Ils étaient une petite quinzaine à l’attendre, prêts à dégainer enregistreurs, stylos et minettes. Pour son premier affrontement contre son ancienne équipe au Staples Center, Mike Brown constituait la principale attraction d’une soirée dénuée d’adrénaline. Viré par Jim Buss et Mitch Kupchak après cinq matches, l’ex COY de retour dans son bercail de l’Ohio ne rumine aucune rancœur. Obséquieux et souriant, comme à son habitude, le bonhomme Mike a tourné la page. Chez lui, le verre est toujours à moitié plein, donc pas la peine de titiller sa fierté pour le faire baver sur son ex-employeur. Le mariage morganatique n’a pas duré, il le regrette mais ne comptez pas sur lui pour épancher une rancune.
« J’ai passé des bons moments ici, même si ça a été plus bref que je ne l’aurais voulu. Mon fils a terminé son lycée ici, on a gardé des amis avec qui nous sommes encore en contact. C’est un business et je respecte les décisions des dirigeants. Il faudra demander à la famille Buss pourquoi je n’ai pas eu plus de temps, mais je suis déjà très heureux d’avoir eu l’opportunité de coacher cette équipe », a confié le finaliste NBA 2007, qui pour l’instant peine à tirer la quintessence de son effectif.
« J’aurais aimé avoir plus de temps aux Lakers »
De son passage sur le banc angelino, Mike Brown préfère ne garder que les bons souvenirs. Sur son successeur, il n’a aucun mot de travers. Il lui reconnait même un point commun.
« J’aurais aimé avoir plus de temps comme Mike aurait aimé en avoir à New York et comme il en aura besoin maintenant pour mettre les choses en place aux Lakers. C’est un super coach, il va réussir à installer une équipe compétitive mais pour ça il a besoin de stabilité. Les Lakers traversent une grosse période de transition, et accumulent les blessés. C’est la même chanson pour tous les coaches dans cette ligue, on veut tous du temps. Il en faut pour construire une équipe qui gagne, surtout quand il y a des nouveaux joueurs. Regardez Miami, ils n’ont pas gagné la première année. C’est comme ça, quand tu changes une équipe il faut du temps. »
Interrogé également sur Andrew Bynum, l’autre sujet délicat, l’affable Mike ne déroge pas à sa règle.
« Je n’ai eu aucun problème avec Andrew aux Lakers et je n’en ai eu aucun avec lui à Cleveland. Ceux qui parlent de problèmes de comportement ne disent pas la vérité, en tout cas pas la mienne. Bien sûr que j’ai eu des désaccords avec lui quand il était à L.A, mais j’en ai eu aussi avec Kobe. C’est normal. J’aime quand un joueur me défie, ça veut dire qu’il est concerné et ça fait partie de mon boulot. »
D’où est donc venu le problème avec l’ancien pivot All Star ?
« Andrew a bossé comme un dératé pour revenir en forme et être capable de rejouer après un an d’inactivité. Mais il avait encore mal, il ne jouait pas en pleine possession de ses moyens et mentalement c’est difficile à accepter. Quand tu fournis autant d’efforts et que tu joues avec la douleur, c’est compliqué de l’accepter », répond Mike Brown.
L’attaché de presse des Cavs met fin à la confession. Aucun fiel de déversé, comme d’habitude. À défaut d’un palmarès, Mike Brown peut se targuer d’une classe, pas toujours contagieuse.
Propos recueillis à Los Angeles