Depuis la blessure de Nando De Colo à quelques jours de la Coupe du Monde, Vincent Collet et les Bleus souhaitent qu’Evan Fournier prenne le rôle de joker offensif laissé vacant par le futur joueur du CSKA Moscou. Trop indiscipliné en préparation, le jeune joueur du Magic a souvent agacé le sélectionneur.
Mais ce soir, il a relancé les Bleus, en perdition offensive en première mi-temps, avec ses 13 points. Vincent Collet a même comparé sa performance à celle de Nando De Colo, à l’Euro 2011, lorsque le Ch’ti avait maintenu les Bleus à flots face à la Grèce quand ses coéquipiers peinaient en attaque.
Vincent Collet : « C’est un joueur qui doit être coaché »
« J’ai mis deux joueurs en avant dans le vestiaire : Evan Fournier et Thomas Heurtel », confirme Vincent Collet. « Mais j’ai également expliqué qu’Evan, après avoir fait des choses magnifiques pour l’équipe, s’est précipité sur la zone et qu’il aurait pu aider les Croates à se relancer ».
Depuis le début de la compétition, voire de la préparation, Vincent Collet et son staff parlent ainsi beaucoup au joueur d’Orlando. Même en descendant les escaliers qui mènent à la salle d’interview, ce soir, le sélectionneur était en train de lui expliquer des choses.
« Ce qui me plait chez lui, c’est aussi ce qui me déplait parfois. Cette forme de confiance, qui parfois est presque de l’arrogance. Il n’a pas peur, il n’a pas froid aux yeux, il prend ses responsabilités. Et puis il a du ballon. Il est capable de très bien jouer mais c’est un joueur qui doit être coaché. Il est pour l’instant très instable. Cette assurance lui joue parfois des tours ».
Contrôler les risques pour jouer juste
Pour Vincent Collet, le travail est de contrôler l’énergie d’Evan Fournier, comme lorsqu’il prend deux tirs à trois points précipités sur la zone croate alors qu’il avait enchaîné les réussites juste avant.
« Jouer juste », c’est le leitmotiv du sélectionneur et c’est ce qu’il tente d’inculquer à son arrière.
« J’y crois parce que c’est quelqu’un d’intelligent et qui a beaucoup d’envie. Jacques Monclar disait toujours que c’est plus facile de ralentir les énervés que d’accélérer les mous. C’est un peu vrai. Comme c’est un jeune joueur, il doit avancer. Pour réussir au plus haut niveau mondial, il a besoin d’être plus juste ».
La confiance, les risques et l’énergie d’Evan Fournier ont besoin effectivement d’être contrôlés. Mais ils peuvent également s’avérer précieux.
« Ce soir, Evan a été très bon et heureusement qu’il nous a lancés », explique Nicolas Batum. « Il nous a fait une Nando De Colo. Dans ce genre de situation, le seul qui nous sauvait, c’était Nando. Evan n’a pas eu peur et c’était son premier match couperet dans une grande compétition ».
« J’ai essayé de mettre du rythme, c’est mon rôle »
De plus en plus en rythme, Evan Fournier a retrouvé sa confiance perdue et ça se sent.
« Je rate encore mes lancers-francs mais il y a du mieux. Ce soir on gagne grâce à la défense. Il va falloir construire sur ce succès. Je ne sais pas si j’ai trouvé le déclic mais j’ai essayé de mettre du rythme, c’est mon rôle en sortie de banc ».
Et dans ce mélange de culot et d’insouciance qui le caractérise, il ne voyait pas pourquoi on lui demandait si les Bleus n’avaient rien à perdre face à l’Espagne (sans doute) en quart de finale.
« Rien à perdre ? Bah si, si on perd on rentre chez nous… Nous sommes venus pour une médaille et c’est pour ça que le match contre le Brésil fait mal. »
Propos recueillis à Madrid