Voilà 17 ans que la NCAA n’avait plus vu ça ! Il faut effectivement remonter à l’édition 2008 du tournoi national pour que le Final Four soit constitué uniquement des quatre têtes de série numéro un de la March Madness. L’opus 2025 n’a pas non plus été celui des surprises et des « upset » tonitruants. Mais ce dernier carré de cadors promet une lutte acharnée pour le titre entre ce qui s’est fait de mieux cette saison universitaire.
Le clin d’œil est presque parfait. Le Final Four 2008, qui était jusqu’alors le seul où les quatre têtes de série numéro un s’étaient qualifiées, avait eu lieu à l’Alamodome de San Antonio, l’ancienne salle des Spurs qui est à nouveau le théâtre des trois matchs pour le titre cette année. Le décor est le même, le casting, lui, est entièrement renouvelé. Auburn, Florida, Duke et Houston vont se jouer le trophée au terme d’une année remarquable, qui a vu les quatre équipes figurer à la fois dans le Top 10 des ratings offensifs et défensifs. La promesse d’un week-end de feu, qui pourrait consacrer le futur numéro un de la Draft, Cooper Flagg (Duke).
Auburn (#1) – Florida (#1) | 0h09 (sur BeIN Sports 1)
Avant de s’occuper du cas des Blue Devils, la première demi-finale mettra aux prises deux équipes aux vécus bien distincts. D’un côté, Auburn et sa deuxième participation à un Final Four après 2019. De l’autre, Florida, présent pour la sixième fois au Final Four et déjà titré à deux reprises en 2006 et 2007 grâce à la formidable génération Joakim Noah – Al Horford – Corey Brewer. Les Gators n’ont pas le brillant passé de UCLA ou North Carolina, mais ils font figure d’habitués aux sommets au XXIe siècle. Un statut dont ne peuvent pas se targuer les Tigers, avant d’arriver dans cette March Madness 2025 avec le statut de tête de série numéro un de l’ensemble du tableau.
Alors que leur saison semblait en phase descendante avec trois défaites en mars juste avant le tournoi, le coach Bruce Pearl est parvenu à remettre son équipe complètement à l’endroit.
Auburn n’a été mené que 22 secondes contre Michigan State lors de l’Elite Eight, dans un match dominé de la tête et des épaules par leur leader Johni Broome. À lui de se montrer tout aussi dominant face à celui qui a crevé l’écran par son talent durant cette March Madness, Walter Clayton Jr. L’arrière tourne à 22.3 points de moyenne dans le tournoi et a déjà tiré Florida de fins de match périlleuses par ses tirs ultra décisifs.
Le duel : Johni Broome – Alex Condon
Dans un monde où n’existerait pas Cooper Flagg, Johni Broome serait vraisemblablement le meilleur joueur unanime de la saison. L’intérieur n’a pas pour lui le côté clinquant du « freshman » de Duke. Mais il n’en est pas moins un formidable joueur, qui n’a cessé de passer des caps au fil de sa carrière universitaire passée entre Morehead State et Auburn. Fort en un-contre-un, défenseur remarquable, le joueur de 22 ans sait à peu près tout faire (18,7 points, 10,9 rebonds, 2,9 passes, 2,1 contres). Son retour sur le parquet après une grosse frayeur au coude contre Michigan State – « Je me sens mieux de jour en jour et je serai à 100% d’ici samedi » a-t-il assuré à ESPN – en dit long sur son impact dans le succès des Tigers.
La tâche d’Alex Condon s’annonce limpide : tenter de limiter au mieux Johni Broome quand il sera son adversaire direct, et protéger le cercle des Gators en couverture quand la star d’Auburn ira chercher des points faciles. Il lui faudra faire bien mieux dans ce registre que lors de l’Elite Eight, où il a été dominé par Darrion Williams (Texas Tech). Condon sera tout aussi précieux pour maintenir Florida comme la meilleure fac du pays au rebond offensif (39 % de leurs tirs manqués), où le joueur de 2m11m domine… Comme Broome, dixième meilleur joueur de NCAA en moyenne cette saison.
PARCOURS
Auburn
1er tour : 83-63 contre Alabama State (#16)
2e tour : 82-70 contre Creighton (#9)
Sweet 16 : 78-65 contre Michigan (#5)
Elite Eight : 70-64 contre Michigan State (#2)
Florida
1er tour : 95-69 contre Norfolk State (#16)
2e tour : 77-75 contre UConn (#8)
Sweet 16 : 87-71 contre Maryland (#4)
Elite Eight : 84-79 contre Texas Tech (#3)
Le chiffre : +21
Florida et Auburn se sont déjà rencontrés cette saison avant le Final Four, pour ce qui était alors la deuxième défaite de la saison seulement pour les Tigers, après 14 succès de rang. Les Gators avaient su effacer un début de match raté pour passer un cinglant 63-32 à leurs adversaires en 20 minutes et mener de 21 points en deuxième période (47-68, 81-90 score final). Le plus gros débours connu par Auburn de toute la saison.
