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Comme chaque année, notre photographe Thomas Savoja effectue un « road trip » aux Etats-Unis, pour nous emmener dans les coulisses d’une rencontre NBA. Ce samedi, première étape à Minneapolis avec la rencontre entre les Spurs et les Wolves du 21 novembre dernier.

MINNEAPOLIS, Minnesota – Mon avion vient de se poser sur le tarmac enneigé de l’aéroport International de Minneapolis – Saint-Paul. Il fait une température polaire dans le Minnesota quelques jours à peine après le passage de la « dépression du siècle » en provenance de l’Alaska. Le thermomètre affiche -11°C en ce début d’après-midi et pour ne rien vous cacher, je me demande ce que je fais ici ? Mais il est probablement trop tard pour renoncer …

Le début d’un tel périple est toujours délicat. Le plus important est de se mettre directement dans le rythme pour effacer l’impact du décalage horaire. En prévision des routes difficiles, je bénéficie d’un upgrade au comptoir de location de voiture et hérite d’un imposant 4×4 allemand doté d’un moteur V6 ultra-puissant ! Pas sur que ce soit l’idéal pour conduire sur la neige ! Il est 15h30 et les Twin Cities s’offrent désormais à moi pour l’après-midi !

Les Lakers sont nés ici

Alors que Minneapolis propose une architecture résolument moderniste avec ses gratte-ciels imposants construits au milieu d’un paysage de lacs verdoyants, Saint-Paul offre un visage plus traditionnel avec ses maisons victoriennes. C’est dans cet environnement lacustre que les Lakers furent créés dans les années 40 avant de déménager à L.A. Mais le climat convient peu au tourisme en cette période automnale et je me réfugie dans Downtown en attendant le match NBA qui rythmera ma soirée entre les Timberwolves et les Spurs.

La bonne nouvelle, c’est qu’on peut explorer le centre-ville sans prendre froid grâce à ses 11 kilomètres de passerelles couvertes. Mais à force de tourner en rond dans ces galeries commerçantes, je perds mes références et mets un temps conséquent à retrouver ma voiture pour récupérer mon matériel photo. J’accède donc au Target Center depuis le parking sans mettre le nez dehors. Au sous-sol du complexe, la sécurité ausculte avec attention mes sacs photos avant de me délivrer le précieux « laissez-passer ». Me voici en salle de presse pour me délecter de l’un ce des fameux buffets NBA qui font si mal à ma ceinture abdominale. Puis, je me dirige rassasié vers le parquet afin d’humer l’ambiance du jour. Le Target Center est une bien jolie salle avec ses 20.000 places. Propriété de la ville, elle vient de subir une importante rénovation et est l’une des 3 dernières enceintes NBA disposant d’un vrai parquet.

Le match de ce soir met donc aux prises les Spurs de San Antonio à une équipe des Timberwolves amputée de 4 titulaires. Outre le duo Ricky Rubio et Kevin Martin, manqueront à l’appel Nikola Pekovic, Thaddeus Young et notre frenchy Ronny Turiaf ! Autant dire qu’ils auront fort à faire face aux champions en titre et ses « papy stars ». Les Spurs ouvrent la défense de leur 5e titre NBA par une petite tournée dans le Midwest et je me demande si Gregg Popovich ne va pas faire tourner son effectif pour ce « back to back » éprouvant pour les organismes.

Le canadien Anthony Bennett est déjà à l’œuvre pour un échauffement individualisé avec son préparateur physique. Il sue à grosses gouttes alors que nous sommes à plus d’une heure du tip-off ! Le rookie Andrew Wiggins regagne tranquillement le vestiaire et signe au passage une batterie d’autographes à une nuée de gamins enthousiastes. Cela ne va pas être simple de succéder à Kevin Love dans le cœur des fans mais il semble déjà bénéficier d’une belle cote d’amour auprès des plus jeunes. Côté Spurs, TP et Tim Duncan sont au service minimum pour l’échauffement : ils sont assis sur le banc à regarder leurs collègues effectuer des doubles pas. Le privilège de l’expérience ?

