En juin prochain, on fêtera les 20 ans du premier titre de Sa Majesté, obtenu aux dépens des Lakers de Magic Johnson (4-1). Pour atteindre cet anniversaire symbolique, Basket USA vous propose un voyage exceptionnel dans la galaxie MJ.
L’homme, le joueur, le businessman… Vous saurez tout du plus grand basketteur de tous les temps en revivant, en textes et en images, l’épopée de « Air Jordan ».
Douzième partie de l’incroyable saga « M.J. ».
A 28 ans et après sept saisons en NBA, Michael Jordan a accumulé un maximum de records, atteignant une dimension qui frise parfois le surnaturel. Le titre de meilleur marqueur de la Ligue, nul ne peut le lui contester.
« Je suis capable de réaliser des choses que personne d’autre ne peut faire », clame-t-il avant de s’attaquer aux Lakers.
Prétentieux… mais terriblement vrai. « MJ » marque les Finales 1991 de son empreinte (31.2 pts, 6.6 rbds, 11.4 pds, 55.8%) comme il marquera toutes celles auxquelles il participera. Au-delà de la reconnaissance individuelle, matérialisée par un titre de MVP, ce premier trophée souligne l’adhésion de Mike à la notion de groupe. Fini le one man show, vive le one team show.
« Horace (Grant) et Scottie (Pippen) ont été formidables. John (Paxson) génial. J’ai appris à croire en eux. J’ai appris à croire en mes coéquipiers. »
Pour montrer son attachement au nouveau casting des Bulls, Jordan impose la présence de ses partenaires pour le tournage d’un spot publicitaire consacré aux parcs Disney. Il sait que pour rester au sommet, pour répondre aux nouveaux défis qu’appellent les victoires, il aura besoin d’eux. Plus que jamais. Après le succès face aux Lakers (4-1), il expliquera :
« Je suis relax. Toujours. Quand je ne gagnais pas le titre NBA, j’avais l’impression que mon père ressentait plus la pression que moi. Il m’en parlait tout le temps. Je me suis toujours dit que la joie que me procurerait un premier titre NBA serait encore plus forte si je la partageais avec mes coéquipiers. »
Dans l’avion qui ramène les Bulls à Chicago, Mike cale le trophée entre ses jambes. Quand le Boeing se pose sur le tarmac, il est le premier à s’extraire de la carlingue et brandit le totem en guise d’offrande. L’objet est beau. Reluisant. Mike a remplacé les larmes de la fin de match par un sourire éclatant qui se détache de son visage, masqué par des lunettes noires. Son costume taillé sur mesure lui donne véritablement la carrure d’un champion.
Après lui déboulent ses coéquipiers. Un à un. Sourire espiègle, paupières lourdes… de bonheur et d’insomnie. Ils ont tous refait, dans leur tête, le chemin qui les a conduits jusque-là. Une Finale commencée par une défaite à la maison. Los Angeles est alors magique. Guidé par un Johnson maître de son art mais qui grille ses dernières cartouches. Cette victoire des Lakers va réveiller l’instinct de survie d’un « MJ » qui ne s’imagine pas avoir fait tout ça pour repartir bredouille.
Los Angeles fera de la résistance. Mais c’est du banc que James Worthy et Byron Scott, meurtris physiquement, regarderont Magic Johnson (16 pts, 11 rbds, 20 pds) tomber au champ d’honneur. Au quatrième quart-temps du Game 5, les deux équipes se retrouvent à égalité. C’est le moment choisi par John Paxson (20 pts), auteur des six premiers points de son équipe en début de rencontre, pour sortir son bazooka et tuer le suspense. Il inscrit 10 des 12 points des Bulls dans le dernier quart-temps, alors que les deux équipes sont à 93-93.
« Voilà pourquoi j’ai toujours voulu Paxson dans mon équipe », clame Sa Majesté (30 pts, 10 pds). « On me traitait d’individualiste. Avec ce titre, j’ai appris à croire en mes coéquipiers. »
Oui, Mike peut remercier ses partenaires de l’avoir fait roi de NBA. Tout le monde s’interroge sur la capacité des Bulls à défendre leur titre et à réussir le back-to-back. En 20 ans, seuls les Lakers (en 1987 et 88) et les Pistons (en 1989 et 90) sont parvenus à réaliser le doublé.
Sur les quatre premiers matches de la saison 1991-92, « MJ » atteint les 40 points à trois reprises. Chicago frise le record de victoires en saison régulière avec 67 succès, à deux longueurs de la marque établie par les Lakers en 1972 (69-13). Portland, n°1 à l’Ouest, est largué (57-25).
Crédité de 30.1 points, 6.4 rebonds, 6.1 passes et 2.3 steals en moyenne, Jordan s’adjuge le trophée de MVP pour la deuxième année consécutive (son troisième en tout). Sixième titre consécutif de meilleur marqueur NBA. Huitième sélection consécutive pour le All-Star Game (18 pts à Orlando). Sixième citation dans le premier cinq All-NBA. Cinquième dans le premier cinq défensif.
En janvier 1992, le n°23 des Bulls répond aux questions des lecteurs de « Mondial Basket ».
Quels sont les adversaires les plus sérieux pour le titre ?
Je crois que les Knicks devraient être très dangereux à l’Est. En fait, il y a six ou sept équipes capables de nous poser des problèmes. Portland, San Antonio, Utah, Phoenix, Philadelphie… A nous d’assurer.
Comment vont les Bulls ?
On n’a pas encore retrouvé le niveau qui était le nôtre à la fin de la saison écoulée. Cela va venir, je ne m’inquiète pas. On a un atout en plus : Stacey King. Il a mis du temps à répondre aux attentes mais je crois que c’est parti. Je nous vois favoris.
Peux-tu te décrire en trois mots ?
Intelligent. Compétiteur. Imprévisible.
Quelle est ton ambition secrète ?
Ce n’est plus vraiment un secret. Je veux devenir joueur de golf professionnel.
Combien de temps vas-tu continuer à jouer ?
Je ne peux pas le dire. Trois ans, quatre peut-être. Dès que je verrai des jeunes me surpasser, je n’insisterai pas. Je ne quitterai pas le milieu du basket par la petite porte. J’ai entendu tout ce qui se disait sur Dr J à la fin de sa carrière. Je ne veux pas connaître ce genre de situation.
Après ta carrière, resteras-tu proche du basket ?
Non. Je partirai si vite que ça vous semblera incroyable. Vous vous demanderez si j’ai vraiment existé… Je n’ai jamais assisté à un match NBA avant d’y jouer moi-même. Après, ce sera pareil. Si mes enfants veulent jouer, je m’y intéresserai un peu pour eux mais c’est tout.
Es-tu satisfait de ton salaire (ndlr : 3,25 M$ la saison) ?
Je sais qu’il y a pas mal de joueurs qui gagnent plus que moi. Et alors ? Tant mieux pour eux. Avec tout ce que je reçois en contrats publicitaires – et je pourrais en toucher encore davantage -, je ne vais pas me plaindre.
Quelle est ta philosophie de vie ?
Toujours chercher le bon côté des choses. Accepter la vie comme elle vient. Ne pas la rendre difficile volontairement. Si tu vois la vie joyeusement, elle sera joyeuse.
A qui dois-tu le plus ?
Mes parents. Ils m’ont appris les bases : la volonté, le respect des autres, les erreurs à ne pas faire. Merci à eux !
Si tu pouvais refaire ta vie, que changerais-tu ?
Rien. Absolument rien.
Quelle est ta plus grande fierté ?
Etre papa. C’est un sentiment incroyable. Inégalable.
A suivre…