À 32 ans, Dwyane Wade n’est plus le joueur explosif qu’il était, mais la star du Miami Heat n’en reste pas moins un joueur de premier plan avec 20,6 points et 6,2 passes de moyenne cette saison. Nous l’avons rencontré juste avant le match face aux Wizards.
Dwyane, comment vous sentez-vous alors que vous revenez tout juste sur les parquets après deux semaines d’absence ?
Je me sens bien physiquement. Je me suis réveillé sans douleur lundi matin après notre match à New York. Bien sûr, je suis un peu courbaturé et fatigué mais je ne m’attendais pas à autre chose pour mon premier match. Maintenant, on va voir comment ça va aller en back-to-back à l’extérieur. Ce sera un indicateur intéressant pour la suite de la saison. J’ai dit que quand je serai prêt à revenir, je jouerai à fond. Je ne suis pas vraiment inquiet à l’idée de jouer deux soirs de suite. Au contraire, je pense que cela m’aidera à retrouver mon rythme plus rapidement.
En quoi est-il différent de préparer un « back-to-back » aujourd’hui par rapport aux années passées ?
Vous voulez que l’on remonte combien d’années en arrière pour comparer (rires) ? C’est bien évidemment très différent aujourd’hui. Quand on est jeune, le corps peut encaisser les chocs et emmagasiner la fatigue bien plus facilement. Aujourd’hui, je ne regarde même pas quels seront nos adversaires. J’essaye juste de me préparer physiquement pour pouvoir être au top pendant les deux heures du match. C’est quelque chose dont j’ai discuté par le passé avec des joueurs plus âgés et ils ont raison en disant que l’on ne peut pas comprendre les efforts nécessaires jusqu’à ce que l’on atteigne ce stade de sa carrière. Il faut redoubler d’efforts pour être compétitif et c’est toujours un sacré challenge à relever.
Le premier mois de compétition s’est achevé. Quel regard portez-vous sur le début de saison du Heat ?
Il y a eu du bon et du moins bon. Je pense que l’on a montré que l’on pouvait toujours jouer avec la même intensité par rapport aux saisons passées et nous avons fait du bon boulot en défense la plupart du temps. Mais nous avons encore beaucoup de travail à faire pour avoir un jeu parfaitement lisse avec nos nouveau joueurs comme Luol Deng ou Shabazz Napier. Dans l’ensemble, c’est assez satisfaisant. J’espère pouvoir tenir le choc dans la durée sur le plan physique et aider cette équipe à atteindre les sommets. La saison est encore longue.
« La lutte sera intense avec les Wizards et les Hawks »
Vous allez affronter Bradley Beal, qui est considéré comme l’un des meilleurs jeunes arrières en NBA. Comment abordez-vous ce duel ?
Bradley est l’un des grands espoirs du basket. Il est un excellent shooteur mais je trouve qu’il a développé son jeu chaque année depuis son arrivée en NBA et il arrive doucement à maturité. Il est très rapide balle en main, comme John Wall, et il faudra faire très attention à lui en contre-attaque. Il n’est jamais facile de défendre sur lui, surtout vu le nombre d’atouts offensifs dont bénéficient les Wizards. Il est très dangereux et il sera intéressant de se mesurer à lui. Il est encore jeune et essaye de se faire un nom parmi les stars de la ligue, et se donne à fond sur chaque possession. Je suis passé par là moi aussi et il faudra faire un bon travail pour limiter son impact.
Ces dernières années, le Heat a dominé la Southeast Division de la tête et des épaules. Vous focalisez-vous plus sur ces matches cette saison ?
Pas vraiment… Gagner la division, c’est toujours bien. Ça fait une bannière de plus à accrocher… Mais l’essentiel c’est de se préparer au mieux en vue des playoffs et se placer le plus haut possible dans l’optique d’avoir l’avantage du terrain. Donc remporter sa division est toujours une bonne chose puisque cela veut dire que vous avez remporté un nombre important de matches. La lutte sera intense cette année avec les Wizards et les Hawks et nous allons tout faire pour terminer en tête.
Vous venez de faire un don important à l’université de Marquette (65 000 dollars par an sur trois ans) pour aider la jeunesse de Milwaukee. Est-ce important pour vous de redonner à la communauté ?
C’est quelque chose de très important pour moi. J’ai la chance de ne manquer de rien aujourd’hui et j’en serai éternellement reconnaissant à Marquette. Cette université m’a tout donné et c’est normal d’aider à mon tour les gamins de Milwaukee à recevoir une éducation et se construire une vie meilleure. Marquette aura toujours une place spéciale dans mon coeur et j’espère vraiment que mon geste permettra de faire la différence pour des enfants qui n’auraient sans doute pas eu l’occasion de faire des études.
« Michael Jordan reste une source d’inspiration pour tout le monde »
La ville de Chicago, dont vous êtes originaire, connait une recrudescence en terme de jeunes joueurs de grand talent comme Anthony Davis, Jabari Parker, ou Jahlil Okafor. Comment expliquez-vous cette résurgence ?
Chicago a toujours été une ville de basket. C’est vrai que pendant quelques années, nous n’avons pas forcément eu beaucoup de prospects mais je crois que la génération actuelle va vraiment avoir un impact important sur la NBA. Partout, les jeunes passent leur temps sur les playgrounds et il y a une vraie émulation entre les différents quartiers. J’en parlais justement avec notre assistant-coach Juwan Howard, et il y a une vraie rivalité entre les quartiers ouest et sud. Je suis fier de voir que tant de jeunes joueurs arrivent en NBA et font désormais partie des meilleurs joueurs de la ligue.
Que représente encore aujourd’hui Michael Jordan, qui a inspiré toute une génération de basketteurs à Chicago ?
Il est le plus grand, tout simplement. Pour moi, qui ai grandi avec lui comme modèle, c’est une figure presque mythique. J’avais entre 10 et 15 ans quand les Bulls ont dominé la NBA dans les années 1990 et ce sont des moments que je n’oublierai jamais. Aujourd’hui, même si cela fait plus de quinze ans que son épopée s’est terminée, il est encore une légende dans l’esprit des gamins. Ils ne l’ont peut-être pas vu jouer de leurs propres yeux mais son aura existe toujours à Chicago et je pense que c’est aussi pour cela que nous avons tous ces jeunes qui arrivent. Il reste une source d’inspiration pour tout le monde, moi y compris.
Propos recueillis à Washington.