Souviens-toi 2023. C’était il y a seulement deux ans, une éternité à l’échelle de la NBA. À cette époque pourtant pas si lointaine, le Thunder et les Wolves s’étaient déjà affrontés en phase finale, mais pour y accéder. Dans un match de play-in à sens unique, Minnesota avait écarté Oklahoma City, qui n’était alors qu’au tout début de son ascension quand la franchise de Minneapolis tentait d’incorporer Rudy Gobert à son jeu. Deux ans plus tard, les deux équipes ont bien grandi.
Le Thunder reste sur deux saisons avec le meilleur bilan de l’Ouest, et va retrouver la finale de conférence pour la première fois depuis 2016, dernier exercice de Kevin Durant à Oklahoma City. Les Wolves, eux, sont de retour à ce stade comme la saison passée. Si la sensation était alors de taille pour l’avènement de cette équipe avec Anthony Edwards comme leader, la surprise a d’autres motifs en 2025. Contrairement à Oklahoma City, la saison régulière avait laissé une impression de régression, tant dans les bilans que dans le jeu produit ou les attitudes. Les doutes semblent désormais balayés après un début de playoffs quasi parfait.
L’Ouest va donc connaître un nouveau patron, tout neuf et peu habitué aux sommets. Le Thunder ne compte qu’une seule finale NBA depuis son déménagement à Oklahoma City. Pour les Wolves, ce serait tout simplement une première après avoir buté sur la dernière marche en 2004 et 2024. De quoi offrir une série ouverte et passionnante entre deux des meilleures défenses de la ligue, et un choc entre ce qui se fait peut-être de mieux sur les lignes arrières en NBA : Shai Gilgeous-Alexander et Anthony Edwards.
Présentation du Thunder
Titulaires : S. Gilgeous-Alexander, L. Dort, Jalen Williams, C. Holmgren, I. Hartenstein
Remplaçants : C. Wallace, A. Caruso, I. Joe, A. Wiggins, Jaylin Williams, A. Mitchell, K. Williams, D. Jones, O. Dieng
Absent : N. Topic
Coach : M. Daigneault
Cet effectif inexpérimenté dans les longues joutes de playoffs a passé un premier obstacle en étant poussés au Game 7 par les Nuggets. Celui-ci a été très bien maîtrisé, même si Denver a aussi manqué d’essence au pire moment. Il n’empêche, après un quart-temps de tension, Oklahoma City s’est libéré et a su être lui-même dans un match couperet, ce qui est loin d’être si évident. Quand le Thunder dicte ainsi sa loi, il semble inarrêtable, comme il l’avait déjà montré en saison régulière quand il est capable de hausser de plusieurs tons son agressivité défensive.
Mark Daigneault peut en outre compter sur un groupe jeune, et plutôt reposé après une saison régulière à sa main et un premier tour plié en quatre matchs. À moins que la série en sept matchs contre les Nuggets n’ait davantage entamé OKC que ce que l’on pourrait croire, tant Denver joue dur.
Shai Gilgeous-Alexander n’a en tout cas pas levé le pied avec une superbe fin de demi-finale de conférence, quand Jalen Williams s’est repris avec une septième rencontre de haute volée.
Le point fort
– La pression défensive. Ce n’est plus un secret pour personne, mais le Game 7 contre les Nuggets a été une piqûre de rappel éclatante. La défense d’Oklahoma City est un modèle d’agressivité, sur le porteur du ballon, comme sur les lignes de passes. Denver est tombé dans le piège à pieds joints et dans des proportions XXL : 22 ballons perdus, 16 interceptions pour le Thunder et 37 points d’OKC suite à un ballon récupéré (contre 7 pour les Nuggets).
Le point faible
– L’adresse au tir. Oui, le Thunder sait marquer des points, et parfois en grande quantité, en témoigne les 149 unités du Game 2 contre Denver. Pourtant, Oklahoma City affiche une vraie limite depuis le début des playoffs pour ce qui est du scoring. Shai Gilgeous-Alexander est au rendez-vous, mais autour, OKC ne brille pas vraiment offensivement : seulement 45.7% puis 45.2% au tir en moyenne contre les Grizzlies et les Nuggets (31.3% et 3.3 % à 3-points). Outre « SGA », seul Isaiah Hartenstein a dépassé les 47% parmi les joueurs importants de l’effectif en demi-finale de conférence. Et la défense des Wolves devrait offrir une opposition un peu plus serrée encore.
