Depuis dimanche dernier, Jacques Monclar est à Miami avec les équipes de BeIN Sport pour commenter la Finale NBA entre Miami et San Antonio.
Avant le début des hostilités demain soir à 3h, heure française, « The Voice » a accepté de parler de cette finale et d’en dévoiler les clés. De Parker à James en passant par Bosh et Duncan, avec en prime, un petit pronostic pour finir, le meilleur consultant omnisports fait le point sur le sommet de la saison.
Avant d’évoquer la grande finale, quel est votre sentiment sur les playoffs version 2013 ? Pas trop déçu à cause des nombreuses blessures ?
Non, pas vraiment. On a eu une équipe de Golden State absolument magnifique, qui a largement remplacé ce qu’aurait pu faire Denver. Ensuite, la résistance de Boston au premier tour contre New York a été belle. Chicago a été super en allant prendre le premier match à Miami. Les blessures font partie du jeu. Il manquait Kobe Bryant ? Ça n’aurait pas changé grand chose. Russell Westbrook ? Oui, mais est-ce que les Spurs n’étaient pas de toute façon plus forts…
Miami – San Antonio, c’est la finale de rêve de la saison 2012-2013 ?
Une deuxième finale Miami – Oklahoma City aurait été sympa aussi. Maintenant, pour nous, sans vouloir prêcher pour ma paroisse (BeIN Sport), c’est une finale de rêve. En plus, elles n’ont « pas joué » l’une contre l’autre cette année. Ça a été deux faux matches, donc nous n’avons pas de repères.
« Tony génère 50 points par match, c’est énorme »
Pour planter le décor, on peut déjà annoncer que Miami et San Antonio sont deux équipes totalement différentes ?
Clairement, c’est une opposition de style, un croisement de genre. À San Antonio, il y a une académie de jeu avec deux gros leaders, Tony Parker et Tim Duncan, car Manu Ginobili est plus dans le registre du sixième homme maintenant. Les rôles sont établis et doublés, avec l’émergence de Kawhi Leonard et Danny Green, très bons en playoffs. On peut aussi parler de Tiago Splitter ou du rôle de facilitateur de Boris Diaw. Miami est plus dans l’attente de son collectif. Ils attendent un meilleur rendement de Shane Battier, de Mike Miller, de Chris Bosh, comme l’an dernier.
Avec son collectif mieux en place, les Spurs ont-ils un réservoir de joueurs plus important que Miami ?
Attention, les shooteurs de Miami, Ray Allen et Battier notamment peuvent surgir à n’importe quel moment. Mario Chalmers aussi. Noris Cole a le profil pour gêner Tony Parker. Sur une série, tout peut se passer. Mais effectivement, Battier est moins bon, Allen aussi, Miller inexistant, il n’y a que Chalmers qui met le nez à la fenêtre et Cole qui a montré des choses mais baisse un peu depuis.
Miami va donc proposer un ticket Chalmers – Cole pour stopper Tony. Suffisant pour contenir un Parker aussi fort ?
En attaque oui, car les deux peuvent mettre des paniers. Maintenant, Chalmers n’a pas le volume pour l’arrêter. Il y a en un paquet qui ont essayé : on lui a mis des grands, des petits et rien n’y fait. Il est dur à prendre en ce moment car il est en phase avec son shoot extérieur, en plus d’être excellent en pénétration, il devient compliqué à jouer. Contre Memphis, il fait 24.5 points et 9.5 passes, ça fait donc environ 50 points apportés à l’équipe par un seul joueur. C’est énorme.
« Défendre sur James, c’est envoyer les joueurs à l’abattoir »
Si les Spurs ont Parker, Miami a LeBron James. Comment San Antonio va s’adapter au MVP de la saison ?
En envoyant les joueurs à l’abattoir. Ils vont se relayer, mettre des grands, des petits… Il peut jouer quatre postes, c’est un homme orchestre, un couteau suisse. Il est physiquement terrible, techniquement presque parfait. Il faut lui rendre les choses compliquées. Essayer de baisser son pourcentage. Car les Spurs n’ont pas un joueur comme Paul George. Le seul physiquement qui peut faire face c’est Boris Diaw. Mais je ne suis pas sûr qu’il a la vitesse pour défendre sur LeBron.
Que pensez-vous des playoffs assez décevants de Dwyane Wade ? Pourra-t-il retrouver un peu de son niveau de jeu pour la finale ?
C’est un joueur qui a mal au genou. J’adore Wade mais j’ai toujours dit qu’il n’allait pas jouer très longtemps. Il peut le faire, maintenant c’est pas certain. S’il arrive à mettre des shoots extérieurs, ça ira, sinon, il sera trop prévisible en pénétration. Alors qu’avant, paniers extérieurs ou non, il faisait la différence en pénétration.
Après James et Wade, passons à Bosh. Face à Tim Duncan, il va devoir être à son maximum. Doit-il adopter une tactique de contact à l’intérieur ou plutôt rester au large pour shooter de loin ?
La clé de la série pour Miami elle est là pour moi. Bosh n’a jamais été un joueur de poste bas, malgré sa main gauche. Les joueurs jouent avec leurs points forts, et celui de Bosh, c’est le petit périmètre. On se souvient du panier à 3-pts de la gagne à San Antonio. Pour gêner Duncan, Udonis Haslem et Chris Andersen ont le profil. Offensivement, Bosh est une clé pour le jeu d’Erik Spoelstra.
« L’adresse extérieure est la clé »
Quelle est la clé de la série ? L’élément déterminant de cette finale ?
L’adresse extérieure du Heat. Globalement l’adresse extérieure des deux équipes. Car les Spurs avec l’académie de jeu, toutes ces passes après des pénétrations, s’ils trouvent de l’adresse, ça va être compliqué pour Miami. Avec des équipes de ce niveau, il faut payer quelque part. S’il y a prise à deux sur James, il faut prier pour qu’Allen ne soit pas adroit. Pareil pour Duncan avec Leonard ou Green. Ça va se jouer sur pas grand chose, mais attention car pas grand chose, ça peut aussi donner un sweep. San Antonio, contre Memphis, gagne 2 matches sur 3 pas par miracle mais pas loin. Et ça termine en coup de balai.
Un coup de balai qui offre à Duncan et Gregg Popovich une 5ème finale depuis 1999.
Ce qu’a fait Gregg Popovich avec Tim Duncan depuis 15 ans, c’est immense. Tony fait partie de cette aventure. Quand on aime le basket, on ne peut pas ne pas respecter ce que font les Spurs. C’est une équipe qui est là depuis 15 ans, qui avait un jeu rébarbatif où seuls Ginobili et Tony apportaient un peu de show. Aujourd’hui, quand tout va bien, c’est un régal de les voir jouer.
Pour terminer, un petit pronostic ?
Le momentum est en faveur de San Antonio mais l’avantage du terrain est pour Miami. Je vais partir sur un prono du cœur avec San Antonio car il y a nos Français là-bas. En France, être en finale NBA, c’est devenu banal. Il faudrait que Tony soit champion avec 45 points de moyenne pour que les gens se rendent compte de tout ça. Mais j’adore le Heat aussi.
Propos recueillis par Jonathan Demay