Star des années 1990 au sein de Hornets qui faisaient alors le buzz avec leur logo bourdonnant et leurs couleurs flashy, Larry Johnson n’aura finalement connu que deux franchises en dix ans de carrière. Cinq ans à Charlotte, cinq à New York.
Mais avant de glaner un titre de meilleur rookie de l’année en 1992, et deux capes All Star en 1993 et 1995, Larry Johnson a semé la terreur sur le circuit universitaire. Membre éminent de l’équipe de UNLV qui ira jusqu’au titre en 1990, il est arrivé à Vegas après un premier passage de deux ans à la fac d’Odessa, au Texas.
Sous la houlette de Jerry Tarkanian, les « Runnin Rebels » ont marché sur la concurrence entre 1989 et 1991, avec pas moins de 63 victoires en 68 matchs. Leur parcours lors de la « March Madness » 1990 se conclura quant à lui sur une victoire face à Duke en finale, avec un écart abyssal : +30 (103-73) !
Il assume la défaite de 1992 en finale NCAA
« Tark aurait très bien pu jouer le rôle de [Tony] Soprano« , se marre Larry Johnson dans le podcast All The Smoke. « Il avait l’aura pour ça. Il avait un grand nez et une gueule de cinéma. À l’époque, on avait des gros téléphones et il se trimballait avec ça, en se disputant souvent avec ses interlocuteurs dans un langage très fleuri. Pendant nos entraînements en plus ! C’est comme ça que j’ai commencé à imaginer qu’il traînait avec des gangsters. Mais la fac voulait le faire partir. Ils ont installé des caméras pour nous surveiller. On était très suivi. […] Tark aimait à dire que c’est lui qui m’a recruté à UNLV mais la vérité, c’est que c’était Plastic Man (Stacey Augmon). C’est à cause de lui que je suis venu. »
Avec Larry Johnson, Stacey Augmon et Greg Anthony formaient ainsi le « Big Three » de UNLV. Les deux joueurs confirmeront avec de solides carrières en NBA, au-delà des dix campagnes pour l’ailier comme pour le meneur.
« Je me souviens d’un match face à LSU. Shaq nous a eus, mais sur ce match, la NCAA nous avait privé de Stacey Augmon. Ils nous enlevaient de manière aléatoire un joueur à chaque match [en punition de factures de téléphone impayées par UNLV, lors d’un passage de présaison à Hawaï, ndlr] et c’était tombé sur lui. Mais c’était un grand match. Ils avaient Shaq, Mahmoud et le gros pivot, Stanley Roberts. Nous, on avait Greg Anthony mais Mahmoud l’a fatigué. Il devait avoir 3 ou 4 points quand [Greg] est allé se reposer sur le banc, et 22 quand il est revenu ! C’était déjà trop tard, il était trop chaud ! Avec Ice [Stacey Augmon], on avait un double meilleur défenseur de l’année en NCAA. On aurait pu mieux faire face. »
Soumis à une sanction de la part de la NCAA sur la saison suivante, Larry Johnson savait qu’il allait devoir quitter son cocon de Vegas pour aller vendre ses services à l’étage supérieur, en NBA. Malgré son titre de meilleur joueur de la saison, LJ va rater le coche en 1991, de nouveau en finale face à une équipe de Duke revancharde…
« On en a beaucoup parlé à travers les années mais c’est moi qui fais perdre le match à l’équipe, c’est aussi simple que ça ! Je ne suis pas dedans, je me laisse trop porter par les événements. Je fais comme si on allait facilement les battre, vu qu’on les avait battus de 30 points l’année précédente. Et puis, sur la dernière action, j’aurais dû prendre mon tir. J’ai merdé, j’ai paniqué ! C’était à moi de prendre ce tir en tant que n°1 de mon équipe, et n°1 du pays même. »
Une pub avec Larry et Magic qui n’a jamais vu le jour
Athlète reconnu avant son arrivée en NBA, Larry Johnson était tout aussi convoité sur la scène des « sneakers ». Le gamin de Dallas se rêvait en Nike pour toute la vie. Mais le destin en a décidé autrement.
« Sonny Vaccaro était le représentant Nike pour UNLV. J’ai signé avec lui, mais même avant, au lycée, je recevais des Nike. À UNLV, je jouais avec des Nike. Avec lui, j’ai été drafté n°1. Deux semaines après la draft, je vois que Billy Owens signe un contrat avec Nike. Stacey avait déjà signé aussi. Dikembe aussi. Un mois après, je demandais à mon agent de revoir mon contrat avec Sonny. Je l’ai appelé dans la foulée et il m’a annoncé comme ça que Nike ne pensait pas que j’allais être un bon pro. Ça m’a fait mal parce que j’avais toujours porté des Nike et je voulais continuer. Mais on a rapidement basculé sur Converse, qu’on est allé voir dans le Connecticut. Ils avaient mis des dizaines de panneaux publicitaires à mon effigie, ça sentait le coup monté. Mais c’était le plus gros contrat chaussures à l’époque. Avant que Mike ne ferme le débat toute l’année suivante [rires]. »
Effectivement signataire d’un contrat massif à hauteur d’un million de dollars avec Converse, quand Michael Jordan plafonnait à 500 000 dollars avec Nike, Larry Johnson devenait derechef la nouvelle figure de proue d’une marque en quête d’un second souffle après les retraites de Larry Bird et Magic Johnson coup sur coup, les deux précédentes stars de Converse, au début des années 1990.
