« Nous espérons que nos arbitres seront équipés de tout ce dont ils ont besoin pour diriger les matchs aussi correctement et équitablement que possible. » Ainsi s’exprimait un dirigeant de la FIBA, quelques jours avant le démarrage de la Coupe du monde, pour vanter les mérites d’un stage de préparation, à Manille (Philippines), dédié aux arbitres de la compétition.
Alors que le premier tour du rendez-vous international touche à sa fin, de nombreuses voix se font entendre pour remettre en question ces bonnes intentions initiales. Dernier exemple en date, le sélectionneur de la Lettonie, Luca Banchi, et l’un de ses joueurs vedettes, Davis Bertans, qui ont peu goûté aux décisions arbitrales subies face au Canada.
« Mon sentiment est que les contacts n’ont pas été jugés selon les mêmes critères dès le départ. Trois arbitres américains, cela ne me semble pas juste », s’agaçait le coach, sanctionné d’une faute technique, en référence aux officiels originaires d’Argentine, États-Unis et Porto-Rico. Avant d’ajouter : « Ne regardez pas les noms qu’ils portent sur leurs maillots. (Arturs) Zagars méritait le même traitement que (Shai Gilgeous) Alexander. Ce n’est pas une question de salaire, de popularité ou d’âge. »
Rudy Gobert ne mâche pas ses mots
« On a eu des problèmes de fautes, impossible donc de continuer à jouer agressivement en défense. […] Je vais avoir des problèmes si je commente certaines choses. Je ne ferai donc pas de commentaires à ce sujet. Tous ceux qui connaissent le basket voient ce que je veux dire », ajoutait plus prudemment son shooteur, désormais membre du Thunder.
Encore plus tôt, Rudy Gobert avait pris moins de pincettes pour évoquer l’arbitrage de la rencontre face à la Lettonie, dont la fin de partie avait été marquée par l’expulsion de Nando de Colo, mais aussi une faute sévère sifflée contre Gobert au rebond offensif dans le « money time ». « Ils ont aussi eu des coups de sifflet de l’espace d’un arbitre qui est nul à chier. Je ne sais même pas pourquoi les arbitres sont là, honnêtement. L’antisportive est déjà incroyable, ma faute à la fin… Enfin bref, ce n’est pas pour ça qu’on perd. »
On a aussi entendu le sélectionneur iranien, Hakan Demir, se plaindre d’avoir vu les arbitres décider du sort du match face à la Côte d’Ivoire avec des décisions hasardeuses. Sans oublier les contestations australiennes à l’issue de leur rencontre perdue sur le fil face à l’Allemagne.
Des années d’expérience
On pourrait multiplier les exemples de ce phénomène de remise en question des coups de sifflet, devenu un marronnier des compétitions internationales. Déjà lors de la précédente compétition majeure, l’Euro 2022, où les critiques n’avaient pas non plus manqué, la FIBA avait dû reconnaitre des erreurs. Et promis de continuer « d’évaluer les performances des arbitres, en prenant toutes les mesures nécessaires tout au long de la compétition ».
En amont de cette Coupe du monde, la Fédération internationale s’était réjouie de pouvoir compter, pour la première fois de l’histoire de cette compétition phare, trois femmes (Amy Bonner, Blanca Burns et Jenna Reneau) arbitres sélectionnées parmi un groupe de 44 officiels. Des arbitres en majorité expérimentés avec une moyenne de « 11 années d’expérience FIBA ».
La Fédération précisait que plus de 25 arbitres de cette liste avaient pris part à la précédente Coupe du monde, en 2019, tandis que 18 d’entre eux étaient présents au tournoi olympique de Tokyo en 2021. Gage de qualité absolue ? Pas nécessairement, alors que Basket News avait demandé à la FIBA, à l’issue du dernier Euro, pourquoi les arbitres d’EuroLeague n’étaient pas sollicités pour ses compétitions.
Quid des arbitres d’Euroleague ?
« Pour avoir le meilleur, il faut comparer et disposer d’une base de données. Ce n’est pas comme si nous prenions les noms que nous connaissons le mieux. Non, il y a des critères et c’est très important. […] Si nous n’avons pas de données, comment pouvons-nous (les) inclure ? », avait renvoyé Kamil Novak, directeur exécutif de FIBA Europe. Ce dernier suggérait alors de regarder l’Euro 2015 et de vérifier à quel point les joueurs et les entraîneurs se plaignaient des arbitres à l’époque. Il s’agit du dernier tournoi auquel ont participé les arbitres d’Euroleague…
Reste que, arbitre d’Euroleague ou pas, cette critique décomplexée est toujours d’actualité. Elle est peut-être dû au fait que, contrairement aux politiques en vigueur en NBA, joueurs et entraîneurs sont rarement sanctionnés pour leurs prises de parole. Dans son règlement, la Fédération prévoit pourtant un certain nombre de sanctions en cas de violation de son code de conduite.
Après avertissement, un individu est passible de blâme, d’amende, jusqu’à 100 000 francs suisses (environ 104 000 euros), de suspension… Mais ces mesures sont très rarement actées alors que la FIBA mentionne dans les « règles d’or » de son code disciplinaire : « Ne blâmez pas l’arbitre ou toute autre personne. Les arbitres sont là pour maintenir la discipline et le fair-play. Il faut toujours accepter leurs décisions sans discuter »…