A 31 ans, LeBron James est définitivement entré dans la légende en juin dernier en ramenant un titre NBA à Cleveland. Sa place dans l’histoire du basket est réservée, tout là-haut, aux côtés de Jordan, Jabbar, Magic et les autres. La popularité de « LBJ » est planétaire. Son nom est même une marque. Il est le 3e sportif le mieux payé au monde, derrière Ronaldo et Messi.
Mais qui se cache vraiment derrière l’athlète surpuissant, phénomène médiatique et marketing ? Qui est vraiment « The Chosen One » et comment est-il devenu « The King » ? Pour le savoir, Mondial Basket s’était rendu à Akron, là où il est né, et là où il vit encore…
Akron, une ville de 208 000 habitants
Au lycée déjà, les journalistes affluaient des quatre coins des Etats-Unis pour enquêter sur le phénomène, premier lycéen de l’histoire à faire la Une du plus célèbre magazine sportif US, « Sports Illustrated ». A tel point que son coach de l’époque, Dru Joyce, fut contraint de couvrir les vitres du gymnase avec des draps pour que l’équipe puisse s’entraîner sereinement…
Derrière la superstar mondiale qui parcourt le globe pour promouvoir les produits à son effigie se cache un basketteur au destin hors du commun, au talent à la fois brut et raffiné, immense mais fragile. Un jeune homme simple qui fréquente les mêmes amis depuis son adolescence et qui reste fidèle à une petite bourgade de 208 000 habitants perdue dans le Nord des Etats-Unis. Voici l’histoire d’un surdoué devenu, dans l’adversité d’une vie de gamin des quartiers élevé par une mère célibataire, une véritable légende.
Né dans la même clinique que… Stephen Curry
C’était une veille de réveillon. Le 30 décembre 1984, LeBron Raymone James naît dans une petite ville de l’Ohio. Akron est un bled inconnu de la plupart des Américains, coincé entre l’autoroute, la forêt et des usines dont les cheminées tournent au ralenti. Ici, pas de gratte-ciels. Les immeubles sont anciens, la ville est terne et grise. La vie y est calme, voire ennuyeuse.
« Il n’y a pas grand-chose à faire, expliquent les kids du coin. Pour s’occuper, on va au centre commercial, on fait du sport ou on s’éclate dans les quelques boîtes pour ados. »
C’est là que LeBron va passer toute son enfance et son adolescence, ballotté d’appartement en appartement par une mère célibataire, pauvre et un peu paumée. La superstar planétaire, dont le salaire atteint 30 millions de dollars cette année, habite toujours dans ce trou que beaucoup cherchent à fuir. Il parcourt tous les jours les 40 minutes de route qui séparent Akron de Cleveland pour se rendre à l’entraînement.
« Cette ville est une partie de moi, explique-t-il, elle a fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui. »
On le voit régulièrement faire du shopping en ville ou organiser des événements de promotion. Les habitants d’Akron sont fiers de celui qui, par sa renommée internationale, a permis de placer la ville sur une carte des Etats-Unis et de redonner de l’espoir à ses habitants.
« LeBron est une inspiration pour nous tous, confirme le jeune Chris. Il a montré que même en sortant d’une petite ville comme Akron, on pouvait réussir dans la vie. Et puis ce n’est pas seulement un grand sportif, c’est aussi un homme éduqué. C’est important. Je suis fier de lui, je suis fier qu’il nous représente. »
LeBron aime profondément sa ville natale. Les habitants le lui rendent bien. Ici, tous les kids achètent les fringues à l’effigie du « King » et portent ses chaussures. LeBron est prophète en son pays.
Là où tout a commencé
C’est dans un modeste gymnase, un peu à l’écart de la ville, qu’est née la légende LeBron. Une petite salle aux murs très proches du terrain. A l’entrée, une tribune vétuste accueille le visiteur. Sur les murs, des visages sont peints. Les jeunes qui s’entraînent ici apposent leur signature pour laisser une trace de leur passage. A l’âge de 9 ans, LeBron intègre les Hornets d’Akron, une petite équipe de quartier. C’est son coach de football qui lui conseille de se mettre au basket afin de s’occuper l’hiver, lors de la trêve de la saison de foot. Le fait est peu connu mais James jouait à l’origine au football américain. Dès l’âge de 7 ans, il épate par ses capacités physiques.
« Il était si grand et si rapide qu’on était obligé d’emporter avec nous son certificat de naissance à chaque match. Les parents des équipes adverses et les spectateurs ne voulaient pas nous croire ! », raconte Bruce Kelker, son ancien coach.
