Avant de devenir la coqueluche des fans de Charlotte, et bientôt de celle des gamins du monde entier au début des années 1990, Tyrone « Muggsy » Bogues avait déjà connu quelques beaux moments avant même d’arriver en NBA.
Pendant quatre ans, il a ainsi fait le bonheur de Wake Forest après avoir réussi une saison incroyable sans la moindre défaite avec son lycée de Dunbar. Originaire de Baltimore dans le Maryland, il va choisir de s’exiler plus au sud, en Caroline du Nord, pour se frotter à la conférence ACC, une des plus relevées du pays.
Redoutable conférence ACC
« C’était génial. Pour moi, c’était la conférence la plus dure en terme de compétition », explique Muggsy Bogues dans le podcast de Matt Barnes et Stephen Jackson, Up The Smoke. « Il fallait se coltiner un Mark Price [de Georgia Tech] un soir, puis Kenny Smith [de North Carolina] un autre, puis Spud Webb et Nate McMillan [de NC State]. Et Johnny Dawkins [de Duke]. L’ACC était très talentueuse. Et là, je ne vous parle que des meneurs. Sur le poste d’arrière, il y avait Michael Jordan, Len Bias et Adrian Branch [de Maryland]. Il y avait aussi Brad Daugherty [chez les intérieurs, à North Carolina]. Cette conférence était très relevée et c’était essentiel pour moi car je voulais absolument obtenir de la reconnaissance. »
En 1986, soit l’été avant sa dernière année à l’université (durant laquelle il tournera à 15 points, 9 passes, 4 rebonds et 2 interceptions), Muggsy Bogues va être appelé pour participer au championnat du monde qui a lieu en Espagne. Malgré une défaite au cours du tournoi, face à l’Argentine, l’équipe américaine menée par Lute Olson, le légendaire coach d’Arizona, parviendra à aller décrocher la médaille d’or. Face à l’URSS d’un certain Arvydas Sabonis…
« On a été la dernière équipe de joueurs universitaires à être envoyés en compétition et à en ramener la médaille d’or. Après nous, c’était la Dream Team en 1992 parce que David [Robinson] et les autres ont perdu en 1988 [aux JO de Séoul]. C’était une superbe expérience. On a joué contre l’équipe de l’URSS, avec le vrai Arvydas Sabonis à l’époque mais il y avait aussi Drazen Petrovic [avec la Yougoslavie]. A l’époque, ils étaient considérés comme des joueurs pros, donc c’était bien pour nous joueurs universitaires de nous frotter à eux. Et puis, avoir la coupe entre les mains tout en haut du podium, c’était un moment complètement surréel pour moi. »
Une médaille d’or malgré Petrovic et Sabonis
Alors âgé de 21 ans, le jeune Arvydas Sabonis est la pépite du basket soviétique. Le géant balte évolue dans son club du Zalgiris Kaunas et il sait déjà tout faire. À 87-85 sur la finale mondiale, dont 16 points (à 4/7 aux tirs) pour le seul Sabas, le couperet est passé très près pour la troupe américaine… Et il tombera en 1988 !
« Sabonis était du niveau MJ en Europe. Il avait ce niveau-là de talent et ce niveau-là de reconnaissance. C’était un pivot qui pouvait tout faire, il pouvait passer, il pouvait shooter, il pouvait aussi bien jouer dos au panier que face au panier. On n’avait jamais vu ça. Ni aux Etats-Unis, ni nulle part ! »
Pas malheureux de tomber face au Brésil d’Oscar Schmidt en demi-finale, les Etats-Unis avaient pour le coup eu l’occasion de jouer la Yougoslavie, plus tôt dans le tournoi, dans la deuxième phase de poule. C’était alors l’occasion de rencontrer un des futurs très grands. Une rencontre inoubliable pour Muggsy Bogues qui s’est fait un nom sur la scène internationale en tenant le Mozart du basket yougoslave à 12 points seulement.
« Les gens ne se souviennent pas combien Drazen Petrovic était bon. J’ai eu la chance de pouvoir l’affronter quand il jouait à l’époque pour la Yougoslavie. Et j’ai eu la chance de réussir à l’éteindre. Il tournait à 37-40 points de moyenne avant d’affronter notre équipe [26,8 points pour être exact, ndlr]. Kenny Smith devait s’occuper de lui en défense mais je suis allé le voir la veille du match pour lui demander s’il voulait bien que je commence à défendre sur Petrovic. S’il commençait à réussir et scorer comme il voulait, alors je lui aurais cédé ma place. Mais Kenny n’a jamais eu besoin de défendre contre lui ! Il a fini à 12 points contre nous. »
Le duel Bogues – Petrovic
Bonus : la finale USA – URSS en intégralité