. »
Tinker était l’un des seuls à imaginer un retour de His Airness et il ne s’y est pas trompé.
« Je suis fier de dire que certaines personnes étaient énervés que je continue de perdre du temps et de l’argent sur la Air Jordan. Surtout la 11. D’autant plus que c’était un modèle différent et particulier. Je ne sais pas. C’était une période difficile, mais j’avais la foi et j’ai juste continué à travailler dur. Quand la chaussure est sortie, que Michael est revenu et qu’il a gagné un titre, c’était amusant de pouvoir dire : ‘Je vous l’avait dit’. »
Jamais un sportif n’a eu autant d’impact sur toute une société par ses actes sur et hors terrain. Durant tout le week-end, et à l’occasion du Quai 54, Jordan Brand célèbrera les 30 ans d’une Success Story qui n’a pas fini de nous faire rêver.