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Société : John Amaechi, une vérité qui dérange

john-amaechi-gay-nbaJournaliste canadien spécialisé dans l’info people, Ian Halperin a beaucoup fait parler de lui. En décembre 2008, le roi des cancans mondains annonçait que Michael Jackson n’avait plus que six mois à vivre.

Depuis la disparition du « King of pop », Halperin a publié un livre (« Michael Jackson, les dernières années », éditions Transit) où il affirme que l’interprète de « Thriller » était homosexuel. Ces dernières semaines, deux magazines people français ont – assez complaisamment – ouvert leurs colonnes à Halperin. Lequel a soutenu que Jackson entretenait une liaison avec un basketteur NBA encore en activité.

Que l’info soit fondée ou pas, elle a rappelé le coming-out de John Amaechi il y a deux ans, qui avait donné lieu à des réactions très variées. Et surtout à une vraie réflexion sur l’homosexualité dans le sport. Rappel.

« Pour vivre heureux, vivons cachés », prétend l’adage. Sheryl Swoopes n’est pas de cet avis. En octobre 2005, la basketteuse américaine, triple championne olympique et quadruple championne WNBA (1), a profité d’une interview accordée à la chaîne ESPN pour révéler publiquement son homosexualité (2), déclenchant les foudres des associations bien-pensantes aux Etats-Unis.

« Je ne fais pas mon coming-out pour devenir une sorte d’héroïne ou d’icône lesbienne. Je suis simplement fatiguée, à ce stade de ma vie, de faire semblant d’être quelqu’un que je ne suis pas. Fatiguée d’avoir à cacher les sentiments que j’éprouve pour la personne que j’aime. Le fait d’être lesbienne ne change rien à la femme que je suis. Je suis tombée amoureuse d’une personne du même sexe, je n’ai aucun contrôle là-dessus. Personne ne peut contrôler ce qu’il ressent. »

La joueuse des Houston Comets allait plus loin en enjoignant ses homologues du sexe fort à briser, comme elle, les tabous :

« Les sportifs masculins homosexuels estiment sans doute qu’ils ont beaucoup plus à perdre qu’à gagner en sortant du placard. Je ne suis pas d’accord avec ça. Pour moi, la chose la plus importante est d’être heureux. »

Mark Cuban lui a emboîté le pas. Le très fantasque propriétaire des Dallas Mavericks a estimé qu’un basketteur NBA qui révélerait son homosexualité pourrait non seulement poursuivre sa carrière dans la Ligue mais deviendrait aussi un modèle pour la société, avec de juteux contrats publicitaires à la clé. Une belle utopie… Avec le dopage (et à un degré moindre le racisme et l’argent), l’homosexualité est sans doute le dernier tabou du monde sportif. La parution en février 2007 de la biographie de l’Anglais John Amaechi (3) et les réactions suscitées par la révélation de son homosexualité en ont témoigné, si besoin était.

John Amaechi, le joueur du milieu

john-amaechi-man-in-themiddleAncien basketteur professionnel passé par la NBA (301 matches avec Cleveland, Orlando, Utah) mais aussi l’Italie, la Grèce, l’Angleterre et la France (Cholet et Limoges), « Meech » a attendu d’être retiré des parquets pour effectuer son coming-out. Retraité depuis 2003, ce passionné d’opéra et de poésie commentait par le passé des matches de basket sur la chaîne de télé britannique Five. Il y a huit ans, le site Internet Outsports.com, spécialiste de l’homosexualité dans le sport, le classait 16e dans sa liste des joueurs NBA « les plus susceptibles » d’être homosexuels. C’est donc un secret de Polichinelle que le natif de Boston a dévoilé. Reste qu’il s’agit du premier basketteur passé par la grande Ligue à sortir du placard. Dans un entretien à la chaîne ESPN préalable à la parution de sa biographie, l’ancien pivot choletais et limougeaud tentait d’expliquer cette singularité :

« Qu’aucun basketteur NBA en activité ou à la retraite n’ait ouvertement révélé son homosexualité avant moi n’a rien de surprenant. Nous parlons d’un milieu macho pour qui le sport de haut niveau est une affaire d’hommes. D’hommes avec qui les femmes rêvent d’être, d’hommes que les hommes rêvent d’être. Ce milieu voue un véritable culte à la virilité. Qui n’a jamais entendu l’expression : « Ce n’est pas un sport de gonzesses ? » L’homosexualité n’a pas sa place dans ce monde-là. »

Pour faire état publiquement de ses préférences sexuelles, Amaechi a donc préféré attendre la fin de sa carrière pro. C’était la condition sine qua non pour avoir la paix sur les terrains comme en dehors.

