Après un petit passage en anglais, match international oblige, Freddy Fauthoux a pu reprendre ses aises dans sa langue maternelle, pour exprimer sa satisfaction du travail accompli après une phase de qualification parfaite, avec six victoires en six rencontres. Même si cette sixième a été longue à se dessiner…
Freddy, quelle est votre réaction après ce nouveau succès, arraché sur le fil avec ce tir au buzzer d’Elie Okobo ?
Je n’aime pas trop dire qu’il ne faut pas perdre, je préfère la notion de « il faut gagner ». Ça me plait beaucoup parce qu’on a une équipe qui l’a fait sans trop bien jouer, parce qu’on a loupé des tirs ouverts, on a perdu des ballons très bêtes en début de match, des pertes de balles très inhabituelles pour des joueurs de ce talent-là, mais ça peut arriver. Par contre, ce qui ne doit jamais baisser, c’est l’abnégation. Et ça n’a pas baissé, de la part des douze joueurs, et ça c’est une vraie grosse satisfaction parce qu’ils sont allés chercher des victoires grâce à des valeurs qui ne sont pas du talent. C’est important pour la suite. On doit mieux jouer au basket, c’est sûr, mais face à une équipe rugueuse comme ça, je trouve qu’on s’en est bien sorti.
« Comme on n’a pas vraiment eu le temps de travailler des situations particulières sur ces fins de match comme ça, j’ai simplement demandé à Elie s’il voulait un pick & roll ou s’il voulait jouer le un-contre-un seul »
Vous avez remporté vos six matchs de qualification, était-ce aussi important de maintenir cette culture de la gagne qui fait maintenant partie de cette Equipe de France de basket ?
Ce sont des choses importantes pour la suite. On a fait un meilleur match en Croatie avec un enjeu différent et un contexte différent. Dans chaque match international, il faut avoir un engagement irréprochable. On a gagné avec une cohésion qui n’est pas facile à créer parce qu’on a un groupe différent.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qui s’est passé sur la dernière possession ? Quelles étaient les consignes ?
Déjà, sur la défense précédente, il ne fallait surtout pas qu’on prenne un trois points ou un deux points plus la faute, ça aurait été catastrophique mentalement. Ils ont réussi à revenir, marquer deux tirs, on doit l’accepter. Sur le dernier tir, comme Andrew l’a dit, Elie, c’est quelqu’un qui sait prendre ce genre de tirs. Et comme on n’a pas vraiment eu le temps de travailler des situations particulières sur ces fins de match comme ça, j’ai simplement demandé à Elie s’il voulait un pick & roll ou s’il voulait jouer le un-contre-un seul. On a choisi cette option-là.
Quel bilan tirez-vous de ces quatre premières victoires pour vous à la tête des Bleus ? Est-ce conforme à vos attentes de nouveau sélectionneur ?
On rêve toujours de tout gagner, mais je sais bien que ça n’arrivera pas. C’était quelque chose d’important pour poser les choses avec le staff et les joueurs. Mais dans les situations comme ça, on ne pense pas à soi, on pense à une globalité. Terminer ces qualifications invaincues, c’est ça qui était le plus important.
« La plus grosse insatisfaction reste tout de même les balles perdues, qu’on aurait vraiment dû éviter et limiter »
Vous avez tout de même beaucoup évolué en périphérie et vous terminez à un petit 10/33 à 3-points, est-ce un plan de jeu qui vous satisfait ? Ou auriez-vous préféré davantage de fixation à l’intérieur ?
On aurait dû jouer comme ça, [en mettant plus de ballons à l’intérieur]. Mais on n’a pas été adroit en début de match à 3-points, et derrière ils ont fermé la raquette et ont joué avec rudesse, on va dire, et il a fallu qu’on s’adapte à ça. À l’intérieur, on aurait dû plus scorer. C’est pas que je ne suis pas satisfait de ça mais on ne s’est pas mis en condition pour pouvoir faire ce qu’on voulait. La plus grosse insatisfaction reste tout de même les balles perdues, qu’on aurait vraiment dû éviter et limiter.
Cette fin de match sous tension n’est-elle pas un mal pour un bien pour la suite, sachant qu’il a fallu aussi garder calme et sang-froid ?
Il a fallu s’adapter au match. On a joué beaucoup avec Yoan [Makoundou] et Petr [Cornelie] à la fin, on voulait des intérieurs plus mobiles car, en face, ils nous ont mis beaucoup de 3-points et je voulais qu’on ait des défenseurs qui puissent changer sur tout le monde et arrêter ça. Sur le jeu, on a réussi à marquer des paniers sur les pénétrations d’Adam (Mokoka), c’est ce qu’on voulait voir. On aurait voulu en voir plus. Comme les tirs de Matthew (Strazel), qui aurait pu en prendre plus, avec des situations très ouvertes. Il a eu la bonne idée de les rentrer [en fin de match], il a été meilleur au scoring que dans la gestion.
Propos recueillis à Orléans