Duke (#1) – Houston (#1) | 2h49 (sur BeIN Sports 1)
Etre une superstar NCAA est rarement un gage de long parcours durant la March Madness. Il faut remonter à Anthony Davis avec Kentucky (en 2012) ou encore Carmelo Anthony avec Syracuse (en 2003) pour retrouver trace d’une saison conclue par un titre de la part d’un très grand nom du basket universitaire.
Avec ce Final Four, Cooper Flagg a l’occasion de prouver – une fois de plus – qu’il est d’une classe à part. L’attraction numéro un de la saison a répondu à toutes les attentes, voire les a surpassées tant il a fait preuve de talent et de maturité. Le futur numéro un de la Draft (sauf catastrophe) peut ajouter une ligne de plus à son profil, celle d’un joueur capable d’amener son équipe au bout dans les grands moments.
Effacer Houston en sera un premier. Les Cougars sont en progrès constants sous les ordres du coach Kelvin Sampson qui a fait de son équipe une forteresse défensive impressionnante : 50 points encaissés seulement contre Tennessee lors de l’Elite Eight, le 22e adversaire laissé sous les 60 unités en 38 matchs cette saison !
L’opposition de style entre les deux équipes est quasi totale entre la meilleure défense de NCAA, et la meilleure attaque, Duke. Les Blue Devils tournent à 56.2 % au tir durant ce tournoi, dont 47.3 % à 3-points. Difficile d’imaginer toute leur classe biberon avec Flagg mais aussi Kon Knueppel et Khaman Maluach pouvoir en faire autant contre des Cougars bien plus expérimentés, et qui plus est revanchards. Houston était tombé l’an dernier au Sweet 16, battus par… Duke, qui n’avait alors encaissé que 51 points.
Le duel : Cooper Flagg – J’Wan Roberts
Sa blessure à la cheville juste avant la March Madness semble bien de l’histoire ancienne pour Cooper Flagg. Avec 19.5 points, 7.8 rebonds, 5.3 passes et 1.8 contre dans le tournoi, l’ailier affiche des chiffres tous en hausse par rapport à sa moyenne en saison régulière.
Sa performance XXL contre Arizona lors du Sweet 16 (30 points, 7 passes, 6 rebonds, 3 contres) et quelques actions d’éclat dans un match serré ne laissent aucun doute sur sa capacité à se transcender avec l’enjeu.
« Comment vous arrêtez Cooper Flagg ? Et bien, c’est une question un peu stupide, vous ne pouvez pas » a assuré l’entraîneur des Cougars Kelvin Sampson à l’émission The Herd de Fox Sports lundi. Son escouade semble pourtant la mieux armée de toute la NCAA pour le limiter. Houston encaisse moins de 22 points par match dans la raquette, là où Cooper Flagg reste le plus menaçant, en pénétration.
J’Wan Roberts, un ailier fort de « métier » devrait être la première lame sur le leader de Duke pour lui offrir un défi physique de poids (2m03, 107 kilos et une place dans la meilleure équipe défensive de la conférence Big 12). Le natif des Iles Vierges devra notamment surveiller ses fautes, alors qu’il a été limité à 16 minutes lors du tour précédent.
Houston ne serait sans doute pas contre non plus l’apport offensif de Roberts, comme il avait su le montrer en début d’année avec une série de huit matchs à 16,9 points et 6,5 rebonds en janvier et février.
PARCOURS
Duke
1er tour : 93-49 contre Mount St. Mary’s (#16)
2e tour : 89-66 contre Baylor (#9)
Sweet 16 : 100-93 contre Arizona (#4)
Elite Eight : 85-65 contre Alabama (#2)
Houston
1e tour : 78-40 contre SIU Edwardsville (#16)
2e tour : 81-76 contre Gonzaga (#8)
Sweet 16 : 62-60 contre Purdue (#4)
Elite Eight : 69-50 contre Tennessee (#2)
Le chiffre : 60-2
Soixante victoires pour deux défaites, c’est le bilan cumulé des deux équipes depuis le mois de décembre. Duke et Houston arrivent lancés au meilleur des moments. Et même si les Cougars ont dû s’employer pour écarter Purdue au Sweet 16, les deux équipes surfent sur une superbe dynamique en arrivant à San Antonio, avec des larges victoires lors de l’Elite Eight.