Alors que le football y est très largement souverain, particulièrement en ce moment avec les arrivées à la pelle de plusieurs gros noms du circuit dont Benzema et Neymar, et que d’autres disciplines y ont déjà pignon sur rue (UFC, Formule 1, tennis ou encore golf), voilà que le basket a décidé de s’installer à Abu Dhabi. Après les matches amicaux entre les Hawks et les Bucks en 2022, c’est carrément Team USA qui a posé ses valises pour un mini-stage avec deux matches amicaux à venir face à la Grèce, puis l’Allemagne. Dans quelques semaines, ce sont les Mavericks de Luka Doncic et les Wolves de Rudy Gobert qui confirmeront cette implantation du ballon orange aux Emirats arabes unis.
« C’est notre mission de faire du basket la communauté sportive la plus populaire du monde », assure d’ailleurs Andreas Zagklis, le secrétaire général de la FIBA. « Et nous n’y parviendrons pas si nous ne rapprochons pas notre événement phare de nos fans et des personnes qui sont impatientes de voir les meilleurs joueurs du monde et de devenir des fans inconditionnels de basket. »
Avec les Emirats arabes unis, le complexe sujet des droits de l’homme
Mais la réalité des choses est un peu plus complexe, et l’accueil d’évènements sportifs dans certaines zones du monde provoque évidemment davantage la surprise que dans d’autres zones. Pour les Émirats arabes unis, au même titre que la Qatar l’hiver dernier lors de la Coupe du monde de football (où se jouera aussi le prochain Mondial de basket en 2027), ou même la Chine auparavant, c’est évidemment la question des droits de l’homme qui revient sur la table. Mais comme la FIBA, la NBA balaie l’idée d’un débat, en se concentrant sur son expansion.
« Je commencerais par dire que la mission globale de la NBA est d’inspirer et de connecter les gens, partout dans le monde, par le basket », se justifie à ce sujet Mark Tatum, le bras droit d’Adam Silver. « Le basket est joué et regardé dans tous les régions du monde, et il n’y a donc pas de limites aux gens qui veulent consommer la NBA. »
Il y a en revanche des limites à l’implication des joueurs et des staffs, acteurs principaux de ces évènements sportifs, et certains reconnaissent que leur position n’est pas aisée.
« C’est intéressant, et je dois dire pas toujours facile pour un athlète ou un coach de se mêler aux questions sur les affaires internationales et les droits de l’homme. Nous, en tant que citoyens américains représentant l’équipe nationale des Etats-Unis, nous soutenons bien sûr les droits de l’homme partout sur le globe. Nous essayons d’être des ambassadeurs de la bienveillance », assure d’ailleurs Steve Kerr, particulièrement sensible à ses sujets depuis que son père a été assassiné en 1984 sur le campus de l’Université Américaine de Beyrouth, dont il était le président. « Mais nous avons aussi conscience de la réalité des choses, qui est que partout dans le monde, des gens ne vivent pas bien, ne sont pas bien traités. Donc il y a une sorte de combinaison, entre cette compréhension de ces situations et le respect que nous avons pour ces situations. Mais il y a aussi l’idée que nous essayons d’aider des gens dans le monde. »
Pour la NBA, Abu Dhabi est un marché à conquérir, comme l’était la Chine avant le couac provoqué par le tweet de Daryl Morey. Avec le recul, ce même Steve Kerr avait regretté de ne pas avoir soutenu… Morey. Mais pour la ligue, il s’agit d’abord de penser aux fans avant leurs dirigeants politiques.
« Nous avons conscience que le monde est complexe, et que notre ligue doit faire face à des problèmes sérieux, comme n’importe quelle autre entreprise qui opère à l’international », conclut Mark Tatum. « Notre mission est de connecter les gens par le basket. Mais cela ne signifie pas que nous sommes d’accord avec tout ce qui se passe dans les 200 pays dans lesquels nos fans suivent notre championnat. Mais nous montrerons toujours l’exemple avec nos valeurs, et notre priorité demeurera de connecter et d’inspirer les gens, où qu’ils habitent dans le monde. »
Crédit photo : NBA.com