Malgré des grands matches de Damian Lillard (30 pts) et de Nicolas Batum (26 pts, 9 rbds), Portland grille un joker en s’inclinant 121-116 après prolongation dans cette troisième manche. James Harden scoreur (37 pts) mais maladroit (13/35 !) , le salut des Rockets est venu de l’improbable Troy Daniels, un rookie qui a passé toute la saison en D-League, auteur du 3-points décisif à 11 secondes de la sirène.
Comme Chicago, vainqueur à Washington, Houston sauve sa peau en évitant d’être mené 3-0, mais les coéquipiers de Dwight Howard ont encore beaucoup de boulot. Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… En ce temps-là, Scottie Pippen, le Sheed et Arvydas Sabonis étaient à une possession de rejoindre Indiana en finale NBA. Un dernier quart temps cauchemardesque au Staples Center et les corbeaux reprenaient possession des lieux. Depuis ce Game 7 de la finale de conférence 2000, que personne à Rip City ne digèrera sûrement un jour, les Blazers n’ont jamais passé le cap du premier tour des playoffs. Comme si la marche était trop haute pour une franchise engluée dans sa poisse et ses contrats cassés par des corps meurtris. Quatorze ans plus tard, le Moda Center braille et aboie pour chasser la malédiction, et forcément l’engouement populaire sclérose les cannes. La pression s’estompe comme un diesel.
Le plan anti-Aldridge fonctionne
Mais rendons à César ce qui lui appartient, si Houston prend 11 pts d’avance après le premier quart temps, c’est sur l’autel d’un jeu collectif discipliné à défaut d’être imprévisible. Patrick Beverley fait le plein derrière l’arc (3/3), Houston shoote à 52% et se gave de 5 rebonds offensifs. En plaçant Omer Asik dans le cinq, Kevin McHale tente de trouver une solution au casse-tête LaMarcus Aldridge, limité à 2/6 dans le premier quart et 2/8 à la pause. L.A paye le pari tactique du staff texan et malgré Mo Williams et Wes Matthews, Portland pointe à -12 unités après trente secondes dans le deuxième quart. Troy Daniels vient de faire mouche à 7m25, le Moda Center conspue les arbitres et s’agace. L’agressivité de Robin Lopez et Dorell Wright va sonner l’hallali, cornaquée par un duo Lillard-Batum impeccable d’autorité : 21 des 31 pts de Portland dans le deuxième quart temps. Un vent de folie porte Rip City après un 16-0 dans lequel le meneur All Star score 11 pts.
Batman à la rescousse
Les Rockets sont muets pendant cinq minutes, incapables d’ajuster la mire. Il faudra un bon passage de Dwight Howard (8 pts dans le 2e QT) pour que les Texans répliquent à la furia par un 8-0 opportun. Piqué au vif par deux coups de sifflets qu’il conteste véhément, Batman prend les choses en main pour remettre les hôtes devant à l’entracte (55-54). Au drive ou derrière l’arc, l’ailier des Bleus fait le boulot en attaque et peut se targuer d’être pour quelque chose dans le 8/28 des Rockets sur la période. Le Normand reste dans sa zone au retour des vestiaires, quand ses Blazers en ont le plus besoin. Son GM Neil Olshey – avec qui Busa à discuté avant le match, lui demande de désormais sentir quand l’équipe a besoin de ses points ? Batman lui répond avec 7 pts de rang en fin de quart temps, en relais d’un Aldridge réconcilié avec son adresse. En face, Houston joue juste en laissant son trio Chandler-Harden-Howard monopoliser le scoring. Contraint par le small ball décidé par Terry Stotts de défendre sur feu Superman, le Français y va de son stop pour chauffer le chaudron du Rose quarter. Le Beard Man fait redescendre le soufflé avec deux paniers consécutifs, mais Rip City sait qu’en étant trois longueurs derrière après 36 minutes, aucun dé n’est jeté.
Harden-Lillard, à chacun son style
Le 9-2 orchestré par Asik et Harden en moins de deux minutes pour lever le rideau du dernier quart ne décourage la moindre âme qui vive dans le chaudron, qui entonne un « We Are Rip City » a capella. De quoi gonfler la fierté de Mo Williams, l’homme des coups de chaud. L’ancien Clipper enchaîne un 3+1 avec un jump shoot au nez et à la barbe de James Harden pour remettre les Blazers à -5 à 7 minutes d’’un épilogue alors indevinable. Terry Stotts rejoue la carte du Hack a Dwight sur deux possession consécutives, le temps de laisser Lillard rajouter un highlight à sa légende naissante d’un and one d’extra-terrestre en déséquilibre. Batum y va aussi de son drive, plus classieux, pour contraindre Howard au sans faute sur la ligne des lancers, à 2’42. Le pivot en rate un, Portland est à -3. Puis -1 sur deux tirs de réparation de Mo Williams. La panique souffle dans les nuques texanes et évidemment, James Harden fait son James Harden, en forçant le trait en solo. Lillard ne rate pas l’occasion de punir le barbu en lui mettant un drive dans les gencives : 107-106 à l’entame des 120 ultimes secondes. Quand Harden fait son one man show en ayant au moins le mérite de mettre ses quatre lancers, Wes Matthews tente de reprendre le flambeau de Lillard, sans succès. Gêné par Aldridge au drive en contre attaque, Lin redonne malgré lui à Portland une possession pour égaliser. Devinez qui s’en charge à trois points ? Nico Batum, qui bat son record de points en playoffs. C’est tout de même Lillard qui est sommé d’abattre les Fusées mais son jump rebondit sur le cercle : c’est parti pour cinq minutes de plus !
Lin et Daniels sauvent Harden et les Rockets du ridicule
Aldridge et Lillard pensent avoir fait le plus dur lorsqu’ils donnent 4 pts d’avance aux Blazers après deux ratés d’Howard dos au panier. Mais Lin puis Harden remettent les compteurs à égalité. Bizarrement, alors que Houston propose une parodie de basket, se contentant d’isoler Harden – qui a battu un record de franchise pour le nombre de tirs tentés sur un match de playoffs, Portland joue petit bras. Batum, Aldridge et Lillard manquent la cible, laissant Houston croire à sa survie. La hargne de Jeremy Lin, la chance et le sang froid de Troy Daniels éteindront le Moda Center, choqué : sur un ballon perdu par Harden mais que Linsanity a récupéré à terre dans les mains de Mo Williams, le héros inattendu fait filoche à 11 secondes du buzzer. Après une faute d’Howard sur la première remise en jeu des Blazers, Batum relance a priori le même système. Le même vraiment ? Toujours est-il que le Français prend le shoot de l’égalisation derrière l’arc. Il le rate. Les Blazers viennent de laisser passer une énorme occasion d’enterrer les Rockets, qui franchement ne méritent pas de rester la tête en dehors de l’eau, sauvé de l’enfer par un rookie du nom de Troy Daniels.
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