C’est une tendance qui se confirme : les plus gros marchés* ne sont plus les rois de la ligue. San Antonio, 27e marché parmi les équipes NBA, est champion en titre : Miami, 19e, finaliste de la saison passée, a retrouvé deux de ses trois stars (Dwyane Wade, Chris Bosh) ainsi qu’un des free-agents les plus courtisés en la personne de Luol Deng. Cleveland, 17e, a retrouvé son élu, et pléthore de joueurs désirés, de Kevin Love à Shawn Marion, tandis que son meneur All-Star a prolongé pour cinq ans.
L’an passé, Paul George, natif des environs de Los Angeles, n’a lui non plus pas hésité à prolonger pour la même durée à Indiana, 24e marché de la ligue.
« Et ce fut facile. » déclare t-il à Sports On Earth. « Je me suis juste senti à l’aise ici. Je voulais rester à un endroit où tout allait bien. Et nous gagnons, c’était important. Pour être honnête, je n’avais pas vraiment de raison de partir pour une grosse ville ou une autre équipe. »
Doug Collins : « La dernière fois que Celtics, Knicks ou Sixers ont signé un gros free-agent ? »
Pendant ce temps, deux des plus grosses villes du pays tirent la langue. New York est en pleine déconfiture et fait le grand ménage, espérant se servir de sa manne financière pour la prochaine intersaison tandis que les Lakers ont promis un meilleur été que celui qui vient de se dérouler. Parmi les plus gros marchés, seuls Chicago, Toronto, Golden State, Dallas ou Houston ont réussi à se démarquer. Mais, avec tout le respect dû à Pau Gasol et Chandler Parsons, aucune star n’a déménagé pour une ville plus lucrative. Selon Sporting News, depuis 2010, seules huit franchises ont signé des free agents pour un contrat égal ou supérieur à 7 millions de dollars l’année.
« Si vous regardez bien, quand est-ce que les Celtics (ndlr : 11e marché) ont signé un gros free agent pour la dernière fois ? » interroge l’ancien coach, désormais consultant télé, Doug Collins. « Les Sixers (7e) ? Quand est-ce que les Knicks (1er) ont signé un gros free agent la dernière fois ? »
Pour les Knicks, la réponse est simple : Carmelo Anthony. Or, hormis l’enfant du pays, le club n’a pas su attirer un gros poisson depuis Amar’e Stoudemire en 2010.
« L’époque où ces équipes signaient automatiquement ces gars est révolue. Les joueurs vont et jouent ailleurs. Ils comprennent qu’on n’a pas besoin de jouer dans les plus gros marchés pour avoir du succès, ou des sponsors et le reste. » poursuit-il.
Les rookies loin des strass et paillettes
Pour appuyer ses propos, l’exemple de Kevin Durant est le plus parlant. L’ailier de OKC (28e marché sur 30 !) est désormais l’individu le plus sponsorisé de la ligue, devant Kobe Bryant, Derrick Rose ou Carmelo Anthony, tous dans de gros marchés. Les grandes villes n’ont plus la même aura qu’auparavant, tout simplement car, la technologie aidant, la population des villes de moindre importance a accès aux mêmes produits. D’Oklahoma City, le MVP en titre est visible de tous, dans le monde entier.
Même chez les rookies, la question ne se pose plus. L’époque où Steve Francis pleurait pour ne pas avoir à porter le maillot de Vancouver n’est plus. Que ce soit Andrew Wiggins ou Jabari Parker, les jeunes gens se fichent beaucoup de leur destination. Au contraire, ils reconnaissent leur attrait.
« LeBron est revenu à Cleveland, Kevin Durant est à Oklahoma City. Il n’y a rien de tel que les petits marchés. » commente Jabari Parker. « Si l’on gagne, le public vient au match. Il ne s’agit que de gagner. Si l’on perd et qu’on est dans une grande ville, ils ne viennent pas, donc cela n’a pas d’importance. »
De fait, la situation interroge les stratégies employées par les grandes franchises historiques, particulièrement Knicks, Nets ou Lakers. En visant coûte que coûte les gros poissons par la free-agency, ces clubs se focalisent sur un groupe de joueurs rares, loin d’être toujours enclins à déménager pour des villes moins sereines. N’est-ce pas Joe Johnson qui racontait il y a peu qu’en dépit des propositions de New York, il avait préféré le confort d’Atlanta lors de l’intersaison 2010 ?
« ’J’étais là et je me suis dit « non », en opposition à ma situation établie à Atlanta avec une équipe solide en progression chaque année. » a t-il dit.
Ainsi, s’ils laissent la porte ouverte à d’autres opportunités, Marc Gasol de Memphis (29e marché), LaMarcus Aldridge à Portland (23e), Kawhi Leonard chez les Spurs (27e) et consorts pourraient tous privilégier la prolongation de contrat au détriment des grosses équipes. Tous gagnent, et tous sont populaires au sein de leur communauté, alors pourquoi changer ? Cette question pourrait bien finir par hanter durablement Phil Jackson et Mitch Kupchak à l’issue de l’été prochain.