En juin prochain, on fêtera les 20 ans du premier titre de Sa Majesté, obtenu aux dépens des Lakers de Magic Johnson (4-1). Pour atteindre cet anniversaire symbolique, Basket USA vous propose un voyage exceptionnel dans la galaxie MJ.
L’homme, le joueur, le businessman… Vous saurez tout du plus grand basketteur de tous les temps en revivant, en textes et en images, l’épopée de « Air Jordan ».
14e partie.
C’est l’heure des braves ! Après 82 matches de saison régulière, 15 de playoffs pour Portland et 16 pour Chicago. Les Trail Blazers sont passés sur le corps des Lakers, des Suns et du Jazz. Les Bulls ont refroidi le Heat, guerroyé contre les Knicks et flingué les Cavaliers. Le duel de planeurs Michael Jordan-Clyde Drexler s’annonce somptueux.
« C’est dur d’arriver en Finales deux années de suite », lâche Mike.
Et c’est vrai que les Bulls ont souffert. Si Chicago s’était promené tout au long des playoffs 1991 avant le sacre face aux Lakers (4-1), l’édition 1992 fut beaucoup plus douloureuse. Après un premier tour de gala contre les jeunes pousses du Heat (3-0), les choses se corsèrent.
Les Knicks impuissants
Perturbée par l’agressivité des Knicks et la domination de Pat Ewing dans la raquette, l’équipe de Phil Jackson fut bien heureuse de voir le pivot new-yorkais diminué par une entorse à la cheville pour le septième et dernier match de la série. Chicago sortit vainqueur de la guerre de tranchées imposée par Pat Riley. De justesse, certes. Mais ça passa quand même. Michael Jordan émit ce jugement définitif :
« Les méthodes (de New York) n’étaient pas différentes de celles utilisées par les Pistons ».
La brutalité du jeu et du comportement des Knicks s’expliquait par l’incapacité à stopper cette machine à gagner. Impuissance. Frustration. En finale de Conférence, même type de problème face aux Cavaliers : une défense agressive et un pivot dominant, Brad Daugherty. Là encore, des cheveux blancs (façon de parler) pour Jordan et les siens.
Les Bulls perdent de leur superbe, notamment lors du deuxième match à Chicago, fini sur une correction (107-81). Mais ils décrochent malgré tout leur billet pour la Finale (4-2) en profitant notamment, lors du dernier match dans l’Ohio, de la blessure à un doigt du pivot adverse. Et ce, malgré le réveil tardif de Jordan qui démarre la rencontre par un pauvre 7/24. Dix-sept tirs manqués sur trois quart-temps.
« Maintenant que nous sommes en Finales, on a tout conserver le titre », se contente de déclarer « MJ » avant d’aller prendre sa douche.
Portland revient en Finales
A l’autre bout des Etats-Unis, Clyde Drexler analyse la victoire des Trail Blazers, synonyme de qualification pour la Finale NBA, lors du Game 6 à Utah (105-97) :
« Il était important de prouver que l’on était capables de remporter de gros matches en déplacement. Maintenant, nous sommes en Finales. La sensation, on connaît (ndlr : défaite 4-1 en 1990 face à Detroit). Ce que l’on ne connaît pas, c’est la sensation d’être champion. On en meurt d’envie… »
Avant le Game 1, on demande à Jordan de comparer le jeu de Drexler et le sien.
« Clyde a choisi d’être un meilleur shooteur à 3 points que moi ».
Tout le monde ignore évidemment que Mike va combler cette lacune. Les deux superstars sont confiantes et surmotivées. On le serait à moins. Chicago-Portland, c’est le meilleur record de la saison régulière (67-15) contre le deuxième (57-25). Pas de surprises. D’un côté, Mike, MVP de la Ligue. De l’autre, son second, Drexler. Un combat de chefs qui déclenche un engouement à la hauteur de l’événement.
De gros duels à chaque poste
La presse américaine aime les têtes d’affiche. Pour ne pas dire qu’elle en a besoin. Après le Magic-Jordan de l’année précédente, elle ne pouvait rêver mieux. Deux mois plus tôt, « Sports Illustrated » a fait de Drexler « le rival n°1 de MJ ». Il s’agit de créer une rivalité d’anthologie pour la décennie 90. Un nouveau Bird-Magic.
« Clyde et moi serons souvent les yeux dans les yeux mais ce ne sera pas un un contre un », prévient Sa Majesté.
D’autres duels figurent en effet au programme. Terry Porter-John Paxson. Le premier est largement au-dessus mais Paxson est un meneur qui ne joue pas du tout comme un point guard classique. Et cela peut devenir un gros problème pour l’adversaire. Jerome Kersey-Scottie Pippen. « Pip » est peut-être plus complet. On attend une explication en hauteur. Buck Williams-Horace Grant. Tendres, s’abstenir. Ce sera un match d’hommes, fait de volonté, de vaillance, de courage et de disponibilité. Kevin Duckworth-Bill Cartwright. Un hippopotame rencontrant un totem. Ils n’ont a priori pas grand-chose à se raconter mais ils vont pourtant se causer.
Voilà pour les cinq de départ. Vous avez encore faim ? C’est de la gourmandise mais il en reste. Servez-vous : Clifford Robinson-Cliff Levingston. Danny Ainge-B.J. Armstrong. Mark Bryant-Scott Williams. Alors, repus ?
Une première mi-temps historique
Le Match 1, disputé le 3 juin 1992 au Chicago Stadium, passera à la postérité. Michael Jordan frappe là où on ne l’attendait pas : derrière l’arc. Durant les 24 premières minutes, il bat le record d’Elgin Baylor pour le plus de points inscrits dans une première mi-temps de playoffs (35 contre 33).
Six fois consécutivement, le n°23 des Bulls trouvera la cible derrière la ligne à 3 points, ce qui constitue également un must. L’image de Michael se tournant vers la table de marque et levant les bras en signe de surprise s’imprime dans toutes les rétines. Il terminera la soirée avec 39 points (16/27 dont 6/10 à 3 pts), 3 rebonds, 11 passes et 2 interceptions.
Chicago avait terriblement besoin de ce coup de chaud. Comme Los Angeles un an plus tôt, Portland était bien parti pour s’adjuger la première manche en terrain hostile. Les Trail Blazers réussissent leurs sept premiers tirs. Plus 8. Chicago passe devant (29-28) puis se retrouve mené d’un point (44-45). Mais un 23-6 est fatal aux hommes de Rick Adelman qui s’inclineront 122-89.
Portland est abattu. Les Trail Blazers ont le moral dans les chaussettes. Autour de Jordan émergent de fidèles lieutenants (Pippen, Grant), de solides guerriers (Bill Cartwright) mais aussi une belle brochette de role players aussi obscurs qu’utiles tels que B.J. Armstrong, Stacey King, Bob Hansen et John Paxson. A tout instant, ils peuvent endosser la tunique de héros.
A suivre…
Le Game 1 des Finales 1992