« On avait deux gars de la créa’ qui avaient les cheveux longs et faisaient du air guitar qui nous avaient sorti une idée de pub où j’allais être allongé sur un chariot, complètement recouvert d’un drap, et Magic et Bird devaient débarquer en docteurs. Ils allaient m’opérer : scalpel, bistouri, etc. Et quand ils avaient fini, ils diraient : voici le joueur de basket parfait, on doit lui donner un nom. Larry disait Larry, Magic disait Johnson : Larry Johnson. Et là, je devais me révéler ! Un mois plus tard, quand je dois tourner la pub, j’arrive sur le plateau. Personne ne m’a rien dit et je vois une robe et une perruque. Je demande pourquoi on ne fait pas la pub avec Larry et Magic ? Ils m’ont dit que l’un des deux ne voulait pas le faire. Je n’ai jamais su lequel. »
GrandMama a le dos en compote…
Née sur un malentendu, après l’échec du projet initial plutôt créatif, la fameuse campagne « GrandMama » de Larry Johnson va le propulser sur une autre planète.
D’autant que, quelques années plus tard en 1993, Larry Johnson va simplement signer un contrat monumental de 84 millions de dollars sur douze saisons avec les Hornets, alors la plus haute marque atteinte par un joueur NBA.
« Je suis nul avec l’argent », reconnaît-il aujourd’hui. « Je n’ai pas bien géré mon argent. [En effet, il a avoué être ruiné dans un tribunal californien en 2015, avec des pensions alimentaires non-payées, ndlr]. Sans les Knicks, je ne pourrais pas manger aujourd’hui. »
Sans parler de son apparition dans « Space Jam » aux côtés de Michael Jordan évidemment, mais aussi Charles Barkley, Shawn Bradley ou encore Patrick Ewing et Mugsy Bogues : « Michael avait fait construire un gymnase, qui était mieux que certaines salles NBA. Les douches étaient vraiment bien. On jouait tous les jours. J’ai passé beaucoup de temps avec Shawn [Bradley]. Mugsy était blessé, il a fait toutes ses scènes sans pouvoir marcher.
Et puis, côté terrain, tout bascule en cet été 1993. Larry Johnson se blesse au dos et sera absent 31 matchs la saison suivante… Pire encore, il ne sera plus jamais le même joueur, explosif et athlétique à souhait.
« Mes deux premières années, j’avais mangé Karl Malone. Mais, après ma blessure au dos, c’est lui qui m’a fait la leçon ! C’est cette semaine-là que j’ai bu mon premier verre. J’étais tellement démoralisé que j’ai bu un verre avec un coéquipier. »
Il ne faut pas énerver Charles Barkley !
À l’époque, Larry Johnson fait partie d’un plateau d’ailiers forts de très haut calibre. Avec les Karl Malone, Charles Barkley, Shawn Kemp, ou encore Anthony Mason. Sur Barkley par exemple, Johnson se souvient de la maladresse de son coéquipier, Alonzo Mourning, trop vocal après un contre.
« Il avait 16 ou 17 points comme moi en 3e quart. Et là, Alonzo contre son tir et lui dit : ‘Dégage avec ce tir de merde’. Je lui ai dit : ‘Non, non, ne dis rien !’ Et pour cause, derrière, il a fini à 40 points ! Il a appuyé sur l’accélérateur et je suis resté à quai. »
Échangé contre Anthony Mason à l’été 1996, Larry Johnson prendra automatiquement sa place dans le cinq majeur des Knicks. Mais, de son côté, Anthony Mason va lui aussi connaître un franc succès après ce trade, devenant notamment All Star avec le Heat en 2000 avec davantage de responsabilités.
