Il y a donc une vie sans Kobe, bloqué sur son lit d’hôpital pour regarder le match. Elle est moins facile mais elle possède aussi ses joies, comme celles de vaincre sur l’autel défensif (91-86), l’une des meilleures attaques du pays. Sans leur leader, les Lakers de Dwight Howard (26 pts, 17 rbds) et du facteur X Steve Blake (23 pts) ont affiché une volonté et une envie défensives trop rares cette saison. Maladroits comme c’est pas permis et handicapé par le soir sans de Tony Parker (1/10 et 4 pts), San Antonio bute sur l’inattendu verrou angeleno. L.A hume les playoffs mais il faudra encore gagner les deux derniers matches… ou compter sur un simple revers de Utah.
« Cette équipe est pleine de vie. Sans Kobe, elle peut se libérer et tous ces talents peuvent éclore complètement. »
Franchement sur le coup, quand un vieux de la vieille nous livre son analyse inattendue dans l’intimité du vestiaire angeleno avant le match, on est tenté de se dire « et pourquoi pas ». On s’imagine Pau Gasol à nouveau en triple-double, Dwight en Superman, Jamison en All Star, Metta en chien de garde au drive retrouvé, Jodie Meeks en gâchette de sortie d’écran. Et si… Et si sans Kobe les Lakers pouvaient vivre et même convaincre ? Après tout, ils l’ont fait contre Indiana.
Les Lakers savent défendre !
Après deux minutes en seconde période (49-43), le parquet livre ses premières vérités. L’utopie reste à sa place mais l’espoir joue des coudes : soudain, le conditionnel ne semble plus tiré par les cheveux. Mike D’Antoni incapable de s’adapter aux circonstances ? Gasol et Howard ont cumulé 18 tirs tentés en première mi-temps, du jamais-vu cette saison. A deux briques près le Catalan reconstruisait la Sagrada Familia (1/10) mais ses 10 prises stigmatisent le pilonnage jaune et blanc dans la raquette. Idem pour les 12 pts et 9 rbds d’un Dwight Howard redevenu go-to-guy. Sans adresse (35,6% et 4/13 à trois points), les orphelins du Mamba tordent le coup à une autre inquiétude en en confirmant une autre : oui, sans l’âme et l’ADN de son capitaine ils rament offensivement, mais peuvent aussi défendre comme des damnés.
Tony Parker transparent
Meilleure formation de la ligue à la passe, San Antonio a trouvé le moyen de mettre ses 15 paniers sur 14 assists. Mais les 28 shoots ratés en disent long sur la gnac des cannes angelenos. Brillant face aux Kings pour son retour, Tony Parker prend la claque inattendue en pleine tronche (0/5) et sans duo Splitter-Duncan, les Spurs ne seraient pas rentrés aux vestiaires à égalité après 24 minutes brouillonnes. Le buzzer beater de Gary Neal aura beau annuler le poignet en feu de Steve Blake (18 pts à la mi-temps et 4/5 derrière l’arc), c’est bien sur les épaules de sa paire de grands que les Eperons gardent le cap malgré un horrible 6/24 dans le deuxième quart-temps.
Howard et Blake compensent Kobe
La copie offensive des Spurs ne s’améliore pas dans un troisième quart-temps digne d’une joute de Finale Four de l’Euroligue. Le cercle se refuse toujours autant aux Lakers – où Darius Morris frôle le ridicule à trois reprises sur des choix et des shoots indignes de son temps de jeu – mais les Texans sont méconnaissables (7/23 dans le troisième quart-temps). Ils ne sont pas dedans, c’est aussi simple que ça. Gregg Popovich est contraint au « Hack a Dwight » dans les deux dernières minutes pour arracher une égalité (61-61) façon col bleu, après 36 minutes de souffrance. En face, L.A n’a pourtant rentré que 5 de ses 21 tentatives.
Dans ce désert de magnificence offensive, les trois tirs primés d’Antawn Jamison en début de quatrième quart-temps soulèvent un Staples solidaire mais sevré. Matt Bonner et Danny Green tentent de remettre de l’ordre dans la maison Spurs, ce scénario là sent la poudre. Avant le sang, l’exaltation et Jodie Meeks à 7m23 puis Ron-Ron en transition sur offrent un avantage mérité de 9 points, à cinq minutes du terme. Parker sur le banc, Duncan monopolise la gonfle et enfile deux paniers de rang avant que Dwight ne lui réponde d’un presque spin move acrobatique. D’Antoni a choisi de donner les clefs à Howard (26 pts, 17 rbds). Logique d’abord, justifié ensuite sur un bien senti 2/2 aux lancers (88-81) de Mr sourire.
C’est lui aussi sur la ligne de réparation que Steve Blake annule le « and one » de Timmy avant que Gary Neal ne manque le filoche sine qua non après un dunk manqué de World Peace. Les Spurs auront encore deux tirs pour revenir à -1, sans succès. La soirée était pourrie jusqu’au bout. Pour L.A elle est plus que belle, elle est presque exceptionnelle. Mais au moindre faux pas, c’est Utah qui ira en playoffs…
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