Bien que LeBron soit le meilleur lanceur de l’équipe, Kelker refuse de le faire évoluer au poste de quarterback. Afin de profiter au maximum de sa vitesse, James porte le ballon. En tant que running back, il inscrit trois touchdowns par match avec seulement cinq ou six tentatives ! Au-delà de ses qualités athlétiques et de sa taille (il mesurait plus de 1,70 m à 10 ans et il a dunké pour la première fois à 12 ans), c’est la vitesse à laquelle il apprend qui frappe.
« Contrairement aux autres enfants qui répétaient sans cesse les mêmes erreurs, il suffisait d’une fois pour que LeBron comprenne », affirme Bruce Kelker qui voyait déjà le prodige évoluer en NFL. « Il aurait très bien pu faire une carrière pro en football américain. Et je suis sûr que si vous lui aviez mis un club de golf dans les mains, il serait devenu le nouveau Tiger Woods. Il a un don ! », s’enflamme-t-il.
C’est finalement lui qui a poussé LeBron à se mettre au basket en présentant le jeune prodige à Franck Walker. On l’a dit : Kelker souhaitait que James continue à faire du sport pendant l’hiver une fois la saison de football terminée. Le gamin a un talent brut incontestable et des capacités physiques hors du commun.
« C’est comme si on le voyait grandir de jour en jour », exagère son ancien coéquipier Sian Cotton.
Mais ce talent doit encore être façonné, poli dans un cadre familial, stable et accueillant. Frank Walker, son coach au basket, l’accueille dans sa famille pendant plus de trois ans.
« A l’époque, il ratait souvent l’école. Il est venu dormir à la maison lors des vacances de Noël et il n’a plus voulu repartir. On en a discuté avec sa mère et, en accord avec elle, on a décidé qu’il resterait ici. A partir de ce jour, il n’a plus jamais manqué l’école. »
Walker éduque le jeune garçon, sur le terrain de basket comme sur le terrain de la vie.
« Ma femme et moi l’avons toujours considéré comme notre propre fils et traité comme tel. Mais je veux être bien clair : sa mère ne l’a pas abandonné. Elle l’appelait tous les jours, venait à tous les matches. Il était chez elle pendant les week-ends et les vacances. La seule raison pour laquelle il était avec nous, c’était de lui permettre d’aller à l’école plus facilement. »
LeBron est un enfant sans problèmes, un peu timide mais fier de rapporter à la maison un prix donné par sa maîtresse à l’âge de 10 ans.
« Cette récompense scolaire est celle dont il est le plus fier encore aujourd’hui », soutient Franck Walker.
Sur le parquet, son père adoptif lui fait travailler les fondamentaux, inlassablement. Il raconte comment LeBron fondait en larmes.
« Je n’y arrive pas ! », se plaignait ce dernier quand il bossait sur sa main gauche.
Malgré sa grande taille, James évolue au poste de meneur. Et les résultats ne se font pas attendre, même si le tout premier match des Hornets se solde par une cuisante défaite. Se sentant humilié, James se promet de ne plus jamais perdre une rencontre. Il restera invaincu pendant les cinq saisons suivantes ! Son coach lui apprend « à prendre soin de ses coéquipiers, à les impliquer dans le jeu, à ne pas être égoïste. J’étais très dur avec lui, plus qu’avec les autres », confesse Franck. Bien lui en a pris quand on connaît le joueur qu’est devenu son petit protégé. LeBron ne semble pas lui en tenir rigueur : jusqu’à ses 18 ans, il passa Noël chez les Walker.
Dru Joyce, le maître à penser
James a été élevé sans figure paternelle à la maison. Mais il a toujours entretenu une relation très particulière avec Dru Joyce. C’est à son entrée au 5th grade (l’équivalent du CM2) qu’ils se sont rencontrés pour la première fois. A cette époque, Joyce est l’entraîneur de l’équipe de son fils, Dru Jr. Après la défection de plusieurs de ses joueurs, il convainc James, coaché par son ami Franck Walker, de le rejoindre chez les Fighting Irish. LeBron rencontre ainsi Dru Jr et Sian Cotton, avec lequel il devient très rapidement ami. Faute de terrain pour s’entraîner, Coach Joyce est contraint de demander de l’aide à l’Armée du salut, qui accepte de mettre à disposition sa salle de basket. C’est le début d’une belle histoire qui s’écrira quelques années plus tard, mais surtout d’une relation humaine extrêmement forte entre LeBron James et Dru Joyce, une sorte de relation père-fils. Le second l’a notamment coaché dans des équipes de travel leagues, des championnats hors système scolaire ayant lieu l’été. Dru Joyce se retrouve à la tête de l’équipe du lycée St. Vincent-St. Mary lors des deux dernières années de LeBron. Joyce est un homme calme, posé, réfléchi. Un local qui a délaissé le monde de l’entreprise pour devenir entraîneur de basket. Un métier auquel il ne connaissait rien.