Présentation des Timberwolves
Les titulaires : M. Conley, A. Edwards, J. McDaniels, J. Randle, R. Gobert
Les remplaçants : N. Reid, N. Alexander-Walker, D. DiVincenzo, R. Dillingham, J. Clark, L. Miller, J. Ingles, J. Minott, L. Garza, T. Shannon Jr
Absents : Aucun
Le coach : C. Finch
On ne prend pas tout à fait les mêmes mais on recommence. Un an après sa finale de conférence perdue contre les Mavericks, les Wolves ont une nouvelle opportunité de découvrir les finales NBA. Il s’en était fallu de peu l’an passé malgré le 4-1 en apparence sévère infligé par Dallas. Les changements opérés par la direction de Minnesota portent pour le moment leurs fruits. Exit Karl-Anthony Towns, l’ossature de l’an passé est complétée par Julius Randle et Donte DiVincenzo. Après des mois d’adaptation, la formule a pris corps durant ces phases finales.
Julius Randle joue peut-être le meilleur basket de sa carrière et sort d’une série remarquable contre Golden State (25.2 points à 53.3%, 6.6 rebonds et 7.4 passes). Si « DDV » ne brille pas par son habituelle adresse, il ajoute un surplus d’agressivité défensive bienvenu sur les lignes extérieures. De Anthony Edwards en détonateur – créateur au chien de garde de luxe Jaden McDaniels en passant par Rudy Gobert, décisif lors des deux Game 5 des Wolves, tout le monde connaît sa partition et la récite dernièrement sans fausse note. Surtout que Minnesota est au complet, et sort d’une deuxième « pause » de six jours après avoir plié ses deux premières séries 4-1.
Le point fort
– Les Wolves sont (enfin) lancés. Finaliste de l’Ouest la saison passée, Minnesota n’en a pas assumé le statut une longue partie de la saison, entre inconstance chronique et ajustements suite à l’échange l’été dernier qui a envoyé Karl-Anthony Towns à New York contre Julius Randle. C’est comme si c’était de l’histoire ancienne. Les coéquipiers d’Anthony Edwards déroulent depuis le début des playoffs avec seulement deux défaites en deux tours, et une confiance au zénith. Mieux vaut tard que jamais, surtout pour une équipe qui fonctionne autant au caractère.
Le point faible
– Une rotation finalement limitée. Comme c’est souvent le cas en playoffs, Chris Finch s’appuie sur un groupe restreint pour distribuer ses minutes. Mais si certains techniciens le font par choix tactique, l’entraîneur des Wolves semble ne pas avoir beaucoup plus d’options sous la main. Derrière le très bon trio Naz Reid – Donte DiVincenzo – Nickeil Alexander-Walker (qui va retrouver son cousin Shai Gilgeous-Alexander), le fond du banc est très, très inexpérimenté. Attention au moindre pépin physique qui pourrait encore accentuer ce déficit.
Les clés de la série
– Qui pour défendre sur Shai Gilgeous-Alexander ? Lu Dort, Alex Caruso, Jalen Williams, Cason Wallace, voire Shai Gilgeous-Alexander… Le Thunder a un paquet d’armes pour tenter de se dresser devant Anthony Edwards. Qu’en est-il de l’autre côté face à « SGA » ? Le meneur du Thunder a pris pour habitude ces dernières saisons de martyriser la défense de Minnesota. Le Canadien tourne à 35 points de moyenne (à 51.1% au tir, dont 55.6% à 3-points) avec 7.3 rebonds et 6.8 passes décisives et 12 lancers-francs tentés de moyenne par match contre les Wolves cette saison.
Chris Finch a pourtant tenté bien des combinaisons pour le limiter avec entre six et huit joueurs différents à avoir tenté leur chance chaque match lors des rencontres entre les deux franchises cette saison. Et si Jalen McDaniels devrait être le premier préposé à cette mission, c’est le rookie Jaylen Clark qui s’en était sorti le mieux en saison régulière (5/17 au tir pour Shai Gilgeous-Alexander). Un Clark qui n’a joué que six petites minutes depuis le début des playoffs… « ll faut comparer ce qui est comparable, je ne sais pas si ces matchs sont les exemples parfaits pour envisager cette série » a assuré Mark Daigneault, alors que Rudy Gobert avait manqué les trois confrontations de février, quand Chet Holmgren n’a joué que deux des quatre rencontres.
