La légende raconte, qu’en 1983, lors d’une tournée de North Carolina en Grèce, Nick Galis avait planté 50 points sur la tête de Michael Jordan. « J’avais marqué beaucoup de points, mais je ne me souviens plus des détails » expliquera-t-il en mai 2013 alors que Salonique lui rendait hommage. « Vous savez, on changeait beaucoup en défense… »
Il n’en demeure pas moins que Galis finira meilleur marqueur du tournoi, et que Jordan en sera élu MVP. « Je ne m’attendais pas à rencontrer un joueur aussi fort en attaque, surtout en Grèce » réagira Jordan après leur duel.
Quarante ans plus tard, Jordan est considéré comme le meilleur joueur de tous les temps, et Galis est son égal dans le coeur des Grecs, peut-être même le plus grand sportif de l’histoire de la Grèce, et ce soir, la Fédération profite de la venue de la Slovénie de Luka Doncic pour lui rendre hommage. Sur le plan européen, il reste encore aujourd’hui le meilleur marqueur de l’histoire du championnat d’Europe avec une hallucinante moyenne de 32 points
Pourtant, Galis n’est pas né en Grèce. Fils d’immigrés grecs, il naît en 1957 dans le New Jersey, et ne posera le pied en Grèce qu’en 1979. Avant cela, cet arrière-scoreur de 1m85 fait des ravages dans les lycées américains, puis à Seton Hall. Au point de finir 3e meilleur marqueur de la NCAA lors de son année sénior. Devant lui, un certain Larry Bird…
Les deux hommes sont d’ailleurs draftés la même année, par Boston. Sauf que Galis ne jouera jamais en NBA… Les Celtics qui l’avaient sélectionné au 4e tour de la draft ne lui proposent pas de contrat, et Galis se tourne alors vers le pays de ses parents, la Grèce.
Drafté par les Celtics la même année que Larry Bird
Il arrive en 1979 à l’Aris Salonique, un club qu’il va complètement transformer au point d’en faire l’un des meilleurs d’Europe (8 titres de champions, et 3 Final Four). Formidable attaquant, Galis défiait les géants par sa technique et son agressivité. C’est bien simple, aucun défenseur n’est parvenu à le freiner, et les clubs français s’arrachaient les cheveux face à lui. Devant leur écran ou dans les tribunes, les supporters des adversaires de l’Aris le détestent, comme peut-être aucun autre joueur à l’époque.
Pourtant, Galis n’était pas bien grand, n’avait pas forcément de grosses qualités athlétiques, mais sa technique et son adresse lui permettaient de passer outre les contres, et de récolter une dizaine de fautes par match. Et ça, çà agaçait…
« J’avais le sentiment que si Galis avait décidé de marquer, il marquait » confiera un jour Arvydas Sabonis, autre légende du basket des années 80-90.
Pour donner une idée du niveau de Galis, il suffit de jeter un oeil à ce tableau avec ses moyennes de points en carrière :
Compétition | Matches | Points | Moyenne |
Championnat | |||
Coupe de Grèce | |||
Coupe d’Europe | |||
Equipe nationale | |||
Totaux |
(via Wikipedia)
C’est bien simple, sous les couleurs de l’Aris, Galis va toujours tourner à 30 points et plus, de 1979 à 1992. Oui, à 35 ans, Galis tournait encore à 32 points de moyenne dans l’un des championnats les plus relevés d’Europe.
Champion d’Europe en scorant 40 points en finale
En fait, sa moyenne chutera lorsqu’il rejoindra le Pana pour les trois dernières saisons de sa carrière. Les larmes aux yeux lorsqu’il quitte l’Aris (le club souhaitait qu’il devienne entraîneur…), Galis devient à 35 ans le joueur grec le mieux payé de l’histoire (1 million de dollars par an). A Athènes, il marquera moins, ne gagnera toujours pas l’Euroligue, mais prouvera qu’il n’était pas qu’un simple scoreur en finissant meilleur passeur de l’Euroligue.
Si Galis n’est donc jamais parvenu à remporter une Coupe d’Europe, en revanche, il réussira l’exploit de placer la Grèce au sommet de l’Europe. Ce sera en 1987, sur ses terres, dans un Euro disputé dans une ambiance hallucinante.
Nick Galis arrête sa carrière sur un coup de tête
Avec ses 37 pts de moyenne sur la compétition, Galis enchaîne exploit sur exploit, et il gardera le meilleur pour la fin en plantant 40 points à l’URSS pour une victoire 103-101 face aux vice-champions du Monde. A ses côtés, comme à l’Aris, le précieux Giannakis, devenu ensuite une légende du coaching. Deux ans plus tard, les deux compères ramèneront une médaille d’argent de Yougoslavie, largement battus en finale par la bande à Drazen Petrovic. Le regretté « Mozart du basket » aura d’ailleurs ce bon mot à propos de son adversaire : « Si je suis le fils du diable, Galis est le diable lui-même ».
Aujourd’hui âgé de 66 ans, et intronisé au Hall Of Fame en 2017, Nick Galis reste une légende vivante en Grèce, et sa fin de carrière en dit long sur le caractère du bonhomme. Alors que son coach au Pana (et en sélection l’année du titre européen) le scotche sur le banc pendant une mi-temps en début de saison, Galis le chope à la pause, et lui demande des explications.
A part, Politis lui explique alors qu’il profite de ce match face à un mal classé pour faire jouer les jeunes, et que si Galis ne l’accepte pas, il peut rester dans le vestiaire pendant la deuxième mi-temps. Galis a alors fait son sac, et n’a plus jamais rejoué au basket. « Certains ont pris ça pour un caprice de ma part, mais ça m’a rendu fou. Donc je suis parti. »
Visuel : Greek USA Reporter