C’est dans les livres que cet autodidacte apprend comment diriger un entraînement. Très pieux, il fait prier ses joueurs avant de rentrer sur le terrain. Sa relation avec « le King » est restée très forte. Il est considéré comme son entraîneur historique, le père que LeBron n’a jamais eu. Il le ramenait chez lui chaque soir après l’entraînement. Aujourd’hui encore, il reste un conseiller privilégié. Joyce a accompagné LeBron à travers le monde lors de sa tournée de promotion du documentaire « More than a game » l’été dernier. En dehors de la saison NBA, le « King » continue à s’entraîner avec lui. Son crédo est simple.
« Il faut apprendre aux gamins à jouer, la victoire viendra toute seule », martèle le technicien.
Ensemble, Joyce et James termineront 9es du championnat national des 11 ans et moins. Surtout, ils seront champions des Etats-Unis avec le lycée St. Vincent-St. Mary dont Joyce est l’entraîneur emblématique. Il a d’ailleurs remporté son deuxième championnat d’Etat la saison dernière avec les Fighting Irish. C’est lui qui aura véritablement révélé le phénomène James. Sous sa direction, « The Chosen One » explose. A 12 ans, le jeune prodige comprend qu’il a un don pour le basket. Jusqu’à présent, il était plus concentré sur le football. Lors de son entrée en highschool, il décide de mettre toute son énergie et sa persévérance au service de la balle orange. Dru Joyce est celui qui lui donnera les qualités techniques et humaines pour réaliser ses rêves.
LeBron, le pitre de la bande
Au fil des saisons, LeBron va rencontrer ceux qui deviendront, une fois entrés au lycée, ses coéquipiers et ses meilleurs amis (ci-dessous, le Swenson’s où ils se retrouvaient). Une bande de copains « inséparables pour la vie » précise Sian Cotton, l’un d’entre eux. Il y a Dru Jr, le fils de Dru Joyce. Complexé par sa petite taille, Dru Jr est un monstre de persévérance. Il jouait la saison dernière en Pologne après avoir été le tireur d’élite du club allemand d’Ulm. A St. Vincent-St. Mary, il côtoie Roméo Travis, le plus solitaire du groupe, du genre écorché vif, qui explique avoir commencé à jouer au basket parce que ça lui permettait de « sortir avec des filles »… Sian Cotton n’est pas le plus doué de la bande question basket. L’an passé, il jouait au football américain pour une université de l’Ohio. Willie McGee était le plus discret, « l’observateur un peu en retrait » comme il se décrit lui-même. C’est le seul à avoir poursuivi des études longues à l’université. Il est professeur assistant et prépare une thèse. Enfin, il y a le sieur LeBron.
Willie McGee le décrit comme l’élément « le plus mature du groupe et définitivement pas le plus bête. C’était un blagueur, un beau parleur toujours prêt à lancer des vannes dans les vestiaires. Coach Joyce devait même lui dire : « Laisse tes coéquipiers se concentrer ! » »
Au lycée, James est le mec sympa et drôle, celui avec qui tout le monde veut devenir pote.
« Pourtant, nuance Willie, ce n’était pas le plus sociable d’entre nous. Ce n’est pas lui non plus qui sortait le plus. C’était plutôt Sian. En fait, LeBron était le plus sérieux de nous. »
Les cinq amis aiment se retrouver après les matches pour déguster un burger dans un snack du centre-ville d’Akron. Six ans après, il paraît que Swenson’s reste l’une de leurs adresses préférées.
« LeBron est resté le même, confie son ancien coéquipier. Bien sûr, il est très occupé et pense plus au business qu’avant. Mais c’était et c’est toujours une bonne personne, quelqu’un de très drôle et d’abordable. C’est un bon père et un ami génial. Il s’intéresse aux gens et essaie de prendre soin d’eux. »
Difficile de quantifier la part d’exagération et la part de sincérité dans ces déclarations idylliques. Une chose est sûre : « LBJ », le multimillionnaire idôlatré par la planète entière, continue à passer tous ses étés auprès de ses quatre potes de toujours.
Un bourreau de travail
LeBron a un don. Physique et athlétique d’une part. Mais aussi dans la vitesse d’apprentissage et la compréhension du jeu, selon ses entraîneurs successifs. C’est avant tout grâce à un travail acharné qu’il est devenu le « King ». James s’entraîne constamment. Même l’été, quand il est censé se reposer et profiter de ses vacances. Tous les jours, il va à la musculation et s’inflige de longues séances de shoots avec ses anciens coéquipiers de lycée.