– La protection du cercle. Dans deux styles bien différents, le Thunder et les Wolves proposent deux des meilleurs défenses près de l’arceau de la ligue, en particulier durant ces playoffs. Oklahoma City compte sur son agressivité sur les lignes arrières pour compliquer la moindre tentative de pénétration. Minnesota de son côté harasse, puis tente d’orienter les attaquants vers la zone où Rudy Gobert peut jouer les paratonnerres. Et cela marche avec une réussite exceptionnelle, avec 32 points encaissés pour « OKC » sous le cercle lors du Game 7 contre Denver (avantage de +22 dans cette zone), 30 seulement pour les Wolves lors du Game 5 contre les Warriors (+32 d’avantage). Gobert aura notamment un nouveau rôle de facteur X à jouer contre Isaiah Hartenstein et Chet Holmgren, qui devrait lui donner bien plus de travail que n’ont pu le faire les Lakers sans intérieur et les Warriors en « small ball ».
– La gestion des fins de match. Gros point faible des Wolves durant la saison régulière (24e bilan dans le clutch, des matchs avec cinq points d’écart maximum dans les cinq dernières minutes), leur capacité à bien finir les rencontres a fait un bond en avant depuis le début des playoffs. Le bilan de Minnesota est immaculé : quatre matchs en quatre rencontres de la sorte, avec une attaque magnifiquement réglée (2e moyenne de points des phases finales, 60,9 % au tir, 58,3 % de loin) et un ratio +/- énorme de +7,3. Oklahoma City ne s’est pas montré aussi convaincant, en laissant filer le Game 1 contre les Nuggets, puis en manquant sa prolongation dans le Game 3. Les hommes de Mark Daigneault devront monter en régime dans les dernières minutes, alors que trois des quatre oppositions en saison régulière sont restées longtemps serrées.
Saison régulière
2-2
– 31 décembre : Oklahoma City – Minnesota (113-105)
– 13 février : Minnesota – Oklahoma City (116-101)
– 23 février : Minnesota – Oklahoma City (123-130)
– 24 février : Oklahoma City – Minnesota (128-131, après prolongation)
Verdict
Oklahoma City, 4-2. Qu’il est difficile d’être catégorique sur cette série. Sur le papier, les Wolves semblent être un adversaire favorable à Oklahoma City. Le Thunder a des solutions à foison pour limiter l’impact d’Anthony Edwards, et les limites à la création offensive de Minnesota ont tout pour offrir des boulevards à OKC en transition. C’était déjà en partie vrai contre les Nuggets, contre qui les partenaires de Shai Gilgeous-Alexander ont dû s’escrimer sept matchs pour se qualifier.
Minnesota est plus athlétique, plus grand et plus dur que Denver, et peut se servir du sillon que le champion 2023 a commencé à creuser pour contrecarrer les plans du meilleur bilan de la ligue. Il ne faudra sans doute pas s’attendre à des scores aussi élevés qu’en saison régulière entre ces deux équipes. On ne serait même pas surpris d’avoir un match sous les 100 points de part et d’autre comme au Game 4 entre le Thunder et les Nuggets. Mais OKC a plus d’atouts dans son jeu. Il faudra notamment suivre de près les choix tactiques de Mark Daigneault, qui pourrait davantage s’appuyer sur un seul intérieur pour contraindre les Wolves à se passer de Rudy Gobert.
Calendrier
Game 1 : à Oklahoma City, mardi 20 mai (2h30, dans la nuit de mardi à mercredi)
Game 2 : à Oklahoma City, jeudi 22 mai (2h30)
Game 3 : à Minnesota, samedi 24 mai (2h30)
Game 4 : à Minnesota, lundi 26 mai (2h30)
Game 5* : à Oklahoma City, mercredi 28 mai (2h30, si nécessaire)
Game 6* : à Minnesota, vendredi 30 mai (2h30, si nécessaire)
Game 7* : à Oklahoma City, dimanche 1er juin (2h30, si nécessaire)