« Je sais qu’un coming-out aurait eu plus d’impact si je l’avais fait en tant que joueur en activité. Mais j’ai travaillé dur pour avoir ce que j’ai. Enfant, j’étais le gros, isolé des autres. J’ai quitté ma famille, ma mère alors qu’elle combattait un cancer. A l’époque, j’ai estimé que je méritais ma part du gâteau offert par la NBA. »

Des propos bêtes… et sincères

De toute évidence, les vestiaires NBA (et les autres) ne sont pas encore prêts à accueillir un homosexuel déclaré. Danny Fortson, ancien basketteur de Seattle, confiait qu’il aurait eu beaucoup de mal à « cohabiter » avec un gay. Donyell Marshall, ancien coéquipier de John Amaechi, s’interroge sur l’image que renverrait la Ligue :

« Je ne suis pas sûr que ma fille de 6 ans entende un jour un basketteur en activité se déclarer homosexuel. Il y a encore trop de marketing. La NBA est-elle prête à ça ? J’ai aussi du mal à imaginer certains parents laisser leurs enfants acheter et porter le maillot d’un homosexuel. »

La charge la plus violente est venue de Tim Hardaway, ancienne superstar des Golden State Warriors et du Miami Heat (qui retirera son maillot pour le premier match de la saison 2009-2010). Réagissant à chaud au coming-out d’Amaechi sur une radio floridienne, le champion olympique de Sydney a déversé un véritable torrent de haine :

« Je déteste les homosexuels. Je n’aime pas être avec eux. Pour moi, ces gens-là ne devraient pas exister, ni aux Etats-Unis ni ailleurs. Je n’aurais pas voulu avoir un homosexuel dans mon équipe. Si ç’avait été le cas, j’aurais gardé mes distances. A mon avis, un gay ne peut pas partager le même vestiaire que les autres. Vous imaginez douze gars sans cesse obnubilés par la présence d’un homosexuel dans le locker room ou sur le terrain et incapables de se concentrer ? Un gay aurait beaucoup de mal à se faire accepter par le reste de l’équipe. Son club serait contraint de le transférer. »

Aussi sottes et nauséabondes soient-elles, les déclarations d’Hardaway – qui s’est bien sûr confondu en excuses après coup – méritent une certaine attention. Evidemment, David Stern, big boss de la Ligue, s’est totalement désolidarisé de l’ancien meneur du Heat : ce dernier s’est vu prié de rester chez lui alors que se tenait à Las Vegas le All-Star Game. Quelque peu écœuré, Shaquille O’Neal est lui aussi monté au créneau, expliquant que « depuis tout petit, on (lui) avait appris à être tolérant ». Pourtant, on ne peut s’empêcher de penser que Tim Hardaway a dit tout haut ce que beaucoup chuchotaient tout bas… Dans le « Miami Herald », John Amaechi a salué la franchise de l’intéressé :

« J’espérais que mon coming-out servirait de prétexte à une réflexion intelligente sur la place des homosexuels dans le sport. Là, on est servi… Enfin quelqu’un d’honnête ! Les déclarations de Tim sont ridicules, absurdes, petites, fanatiques et témoignent d’un manque d’empathie à la fois énorme et insondable. Mais au moins, il dit ce qu’il pense. Je sais que cette position n’est pas isolée en NBA. Elle illustre le malaise bien mieux que certains propos délirants tenus par d’autres jusqu’ici. »

Sans commentaires

Interrogés à la sortie du livre, d’autres joueurs ont adopté des attitudes moins tranchées. Un gay dans le vestiaire ? Pourquoi pas, tant que notre virilité n’est pas remise en cause. Voilà en substance la seule véritable préoccupation des pros en activité.