« C’est quelqu’un qui s’entraîne dur pour être le meilleur. Rien ne lui a été donné, il a travaillé dur pour arriver là où il est aujourd’hui et il continue à bosser comme un forcené », explique son ami Willie McGee (ci-dessous).
L’attitude de « l’Elu » rejaillit sur ceux qui le côtoient tous les jours.
« Il est le premier à m’avoir montré ce que c’était de travailler avec âpreté », explique Sian Cotton.
« C’est quelqu’un de très exigeant », ajoute Jason Petrie qui dessine et conçoit les chaussures de James pour la firme au swoosh. « Il a ses idées, ses envies, ses opinions, il sait exactement ce qu’il veut et ce qu’il attend de nous. »
Cette éthique de travail est symbolisée par un lieu particulièrement important pour LeBron. Un petit gymnase perdu au milieu des bois, à l’écart d’Akron, longé par un stade de foot. L’Ed Davis Community Center ne paie pas de mine. L’aspect extérieur du bâtiment empêche de croire qu’une superstar du basket s’y entraîne sans relâche. Sur le côté, on aperçoit quelques balançoires sur lesquelles des kids discutent. On imagine LeBron et ses copains y traînant avant un entraînement. L’entrée se situe sur la gauche de la salle.
L’intérieur est très rustique. Les robinets d’eau des toilettes, dévissés, fonctionnent à peine. Le terrain de basket est au bout du couloir, après le bureau du gardien et une vieille fontaine à eau. Le parquet est en bon état mais le terrain est petit. L’arc des 3 points se confond avec la ligne de touche. On imagine vraiment mal « LBJ », habitué au confort de la NBA, s’entraîner là. Et pourtant, c’est ici qu’il travaillait son jeu et son shoot l’été. Aujourd’hui encore, il continue de s’y rendre. Avec toujours la même obsession.
« Je peux encore améliorer tous les aspects de mon jeu : la défense, le shoot, les déplacements, etc. Je fais énormément d’autocritique. Je n’ai aucun problème pour regarder mes matches et juger ce qui ne va pas. Je fais tout pour amener mon jeu à un niveau supérieur. Je ne peux pas m’endormir sur mes lauriers. On peut toujours s’améliorer. »
Un discours qui rappelle celui de son idole, Michael Jordan, et qu’il reprend à longueur de journées. Au point de passer pour un « workaholic » comme disent les Américains. Un obsédé du travail, éternel insatisfait, qui fait passer sa carrière avant toute autre considération.
« Il sait aussi s’amuser, sortir avec ses potes et prendre du bon temps », nuance son ami Willie. « Pour lui, ses enfants sont tout. Il prend beaucoup de temps pour sa famille. »
L’apothéose au lycée
« Tout a commencé dans cette rue. »
Les mots de LeBron résument parfaitement l’importance, dans sa vie, des quatre années passées au lycée. Elles font indéniablement partie des plus belles de sa vie et ont véritablement lancé la carrière du prodige. Elles consacreront son amitié avec ses coéquipiers ainsi que sa relation particulière avec Dru Joyce. C’est une histoire singulière qui s’est jouée derrière les murs de briques rouges du lycée St. Vincent-St. Mary, construit à côté d’une église, tout au bout de Maple Street.
Le visiteur est accueilli par une inscription, « Share the vision » (Partagez la vision). La chapelle mitoyenne, avec la cafétéria, ne laisse aucune place au doute : nous sommes dans une école catholique. Où l’on ressent, à chacun de ses pas, le poids de l’histoire, rappelée dès l’entrée par une armoire remplie de trophées et de photos de LeBron James. Le gymnase jouxte la cafétéria. Le parquet est de bonne facture mais les tribunes sont petites. Pas assez grandes en tout cas pour accueillir les centaines de personnes qui se bousculaient afin de voir évoluer le phénomène. A tel point que les Fighting Irish étaient contraints de disputer leurs plus gros matches dans la salle de l’université.
Sur les murs du gymnase sont accrochées les bannières illustrant le passé glorieux de « SVSM ». Tout en haut, on peut y lire « Men’s Basketball : USA Today national champions 2003 ». L’année du sacre national pour LeBron et ses coéquipiers, devenus de véritables stars, scrutées et surveillées par les journalistes de tout le pays. Une consécration arrachée à la force du poignet, par un travail de tous les instants et une unité indéfectible à l’intérieur du groupe. Malgré quelques prises de becs, les cinq potes restent inséparables. C’est ce qui fera leur force.
