Si, au début de saison, nous prédisions une belle saison à Washington, nous ne pensions pas les voir figurer aussi bien en playoffs. Avec une victoire au premier tour contre Chicago et deux matchs glanés en demi-finales face à Indiana, les Wizards ont surpris nombre d’observateurs par leur sérieux, leur collectif et la qualité de leur jeu. Cinquièmes de la conférence Est, les hommes de Randy Wittman devront confirmer la saison prochaine. L’intersaison ne s’annonce néanmoins pas évidente pour le front-office.
Le duo Wall-Beal déterminé à revenir en playoffs
Volubile, le jeune back-court de Washington ne s’est pas montré abattu par la défaite contre Indiana, comme l’attestent leurs déclarations d’hier au Washington Post.
« Oui, on est jeunes mais on s’en fout, on est des joueurs de basket avant tout. Nous avons gagné un tour en playoffs et nous savons ce que cela nécessite pour y parvenir, » a déclaré l’arrière sophomore. « Les playoffs sont la raison pour laquelle tu vis. C’est pourquoi je joue et je veux être en mesure d’y être chaque année, » a poursuivi John Wall.
Pour leur première expérience en post-saison, le tandem a impressionné, notamment Bradley Beal. En 11 matchs, l’arrière a compilé 19,2 points à 41% derrière l’arc, 5 rebonds, 4,5 passes et 1,6 interceptions. Finalement éteint par Paul George, le joueur de 20 ans a néanmoins glané le respect de ses pairs et adversaires par sa maturité et sa sérénité. Brillant dans le jeu sans ballon, plein de sang froid, le joueur de deuxième année s’est imposé comme la première arme offensive de son équipe.
Plus discret offensivement, en panne d’adresse (16,3 pts à 36,6% aux shoots), John Wall a néanmoins su aider son équipe par d’autres moyens, notamment en impliquant l’ensemble de ses coéquipiers. Altruiste (7 passes), le meneur All-Star n’a pas trop forcé et a su contrôler le tempo de son équipe. Quand il le fallait, il n’a pas hésité à se montrer volontaire en défense. Plus lucide, plus mature aussi (faut-il voir l’impact de la présence d’Andre Miller ?), John Wall a plu.
Avec seulement 109 matchs en commun, l’association augure d’un avenir brillant. Les deux joueurs sont proches et ont prévu de travailler ensemble tout au long de l’été. Enfin, Bradley Beal pourra encore engranger de l’expérience avec Team USA au mois de juillet. Si les deux joueurs continuent leur progression, les défenses adverses ont du souci à se faire.
« John est mon grand frère et l’alchimie vient vraiment de naitre. Nous jouons tous les deux très vites sur tout le terrain et nous partageons la même envie de gagner. Je pense que cela nous rend spéciaux et nous allons continuer de nous pousser pour gagner à nouveau, » expliqua Bradley Beal.
Que faire avec Marcin Gortat et Trevor Ariza ?
Marcin Gortat sort d’une saison brillante avec 14,5 points (à 54%), 10,4 rebonds et 1,6 contres en 81 matchs. Rares sont les pivots aussi efficaces en NBA et nul doute que le Polonais sera courtisé très cet été. Jusqu’ici rémunéré à hauteur de 7,7 millions de dollars, le pivot s’avérait être un très bon rapport qualité prix pour les Wizards. À 30 ans, le joueur aborde une étape charnière de sa carrière, il peut très certainement prétendre à gagner plus pour ce qui pourrait être son dernier contrat en NBA.
Le staff de Washington sera t-il prêt à dépenser 10 millions pour le pivot ? Il le faudra, à moins qu’il ne préfère se retourner vers un autre intérieur mais ils sont tous au moins aussi chers et à ce stade, il semble plus judicieux de privilégier la continuité. Jusqu’à aujourd’hui, Marcin Gortat a toujours mérité ses contrats. Washington peut le récompenser à juste titre.
Le cas Trevor Ariza est plus épicé. L’ailier a réalisé la meilleure saison de sa carrière (14,4 pts à 40% à trois-points, 6,2 rbds et 1,6 st) pour sa dernière année de contrat avec Washington. À 28 ans, il s’est montré comme un élément moteur de la réussite de son club. Jusqu’ici, lui aussi était un bon rapport-qualité prix (7,7 millions de dollars également) et lui aussi peut prétendre à un contrat légèrement supérieur.
Cependant, tout laisse à penser que Washington ne lui offrira pas un contrat à 10 millions pour la simple et bonne raison qu’avec l’éventuelle resignature de Gortat, un tel contrat porterait la masse salariale à 65 millions de dollars pour seulement six joueurs.
Or, la saison prochaine, la luxury tax démarrera à 77 millions de dollars. De plus, Washington dispose déjà de Martell Webster et Otto Porter. Certes, le premier rend de précieux services mais il est loin d’avoir eu le rendement d’Ariza. Quand au second, il n’a pratiquement pas joué de la saison et doit se renforcer. Cependant, les Wizards ne dépenseront pas une somme équivalente à 20 millions de dollars pour trois joueurs au même poste. S’ils veulent conserver Ariza, il leur faudra ainsi échanger Webster et/ou Porter.
Compte tenu de l’état du marché, trouver un accord raisonnable avec leur ailier titulaire semble être la meilleure solution, à moins que les Wizards ne parviennent à acquérir un Luol Deng.
Comment viser plus haut ?
En NBA, l’équilibre d’une équipe est toujours fragile. C’est pourquoi il parait plus prudent pour Washington de tout faire pour conserver son noyau dur. Pour le reste, si les jeunes (Wall, Beal, Porter) continuent leur progression, l’équipe sera à nouveau sur une très bonne voie. Efficace mais vieillissant, le frontcourt des Wizards pourrait être renforcé par un intérieur plus offensif. Kevin Seraphin stagne et les Wizards pourraient aller voir ailleurs. Si un joueur du calibre de Chris Bosh semble inaccessible, des joueurs de complément tels que Patrick Patterson, Dejuan Blair ou Glen Davis peuvent constituer une bonne alternative.
Une autre solution, périlleuse mais à considérer, pourrait être de transférer Néné. Si le joueur brésilien a produit lui aussi une très belle campagne (14 pts, 6,7 rbds, 3 ass) et s’est montré indispensable contre Chicago, son contrat est lourd pour son club (13 millions par an jusqu’en 2016). À bientôt 33 ans, le déclin est proche et les Wizards pourraient en profiter pour prendre des risques.
En effet, avec un seul second tour de draft cette année, Washington devra forcément en passer par la free-agency ou le marché des transferts. Souvent critiqué, désormais salué, le GM Ernie Grunfeld a un long été devant lui pour permettre à Washington de s’installer durablement dans les ténors de la ligue.