« J’accepterais un gay dans mon équipe tant qu’il ne me ferait pas d’avances, explique Steven Hunter (Memphis). S’il joue au basket en homme et qu’il se comporte bien en dehors du parquet, ça ne me pose aucun problème. »

« Tant qu’on ne me branche pas sur l’homosexualité, ça va », ajoutait Shavlik Randolph (ex-Portland). « Sur un plan strictement professionnel, je pourrais parfaitement jouer avec un gay. Mais je pense que ça créerait une certaine gêne dans le vestiaire. »

Des réactions glanées au hasard. De façon générale, le microcosme NBA n’a pas témoigné beaucoup plus de sympathie à l’encontre d’un joueur de devoir qui n’a certes pas marqué l’histoire de la Ligue (4). En mai 2007, alors qu’il participait à la convention annuelle d’une organisation gay, Amaechi s’est ému de cette supposée indifférence. Après la révélation de son homosexualité, tous ses anciens coéquipiers de la fac de Penn State l’ont contacté. En revanche, aucun de ses ex-partenaires en NBA ne s’est manifesté.

« Trente ont mon adresse e-mail et mon numéro de téléphone. Je suis resté en contact avec seize d’entre eux. Il y en a dix que je peux joindre par SMS. La plupart connaissaient plus ou moins mes orientations sexuelles. Mais depuis que j’ai fait mon coming-out, aucun joueur en activité en NBA ne m’a appelé. Je note aussi que le site Internet de la Ligue, NBA.com, n’a pas relayé cette information alors que d’autres sportifs qui ont révélé leur homosexualité ont obtenu plus de considération. »

Malaise. L’Anglais a reçu par ailleurs des menaces de mort par e-mails.

« Des courriels qui vous donneraient la nausée. Cela dit, j’ai sous-estimé l’Amérique. Je m’attendais à un déferlement de haine, un nombre démentiel de courriers réclamant ma déportation ou ma mort. En fait, 95% de la correspondance que j’ai reçue étaient positifs. Les 5% restants étaient incroyablement, viscéralement, effroyablement négatifs. »

En faisant partager le récit de sa vie – la séparation de ses parents, son enfance à Manchester, son périple à travers l’Europe et les Etats-Unis -, John Amaechi (38 ans) ne comptait pas changer l’attitude d’un milieu avec lequel il a clairement pris ses distances (5). Il s’agissait d’abord d’envoyer un message aux athlètes homosexuels, toutes disciplines confondues, voire d’engager une réflexion sur leur place dans le sport. Pas question pour autant de jouer les ambassadeurs du « sport gay ». Au cours de cette fameuse convention, Amaechi estimait que le milieu faisait preuve, peu à peu, d’une certaine ouverture d’esprit sans être persuadé que cela témoigne d’une réelle évolution de la société, ni que le sport soit le meilleur des baromètres :

« Les sportifs sont des gladiateurs. Ce sont les héros du stade. Mais peu d’entre vous leur confieraient leurs enfants, leurs clés de voiture ou la gestion de leur portefeuille. Soyons francs : pour beaucoup, les sportifs sont des ânes ! Est-ce une communauté dont la vie et les mœurs peuvent être considérées comme représentatives d’un changement de société ? Je ne pense pas. Et personnellement, je ne me sens pas à l’aise dans un costume d’ambassadeur du sport gay. Cette cause me semble mériter moins d’attention que la misère, le chômage ou la criminalité. »

L’intolérance comme un bouclier

Le coming-out d’Amaechi a fait un déçu : Billy Bean, ancien joueur de baseball qui avait lui aussi révélé son homosexualité après la fin de sa carrière.

« En ayant vent de rumeurs à propos d’un joueur qui allait évoquer son homosexualité, j’espérais que ce soit quelqu’un en activité. Si cela arrive, je crois malheureusement que ce sera par accident, si j’en juge par ce qui se passe actuellement. Par une conversation volée ou quelque chose comme ça. Dommage, ç’aurait été une étape importante. »

Quelque peu banalisée dans le sport féminin, notamment le tennis (6), l’homosexualité demeure le tabou ultime chez les hommes. Peu se risquent à sortir du placard au faîte de leur carrière, comme le plongeur américain Greg Louganis, quadruple champion olympique. A l’instar d’Amaechi, ils redoutent la réaction de leurs coéquipiers, de leur club, de leurs adversaires, des médias, du public et des sponsors en général. La joueuse de tennis américaine Billie Jean n’avait-elle pas perdu un million de dollars de contrats publicitaires au cours des trois années ayant suivi la divulgation d’une liaison homosexuelle ? Durant sa carrière, Amaechi s’est ainsi fixé pour règle de ne pas fréquenter les lieux publics où on aurait pu spéculer sur ses préférences sexuelles.

