Comment passe-t-on d’une équipe apathique, voire démoralisante, à 5 victoires pour 23 défaites à la même équipe (moins un joueur) qui surfe actuellement sur la plus chaude série de NBA, avec 7 victoires de rang ? Les éléments de réponses sont multiples et pour y voir plus clair, BasketUSA vous propose son analyse.
Un seul être vous manque…
D’abord, évoquons l’éléphant dans la pièce (comme on dit outre-Atlantique) : Josh Smith est parti, et c’est le premier élément de réponse. Il est monumental mais il ne doit pas être mal compris.
Extrêmement talentueux, Josh Smith ne collait pas du tout dans l’effectif des Pistons. Depuis sa signature à l’été 2013 par Joe Dumars, Josh Smith n’a jamais réussi à trouver son équilibre. Il faut dire qu’avec Andre Drummond et Greg Monroe déjà dans la peinture, J-Smoove n’avait plus tellement de place pour s’y installer. Avec 16 points et 7 rebonds de moyenne l’an passé, mais seulement 42% de réussite (dont 26% à trois points), il était clairement la cinquième roue du carrosse (un comble) à Motown.
Surtout, et contrairement à de nombreux bruits de couloirs, il n’y avait pas de tension particulière entre Josh Smith et son staff.
« Ce que nous avions prévu, c’est de donner leur chance à nos jeunes joueurs, » précise Van Gundy sur ESPN. « Josh est un vétéran avec 10 ans d’expérience et on était à 5-23. Je voulais donner leur chance à d’autres joueurs, ce qui allait réduire son temps de jeu et son impact. Et je ne trouvais pas ça juste par rapport à lui. C’était plus facile [de le couper, ndlr]. En plus, ça nous aidera à l’avenir car ça libère de la masse salariale. »
Pas foncièrement mauvais garçon, Josh Smith a en fait beaucoup de mal à se faire diriger de manière précise et rigide. Or, le basket de SVG exige une certaine forme de rigueur et d’exactitude dans le spacing afin de libérer les espaces pour les shooteurs à trois points, la lubie de Van Gundy. Dans l’analogie de David Thorpe interviewé par TrueHoop TV, le canoë des Pistons est enfin équilibré avec 5 gars qui pagayent à l’unisson… et non pas 4 pagaies et un tire-au-flanc !
… et tout se décante à vitesse grand V
La version officielle est donc que le départ de Josh Smith a permis de relancer des Pistons qui étaient au point mort. Pour ne rien gâcher, le technicien de Detroit a ajouté que, du 22 au 24 décembre, ses joueurs ont pu bénéficier de quelques jours d’entraînement qui ont fait le plus grand bien à l’équipe.
« Depuis [ces trois jours], tout est différent. Ils travaillent plus dur. Ils sont plus attentifs. Beaucoup plus ensemble. On n’a pas de gars qui se soucient de qui est sur le terrain, qui joue, ou qui shoote. »
Cet état de fait est confirmé par DJ Augustin, auteur de 17 de ses 26 points dans l’immense victoire de mercredi sur le terrain des Mavs.
« On n’est pas l’équipe d’un seul joueur. On a différents gars qui peuvent apporter chaque soir. C’est amusant de jouer ensemble et de gagner ensemble comme ça. »
Pour Chandler Parsons, victime expiatoire, les Pistons ont effectivement bien changé entre leurs deux confrontations face aux Mavericks.
« C’est le jour et la nuit. Mais tout vient de la confiance. Ils ont toujours eu le talent, le coach, les joueurs, le système pour réussir. Mais maintenant, ils jouent libérés et ils sont très confiants en ce moment. »
Moins talentueux mais plus cohérent
Moins talentueux en termes de qualité basket intrinsèque, l’effectif des Pistons est néanmoins plus solide, plus consistant, plus cohérent depuis le licenciement de Josh Smith. En attaque, au lieu d’avoir un poste 3 qui ne sait ni shooter de loin pour écarter le jeu, ni pénétrer dans le trafic pour apporter du mouvement, les coéquipiers d’un Brandon Jennings en feu (19 points en moyenne sur les 7 derniers matchs) trouvent en Kyle Singler ou Kentavious Caldwell-Pope, sinon des tueurs au niveau du tir, au moins des menaces légitimes. En outre, ces derniers ne viennent pas briser l’harmonie du jeu collectif par des prises de risques individuelles.
De plus, le limogeage de Josh Smith a enfin permis de libérer les espaces pour les deux « tours de Motown », à savoir Andre Drummond et Greg Monroe. Plus agressif que jamais, Drummond est actuellement le pivot le plus difficile à contenir avec sa capacité à aller chercher ses propres rebonds en attaque et sa puissance surhumaine, tout simplement. Avec ses 16 points, 16 rebonds et 2 contres par match sur la série victorieuse de Detroit, Dre écrabouille la concurrence !
Finalement, ce qui a changé, c’est l’attitude générale des joueurs. Comme le soulignait SVG en indiquant que ses ouailles sont désormais plus disciplinées et attentives, l’esprit de son groupe a changé du jour au lendemain avec ce coup de pression du staff.
« Quand une telle situation arrive pour un coéquipier, avec un licenciement ou un échange, c’est comme une sonnette d’alarme. » explique Jennings. « Et puis, ça signifie aussi de nouvelles opportunités pour les autres joueurs. Tout le monde a haussé son niveau de jeu pour profiter de cette chance. Les gars ont bien répondu à l’alarme. »
Un déclic dans l’attitude aussi
De fait, les statistiques des Pistons ont toutes pris un virage positif depuis le départ de Smith. Un véritable déclic collectif qui plaît forcément à Van Gundy. Ce dernier l’illustre d’une anecdote précise du même match contre Dallas.
« A un moment, avec 4 minutes à jouer, je me suis tourné vers mes assistants pour leur demander si on devait faire des remplacements. Et Brandon et Andre se sont levés et ont clairement dit non, car les joueurs sur le terrain étaient très bons. On en est là maintenant, au niveau de l’attitude. Chaque soir, c’est un joueur différent qui est performant mais le groupe s’en fiche. Ils veulent seulement emporter le plus de matchs possible. »
Il suffit parfois d’un petit changement dans les rotations pour qu’une équipe trouve enfin la bonne alchimie. C’est ce qui est arrivé aux Pistons avec Josh Smith (ou sans lui, pour être exact !).
Et, preuve que l’ancien des Hawks n’est pas un mauvais bougre, il aurait envoyé un message à Brandon Jennings pour les féliciter de leur parcours.
« Il nous a dit de continuer comme ça. Il dit qu’il est content à Houston. »