On fête en ce mois de juin les 20 ans du premier titre de « Sa Majesté », obtenu aux dépens des Lakers de Magic Johnson (4-1). Pour atteindre cet anniversaire symbolique, Basket USA vous a proposé un voyage exceptionnel dans la galaxie MJ.
Aujourd’hui, 18ème partie avec une comparaison entre la Dream Team de 1992 et celle de 1994.
Michael Jordan l’a dit. On ne connaîtra sans doute jamais le véritable niveau de la « Dream Team » de Barcelone. L’internationalisation de la Ligue n’en était qu’à ses prémices, les autres nations étaient encore à des années-lumière de pouvoir rivaliser. Mais qui croit sérieusement qu’une Argentine (par exemple) au sommet de son art aurait eu raison de ce squad d’exception ? La seule équipe qui aurait pu battre cette « Dream Team » était… une autre « Dream Team ». Même si les équipes de 1994 (championnat du monde au Canada), 1996 (J.O. d’Atlanta) et encore plus 2000 (J.O. Sydney) usurpèrent un peu l’appellation, copies plus ou moins pâles d’une formation désormais légendaire.
Dans le n°41 de « Mondial Basket », en novembre 1994, nous proposions un concours sur le match du siècle entre la « Dream Team » et celle qui lui succéda au Canada. Pour rappel, la sélection de Don Nelson réunissait le Shaq (MVP du tournoi, retenu dans le meilleur cinq de la compétition), Dominique Wilkins, Alonzo Mourning, Shawn Kemp (retenu dans le cinq), Reggie Miller (retenu dans le cinq), Derrick Coleman, Joe Dumars, Kevin Johnson, Mark Price, Steve Smith, Dan Majerle et Larry Johnson. Soit un roster complètement remanié par rapport aux Jeux de Barcelone.Les USA prirent la tête du groupe A lors du 1er tour (victoires sur l’Espagne, la Chine et le Brésil), conservée lors du 2e (victoires sur l’Australie, Porto-Rico et la Russie). Deux nouveaux succès sur la Grèce (97-58) et la Russie (137-91) menèrent la sélection coachée par Don Nelson au titre mondial.
En 1994, la NBA interdit le match DT1 vs DT2
« Dream Team ». L’expression a souvent été utilisée. Tout autant galvaudée. Sur le papier, ça fait beau. Mais cette fois, on peut parler de match du siècle, au vrai sens du terme. DT1 vs DT2. En cette fin d’année 1994, c’est la plus belle affiche de basket qu’on puisse imaginer. Pas étonnant dès lors qu’un organisateur américain ait tenté, à la fin de l’été, de la mettre sur pied au Madison Square Garden de New York. Craignant sûrement de noircir son passé ou d’obscurcir son avenir, la NBA interdit la tenue de ce choc.
Sur le fond, ce n’était pas foncièrement idiot : le match idéal ne pouvait pas véritablement avoir lieu à cause du poids des ans. Magic Johnson et Larry Bird ont pris leur retraite après les Jeux. Michael Jordan s’est mis au baseball et n’a pas joué pendant une année. Charles Barkley est un peu perturbé par son dos. Clyde Drexler et Chris Mullin ne sont plus aussi flamboyants qu’il y a deux ans…
A la question de savoir si la sélection de 1992 est plus ou moins forte que celle de 1994, Shaquille O’Neal répond :
« Je crois qu’on pourrait battre les champions de Barcelone. Evidemment, ce ne serait pas une promenade de santé mais je nous vois gagner. »
Magic Johnson : « On les aurait tués »
Magic Johnson soutient le contraire avec fermeté :
« On les tue ! Il n’y a pas de match. La meilleure preuve, c’est qu’on aligne 14 titres NBA et eux seulement 2. Il n’y a rien d’autre à dire avec de tels chiffres. Je vous le dis en étant sûr de moi : on les tue ! »
Qui pourrait défendre sur Michael Jordan ? Bien entouré, le Shaq exploserait-il Pat Ewing ou David Robinson ? Kevin Johnson ne va-t-il pas trop vite pour John Stockton ? Chris Mullin est-il plus adroit que Reggie Miller ? Shawn Kemp n’est-il pas trop bondissant pour Charles Barkley ou Karl Malone ? La promo 1994 a-t-elle un leader d’équipe aussi rassembleur et charismatique que Magic Johnson ?
La « Dream Team » I avait gagné ses matches avec un écart moyen de 43.7 points. La II se donna une marge de 34.3 points. Elle inscrivit en moyenne 116.7 points et en encaissa 82.3. Les hommes de Chuck Daly étaient meilleurs des deux côtés du parquet (117.2 pts inscrits, 73.5 encaissés). La sélection de Don Nelson ne réussit pas à atteindre la barre des 100 points en demi-finales contre les Grecs mais elle s’empara du record de points marqués en finale (137 contre les Russes).