« La communauté gay est soumise à une atmosphère répressive. Etre homosexuel ou « suspecté » de l’être suffit souvent à être exclu de la société. Du coup, on développe une discrétion extrême sur tout ce qui touche à la vie privée. »

Selon Ulla-Britt Lilleaas, sociologue norvégienne citée par le quotidien belge « Le Soir », l’intolérance rencontrée dans les sports masculins serait liée à la nature même de ces sports et au style de vie qu’ils imposent. C’est une sorte d’autoprotection.

« Les sports collectifs impliquent de nombreux contacts avec des individus du même sexe, dans les vestiaires, dans les douches, en voyage, dans les chambres d’hôtel. Pour certains, il est important de se distancier de l’homosexualité, notamment au travers de réflexions de plus ou moins bon goût. Cela peut déboucher sur l’homophobie. »

L’endroit le moins sexy du monde

Une analyse qui renvoie directement à l’évocation du vestiaire de Cleveland dans la biographie de l’Anglais :

« Je n’avais jamais mis les pieds dans un endroit aussi flamboyant. Les gars exhibaient leur corps parfait, se vantaient de leurs exploits sexuels, s’admiraient devant le miroir, se parfumaient d’eau de Cologne et passaient du gel dans leurs cheveux, essayaient des costumes et des chaussures à 10 000 $, arboraient bagues et autres colliers en diamants… C’était un moment de camaraderie intense qui semblait parfaitement naturel pour eux mais qui était un peu trop marqué pour moi. En regardant ce groupe d’individus tout à fait fréquentables, j’ai compris pourquoi la présence déclarée de joueurs gays – qu’on retrouve pourtant, comme l’a dit Charles Barkley, dans n’importe quel vestiaire – dérangerait tant. Cela suppose de considérer certains apparats masculins comme éléments de séduction homosexuelle. Il ne s’agit pas tant d’homosexualité refoulée, excepté pour une petite minorité de joueurs. Ces gars sont tout simplement effrayés qu’on puisse les cataloguer comme homosexuels en raison de leur comportement. Un gay qui fréquenterait le vestiaire violerait cet espace sacré en y introduisant une dimension sexuelle. J’ai envie de leur dire : « Hé les gars, laissez-moi vous rassurer avec mon expérience personnelle. Vous êtes loin de la vérité ! » Personnellement, je ne demandais pas mieux que de « désexualiser » cet espace, de m’abriter derrière une façade privée. J’ai flashé sur quelques joueurs durant mes années NBA mais tous évoluaient dans une équipe adverse. Et il n’y a rien de mieux que de passer neuf mois sous pression avec une collectivité d’hommes ostensiblement hétéros et dégoulinant de sueur pour ôter toute connotation érotique à la vie de groupe ! Même si j’avais trouvé un coéquipier « hot », je n’aurais pas tenté ma chance, sachant combien la cohésion d’une équipe est fragile et connaissant les risques que cela aurait fait courir à ma carrière. Cela ne serait jamais arrivé. »

(1) L’équivalent féminin de la NBA. Sheryl Swoopes a été nommée meilleure joueuse du championnat à trois reprises. C’est aussi la première femme à avoir eu une chaussure à son nom, la Nike Air Swoopes.

(2) Elle a été mariée à Eric Jackson, dont elle a divorcé en 1999. Ils ont eu un enfant, prénommé Jordan en hommage à qui vous devinez. Elle l’élève avec sa compagne Alisa Scott, ex-assistant coach chez les Comets. Dans le mois suivant le coming-out de Swoopes, l’Etat du Texas a banni les mariages homosexuels…

(3) « Man in the middle » (L’homme au milieu), co-écrit avec Chris Bull. 290 pages, éditions ESPN Books (en anglais).

(4) Pour l’anecdote, John Amaechi a été honoré par le Hall of fame de la NBA pour avoir marqué les premiers points du nouveau millénaire…

(5) Amaechi affirmait ne pas avoir vu un match de NBA « depuis trois ou quatre ans. Non pas parce que je hais la NBA ou parce que j’éprouve de la rancœur. C’est juste que le samedi après-midi, je pense avoir mieux à faire… »

(6) On peut citer Billie Jean King, Martina Navratilova ou Amélie Mauresmo. Cette dernière a inspiré le personnage de Dana Fairbanks dans une série télé sur les lesbiennes, « The L word », où Billie Jean fait précisément une apparition.

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