On ressent clairement cette atmosphère solennelle, faite d’union et de détermination autour d’un même rêve lorsqu’on pénètre dans les vestiaires, intégralement peints en vert et or, les couleurs des Fighting Irish. En face de l’entrée s’étale un grand tableau blanc où Dru Joyce continue de donner ses consignes avant les matches. Un wall of fame se dresse fièrement à la droite du tableau. Les dédicaces laissées par les joueurs de l’équipe après le titre de 2003 sont restées intactes.
A gauche du tableau, juste avant le couloir qui mène au terrain, trône une plaque où sont inscrits les mots clés du succès de St. Vincent-St. Mary : « Humilité, passion, dévouement »… Les joueurs avaient pour habitude, après la prière d’avant-match et juste avant d’entrer sur le terrain, de poser la main dessus afin de s’imprégner des valeurs qu’elle prône. LeBron explose à l’époque comme meilleur marqueur et meilleur joueur de son équipe. Il assume, surtout, son statut de leader.
« Il avait une influence positive sur nous, il essayait de toujours faire les choses bien et de ne jamais échouer », raconte son ancien coéquipier Willie McGee.
Le n°23 est au centre de toutes les discussions. Les gens parcourent de longues distances pour le voir jouer. James devient le premier athlète lycéen de l’histoire à faire la Une de « Sports Illustrated » avec, en grosses lettres blanches, « The Chosen One ». Des journalistes parlent de lui comme du meilleur basketteur lycéen de l’histoire.
« Des filles nous attendaient à notre hôtel après les matches, confie Sian Cotton. LeBron était sans cesse surveillé par les médias. Il a toujours été un bon élève. Il savait qu’on lui tomberait dessus s’il avait de mauvaises notes. »
Ce statut de vedette et cet engouement médiatique auraient pu faire tourner la tête de joueurs aussi jeunes. Dru Joyce, simple assistant lors des deux premières années de lycée de LeBron James et de ses copains, ferme les entraînements au public, parents et reporters, pour pouvoir travailler dans le calme. Les scouts universitaires et recruteurs NBA affluent auprès de Gloria James, la mère de LeBron. Les polémiques enflent. On accuse le lycéen d’avoir accepté des cadeaux offerts par des recruteurs, ce qui est strictement interdit. LeBron est même suspendu pour une rencontre. Mais cette folie n’altèrera jamais les liens entre les joueurs de l’équipe. Elle ne parviendra pas non plus à faire dévier le n°23 de sa trajectoire. Il intègre la NBA immédiatement après le lycée. En mai 2004, il est élu Rookie of the year. Cette success story a inspiré toute une ville. On aperçoit souvent les gamins d’Akron utiliser la butte qui sépare le lycée et le terrain de foot pour s’entraîner à la course. Ici, LeBron est plus qu’un joueur de basket. C’est une icône.
La saison ou jamais
Force est de reconnaître que, comme tous les sportifs d’exception, James a une histoire singulière, à la fois riche, mouvementée et fascinante. De son enfance troublée, ballottée de maison en maison et de foyer en foyer, il a tiré une maturité qui étonne. Et un besoin irrépressible de revanche. LeBron James a fait un rêve et s’est donné les moyens de le réaliser, au prix de longues heures de travail acharné, avec une confiance indéfectible. Mais ce sont surtout les rencontres qu’il a faites durant sa jeunesse qui l’ont marqué. Une amitié presque fusionnelle avec ses potes de toujours, couronnée par un titre de meilleure équipe de lycée du pays, et des mentors comme Franck Walker et Dru Joyce lui ont donné les armes et l’affection dont il avait besoin pour atteindre les sommets. La suite, on l’a connaît : trois titres NBA, quatre titres de MVP, deux médailles d’or olympique…
Après une escapade à Miami, il a prouvé son attachement à Cleveland et à l’Ohio en revenant chez lui. Son « I’m Coming Home » a redonné le sourire à la ville et ses habitants, et l’économie reprend petit à petit…
« Sans LeBron et l’équipe de football des Browns, ce serait une ville fantôme », soulignait, sombre, un chauffeur de taxi il y a quelques années.
La ville est en proie à de graves difficultés économiques liées à la crise de l’industrie du pneu. C’est le sport qui fait espérer et prospérer, autant que possible, la cité. LeBron James est ici chez lui, et en ramenant un titre à Cleveland, il a prouvé qu’il méritait ce surnom de « L’Elu ».
LE DOCUMENTAIRE MORE THAN A GAME
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