« C’était une bête ! Il pouvait dribbler, shooter. Les Knicks l’ont échangé pour me faire venir. Il est devenu All Star [après ce transfert]. C’était un gros joueur. »
Devenu joueur de complément, voire carrément joueur de devoir, dans sa deuxième partie de carrière au sein des Knicks, Larry Johnson a néanmoins marqué les esprits en faisant partie intégrante de l’incroyable aventure de 1999. Ou quand des Knicks moribonds finissent leur saison en boulet de canon, de dernier qualifié en playoffs à l’Est jusqu’aux finales NBA face aux Spurs…
« C’était comme à UNLV. On prenait du bon temps. Je ne buvais pas, je ne fumais pas. Je courais après les filles surtout. »
Il met un coup de poing à son coach…
Dur au mal qui a facilement pris le pli aux côtés des Charles Oakley et Pat Ewing de la raquette new-yorkaise, Larry Johnson a mis ses leçons en application face à son ancien coéquipier des Hornets, Alonzo Mourning, dans la fameuse mêlée à ciel ouvert des Knicks et du Heat lors des playoffs 1998. Jeff Van Gundy s’en souvient encore…
« Tout se passait bien, je gérais. Je tenais [Zo] à distance. Et puis, voilà Jeff qui déboule dans l’histoire. Je lui mets un coup [involontairement]. Je l’ai fait tomber. Le lendemain, à l’entraînement, il est revenu avec un énorme oeil au beurre noir. C’est lui qui me l’a appris : ‘C’est toi qui m’as frappé’. Je n’en revenais pas. Dans le feu de l’action, je n’avais pas vu la différence… »
Au final, à part pour ses deux apparitions All Star, et si l’on ne parle pas d’argent mais de trophées, Larry Johnson n’a pas vraiment gagné gros chez les pros.
La seule ligne qui brille à son palmarès est finalement son titre de champion du monde en 1994, où il tenait un « petit » rôle (6 points, 5 rebonds en 15 minutes) derrière le Shaq qui commençait seulement sa mutation…
« J’ai vu récemment [Shawn Kemp]. J’ai vu Rain. On était ensemble dans la Dream Team II. C’était un fou. On sortait tous les soirs [avec les gars]. Je traînais avec DC [Derrick Coleman] et Steve Smith. Et Shawn. Le plus marrant, c’était notre départ pour aller aux Championnats à Toronto. On avait joué contre une équipe universitaire à Golden State. Et on devait décoller le lendemain matin à 7h du matin pour Toronto. No way. Personne n’était là au rendez-vous. Même Coach Nelson ! On est venu frapper à ma porte plus tard dans la matinée : on va décoller à 8h ce soir en fait [rires] ! C’était mieux comme ça. Mais on a battu tout le monde de 30 points. Shaq était énorme. Je le motivais et je lui parlais de bosser ses lancers. Car il serait alors inarrêtable. »
Larry Johnson | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
1991-92 | CHA | 82 | 37 | 49.0 | 22.7 | 82.9 | 3.9 | 7.0 | 11.0 | 3.6 | 2.7 | 1.0 | 2.0 | 0.6 | 19.2 |
1992-93 | CHA | 82 | 41 | 52.6 | 25.4 | 76.7 | 3.4 | 7.1 | 10.5 | 4.3 | 2.3 | 0.7 | 2.8 | 0.3 | 22.1 |
1993-94 | CHA | 51 | 35 | 51.5 | 23.8 | 69.5 | 2.8 | 6.0 | 8.8 | 3.6 | 2.6 | 0.6 | 2.3 | 0.3 | 16.4 |
1994-95 | CHA | 81 | 40 | 48.0 | 38.6 | 77.4 | 2.4 | 4.9 | 7.2 | 4.6 | 2.2 | 1.0 | 2.6 | 0.4 | 18.8 |
1995-96 | CHA | 81 | 40 | 47.6 | 36.6 | 75.7 | 3.1 | 5.4 | 8.4 | 4.4 | 2.1 | 0.7 | 2.3 | 0.5 | 20.5 |
1996-97 | NYK | 76 | 34 | 51.2 | 32.4 | 69.3 | 2.2 | 3.0 | 5.2 | 2.3 | 3.3 | 0.8 | 1.8 | 0.5 | 12.8 |
1997-98 | NYK | 70 | 35 | 48.5 | 23.8 | 75.6 | 2.5 | 3.2 | 5.7 | 2.1 | 2.8 | 0.6 | 1.8 | 0.2 | 15.5 |
1998-99 | NYK | 49 | 33 | 45.9 | 35.9 | 81.7 | 1.9 | 3.9 | 5.8 | 2.4 | 3.0 | 0.7 | 1.8 | 0.2 | 12.0 |
1999-00 | NYK | 70 | 33 | 43.3 | 33.3 | 76.6 | 1.2 | 4.2 | 5.4 | 2.5 | 2.9 | 0.6 | 1.3 | 0.1 | 10.7 |
2000-01 | NYK | 65 | 32 | 41.1 | 31.3 | 79.7 | 1.4 | 4.2 | 5.6 | 2.0 | 3.2 | 0.6 | 1.5 | 0.5 | 9.9 |
Total | 707 | 36 | 48.4 | 33.2 | 76.6 | 2.5 | 5.0 | 7.5 | 3.3 | 2.7 | 0.7 | 2.0 | 0.4 | 16.2 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.