Une présentation qui donne des frissons

J’ai pris place sous les panneaux. Depuis ce poste d’observation stratégique, je suis subjugué par les étranges chaussures à coussin d’air portées par les arbitres ce qui leur donne un look vraiment surprenant. Un gros type rougeaud s’époumone sur le « Star and spangled banner » et il parvient à mettre le public dans sa poche car la salle l’applaudit à tout rompre !

Le speaker annonce le cinq titulaire côté visiteurs puis vient la présentation des « Tiiiiimberwooolves ! ». Le noir se fait soudainement dans la salle. Une pleine lune géante du plus bel effet est projetée au plafond quand soudain retentissent des hurlements de Loups : j’ai des frissons dans le dos ! L’annonce du cinq de Minnesota fait un peu moins rêver mais la salle a fait le plein et c’est une bonne nouvelle pour l’ambiance même si la rencontre va tourner court.

TP fait d’entrée des misères aux pauvres Mo Williams et Zach La Vine, enchainant les pénétrations et les shoots « cuillères » dont il a le secret. Ce qui me surprend, c’est le côté décontracté des Texans. Ils sont ultra-relâchés dans leur attitude. Trop peut être ? Car les Wolves réussissent à surnager en première mi-temps sous l’impulsion d’un Mo Williams auteur de 15 points mais surtout à cause de nombreuses imprécisions côté Spurs (20 pertes de balle sur le match). Lors des temps-morts, la « Kiss Cam » fait toujours le bonheur des fans surtout lorsque la mascotte est de la partie !

Pop reste étrangement impassible sur le banc. On dirait même parfois qu’il est sur le point de s’endormir. Mais ce n’est qu’une illusion au regard de la façon dont il motive soudainement l’italien Marco Belinelli qu’il lance dans la partie pour la première fois de la saison. Il y a une sacrée complicité chez les Spurs qui se trouvent les yeux fermés. Duncan et Parker se prennent même dans les bras pour se réconforter après une action manquée ! Dire que ces deux là ne se sont pas adressés la parole lors de leur première saison en commun ! Au passage, je me demande où sont passées les cheerleaders ? Elles ne se sont toujours pas produites à l’approche de la pause ! La mi-temps parlons-en, j’y découvre que les loups savent voler dans le Minnesota car la mascotte nous gratifie d’une étonnante démonstration de dunks sur trampolines !

Un record pour Anthony Bennett

Sur le parquet, les Spurs font le boulot et c’est largement suffisant face à des Wolves trop limités. TP en démonstration signe 28 points en 25 minutes et les Spurs laminent finalement les locaux 121-92. Ce qui est impressionnant, c’est sa précision au shoot et notamment à trois points où il fait un sans faute ce soir (3 sur 3). Danny Green complète le tableau avec 18 points. Du côté des locaux, c’est Anthony Bennett qui tire son épingle du jeu en scorant 20 points pour les Timberwolves, soit son record en carrière. Comme quoi, son long échauffement d’avant match n’aura pas été vain !

« Ils sont meilleurs que nous et ils avaient un avantage de taille ce qui fait que nous avons beaucoup souffert au rebond » confie le coach des Wolves Filip Saunders en conférence d’après match. « Dans l’équipe, on a beaucoup de vétérans qui ont besoin de repos lorsqu’on joue deux matchs de suite » affirme Parker. «  Notre état d’esprit est donc d’enfoncer le clou le plus tôt possible pour laisser souffler les gars en seconde mi-temps ». Mission accomplie Tony !

Pour ma part, la nuit sera courte et après une triple dose de café, je prends la route du Wisconsin sous une pluie neigeuse. Direction Milwaukee la prochaine étape de mon périple.

Toutes les photos de la rencontre sont ici : https://www.flickr.com/photos/tsavoja/sets/72157649446193631/