Le meilleur marqueur de la DT1 était Charles Barkley. Celui de la DT2 Shaquille O’Neal. Le compteur des deux hommes s’est arrêté sur le même chiffre : 18. A côté, ça plantait à volonté : 17.1 points de moyenne pour Reggie Miller, 12.6 pour Dominique Wilkins ; 14.9 points pour Michael Jordan, 13 pour Karl Malone et légèrement moins pour Chris Mullin.
Avec 8.5 prises par match, Shaq mouche aisément Karl Malone et Patrick Ewing, meilleurs rebondeurs de la « Dream Team » I (5.3). Le pivot du Magic ne jouait que 17.1 minutes par rencontre. La différence pourrait peut-être se faire à 3 points ? La relève a planté 103 tirs longue distance avec comme chef artificier Reggie Miller. Les anciens, 54.
La DT1 meilleure à la passe, la DT2 aux rebonds
En ce qui concerne les rebonds, avantage très net à la promo 1994. L’équipe de Chuck Daly en captait 36 en moyenne avec Malone et Ewing, donc, mais aussi Robinson et Barkley (4.1 chacun). La troupe de Don Nelson tourna à 43.2 prises avec une moisson bien répartie entre O’Neal, Kemp, Coleman, Mourning et Larry Johnson.
Et le collectif dans tout ça ? La DT1 réussissait 29.8 passes par rencontre. Nettement plus faible dans cet exercice, la DT2 dut se contenter de 20.8 offrandes. Dernier détail : la sélection de Barcelone mesurait 2,03 m en moyenne, celle de Toronto 2,01 m. Evidemment, on fait peu de cas ici de l’opposition et de données fondamentales (nombre moyen de tirs tentés, etc.). On ignore ce qu’aurait donné le match du siècle mais on suppose qu’il aurait tourné à l’avantage des champions olympiques. Même avec 2 ans de plus, l’équipe de Chuck Daly était plus dense, plus complète, meilleure en valeur intrinsèque. Sans parler de l’expérience.
Le match « Dream Team » I vs « Dream Team » III (Shaq, Hakeem, Barkley, Malone, Stockton, Robinson, Payton, Penny…) ? Peut-être une prochaine fois ! De toute façon, le débat revient régulièrement sur le tapis. En 2008 à Pékin, on estimait que le Team USA réunissait, avec la brochette Kobe-LeBron-Wade-Melo-D12-CP3-Deron, la plus grosse concentration de talents de l’histoire (des basketteurs au top de leur forme et dans la force de l’âge), ce qui eut le don d’en agacer beaucoup… Toujours le match tu referas !
Les stats de la DT1 (8 matches)
Charles Barkley, 18 pts, 4.1 rbds, 2.4 pds, 71.1%
Michael Jordan, 14.9 pts, 2.4 rbds, 4.8 pds, 45.1%
Karl Malone, 13 pts, 5.3 rbds, 1.1 pd, 64.5%
Chris Mullin, 12.9 pts, 1.6 rbd, 3.6 pds, 61.9%
Clyde Drexler, 10.5 pts, 3 rbds, 3.6 pds, 57.8%
Patrick Ewing, 9.5 pts, 5.3 rbds, 0.4 pd, 62.3%
Scottie Pippen, 9 pts, 2.1 rbds, 5.9 pds, 59.6%
David Robinson, 9 pts, 4.1 rbds, 0.9 pd, 57.4%
Larry Bird, 8.4 pts, 3.8 rbds, 1.8 pd, 52.1%
Magic Johnson, 8 pts, 2.3 rbds, 5.5 pds, 56.7%
Christian Laettner, 4.8 pts, 2.5 rbds, 0.4 pd, 45%
John Stockton, 2.8 pts, 0.3 rbd, 2 pds, 50%
Les stats de la DT2 (8 matches)
Shaquille O’Neal, 18 pts, 8.5 rbds, 0.5 pd, 71.3%
Reggie Miller, 17.1 pts, 1.6 rbd, 2.2 pds, 60.3%
Dominique Wilkins, 12.6 pts, 3.2 rbds, 1 pd, 56.7%
Joe Dumars, 11 pts, 1.2 rbd, 2.5 pds, 55%
Alonzo Mourning, 10.8 pts, 5.1 rbds, 0.6 pd, 68.5%
Mark Price, 9.6 pts, 2.5 rbds, 3.6 pds, 30.5%
Shawn Kemp, 9.3 pts, 6.7 rbds, 1.5 pd, 68.9%
Dan Majerle, 8.7 pts, 2.2 rbds, 1.6 pd, 43.4%
Derrick Coleman, 7.7 pts, 4.5 rbds, 0.8 pd, 62.2%
Larry Johnson, 6.1 pts, 5.1 rbds, 0.8 pd, 50%
Kevin Johnson, 5 pts, 1.7 rbd, 3.8 pds, 47.1%
Steve Smith, 3.8 pts, 0.6 rbd, 1.6 pd, 47.6%
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