Il est le pivot titulaire des Cavs qui vont ouvrir leur finale de conférence à l’Est ce mercredi. Après avoir longtemps été le synonyme de victime (à cause de Blake Griffin) après son arrivée chez les Knicks, Timofey Mozgov est doucement mais sûrement en train de s’établir en NBA comme un des pivots les plus rentables avec 10 points et 7 rebonds en saison régulière, et 8 points, 7 rebonds et 2 contres en playoffs.
Solide point d’ancrage de Cleveland sous les panneaux, le jeune pivot russe (28 ans) revient pour Basket USA sur son parcours depuis l’Admiralteyskaya de Saint Petersbourg jusqu’aux parquets NBA en passant par l’Euroligue et ses premières années à New York.
David Blatt précisait en conférence de presse que le public NBA ne te connaît pas forcément, mais lui sait que tu n’as pas peur des gros rendez-vous, tu confirmes ?
Oui. J’ai déjà connu de gros matchs. Le Game 4 face aux Bulls en était un et on était très satisfait d’avoir pu le remporter.
Chose assez rare : on t’avait vu hurler après un gros rebond offensif et un panier.
Je ne suis généralement pas très expansif mais sur ce genre de match à haute tension, où les émotions sont à fleur de peau, il faut tout faire pour donner de l’élan à son équipe. Tous les moyens sont bons pour remobiliser les troupes.
Le GM des Knicks, Donnie Walsh, a déclaré récemment qu’il ne voulait vraiment pas t’échanger à l’époque… mais il s’agissait de faire venir Carmelo Anthony. Etais-tu au courant de ce compliment implicite et à retardement ?
Oui, je m’en souviens. Le staff des Knicks m’avait très bien accueilli et ils voulaient me garder. La situation à New York était très bonne pour moi, mais il y a eu un problème au moment de cet échange. L’équipe a pris sa décision, et c’est comme ça ! Maintenant, je suis dans une très bonne situation à nouveau. C’était il y a cinq ans [quasiment, ndlr] et il faut passer à autre chose.
On raconte que tu as commencé le basket à 9 ans parce que tu étais grand et que tu pouvais courir vite. C’est vraiment aussi simple que ça ?
Oui, j’avais 8-9 ans. Au début, c’était assez difficile. Je ne connaissais rien à ce sport. On m’a beaucoup fait travailler et c’est vraiment à partir de 18 ans que j’ai commencé à être bon. Je pouvais enfin faire valoir mes qualités athlétiques. C’est là que j’ai pris conscience que je pouvais devenir professionnel.
« Je regardais beaucoup Kevin Garnett »
Ton père était un joueur de handball…
Oui. Je me suis essayé à ce sport aussi mais lui voulait que je sois un joueur de basket car c’est aussi un sport où on utilise les mains. Avec ma taille évidemment, ça a aidé ce choix.
Tu avais d’autres idées de métier quand tu étais gamin du coup ?
Non pas tellement. Avant mes 9 ans, je jouais comme tous les gamins. Au foot, avec mes copains dans la rue, j’étais comme les autres.
Tu as réalisé une belle petite carrière au Khimki dans un premier temps, avec une saison en Euroligue notamment. Penses-tu être resté trop longtemps en Europe ?
C’est difficile à dire. A l’époque, je suis arrivé comme le petit jeune [Timofey a effectivement évolué d’abord au LenVo St. Petersburg avant de passer par Samara, en deuxième division russe, ndlr] et j’ai commencé à jouer en Euroligue quand j’avais 22 ans je crois [23 en fait, ndlr]. En général, les meilleurs jeunes en Europe commencent à jouer à ce niveau-là quand ils ont 18 ans. Je me suis développé sur le tard depuis le début de ma carrière. Mais après, tout s’est déroulé au bon moment, je pense. Je suis arrivé en NBA à 24 ans et c’était le bon moment pour moi car j’avais pu recevoir l’aide et les conseils dont j’avais besoin.
Tu as notamment bossé avec Fess Irvin à Dallas, c’est ça ? [Irvin est un préparateur physique fixé à Dallas et qui a également travaillé avec beaucoup de frenchies : Batum, Ajinça, Mahinmi, Fournier, Heurtel, y compris Sandrine Gruda]. Est-ce un peu comme Dirk Nowitzki et Holger Geschwinder ?
Ce n’est pas tout à fait comme pour Dirk car il n’est pas mon entraîneur personnel. Mais c’est vrai que j’ai passé beaucoup de temps avec lui. Il m’a énormément aidé dans ma progression. On a beaucoup travaillé, que ce soit le physique comme l’aspect mental du jeu. Il m’a aidé à bien m’adapter au jeu américain.
J’ai lu que tu faisais du yoga et d’autres exercices d’équilibre pour travailler la souplesse. Est-ce que tu dirais que ce sont ce type de méthodes non-traditionnelles qui t’ont aidé à passer le cap ?
Pour moi, toutes les techniques utilisées aux Etats-Unis ne sont pas traditionnelles. Venant de Russie, j’ai vécu une formation complète et je sais que les coachs sont durs, surtout avec les jeunes. Mais bon, il faut ce qu’il faut pour arriver au niveau professionnel…
Qui était ton idole, ton modèle ?
Quand j’avais 16-17 ans, je regardais beaucoup Kevin Garnett. Et puis quand j’ai commencé à jouer au basket en club, je me suis mis à me concentrer sur mon jeu pour progresser plus rapidement.
Donc, tu regardais la NBA assez tôt ?
En fait, pas vraiment. On n’avait pas beaucoup de matches à la télé en Russie. Mais je savais déjà que KG était bon !
Il y a l’Eurobasket en France qui se profile pour la Russie cet été, tu y seras ?
Pour le moment, je ne préfère pas en parler. Je me concentre uniquement sur les playoffs et je mets toute mon énergie dans ces playoffs. Je verrai tout ça en fin de saison.
Propos recueillis à Chicago