C’est toujours la première question qui vient en tête quand un rookie débarque chez les Warriors : y a-t-il une place pour lui dans la rotation ?
Les exemples de Jonathan Kuminga et Moses Moody, tous les deux sélectionnés dans la « lottery » en 2021 mais utilisés avec parcimonie par Steve Kerr, démontrent que ce n’est jamais gagné d’avance pour des jeunes qui débutent une carrière NBA dans la Baie. Le premier a joué 17 minutes en moyenne la saison dernière, tandis que Moses Moody, qui a passé beaucoup de temps en G-League, a dû se contenter de 12 minutes par rencontre.
Il est donc logique de s’attendre au même « traitement » pour les rookies du club de cette cuvée 2022, Patrick Baldwin Jr (28e), Ryan Rollins (44e) et Gui Santos (55e). Surtout que les Warriors vont attaquer la saison 2022/23 dans la peau des tenants du titre.
Le premier, sur lequel les dirigeants de la franchise aux 4 titres en 8 saisons ont quand même misé avec un choix du premier tour malgré une saison « freshman » clairement ratée, devrait jouer en fin de rotation. Le troisième, qui évoluait au Brésil depuis 2018, ne devrait pas débuter sa carrière NBA dans l’immédiat.
Mais qu’en est-il du second ?
Un transfert de dernière minute juste pour lui
Sélectionné avec le 44e choix après deux saisons à la modeste fac’ de Toledo, Ryan Rollins (18.9 points, 6 rebonds, 3.6 passes la saison dernière) devrait lui aussi intégrer la rotation des « Dubs » dès la rentrée.
C’est Bob Myers, le GM du club, qui évoque cette possibilité, rappelant que les Warriors sont montés dans la Draft, en échangeant leur 51e choix et une compensation financière avec le 44e choix des Hawks pour précisément s’assurer de pouvoir choisir Ryan Rollins. Ils avaient procédé de la même manière avec Jordan Bell en 2017, « acheté » 3.5 millions aux Bulls.
« Je remercie Joe [Lacob] d’avoir accepté de dépenser les 2 millions de dollars nécessaires pour obtenir ce choix. C’était le choix logique, nous ne pensions pas qu’il serait disponible en 51e position. » résumait Bob Myers. « A ce stade de la Draft, l’écart de talent entre Ryan et le gars d’après était immense. C’est pour cela que nous sommes montés jusqu’à la 44e position. »
Une marque de confiance importante de la part des champions en titre, que le jeune arrière apprécie.
« J’apprécie beaucoup le geste, ça veut dire beaucoup pour moi. Cela montre que Bob croit en moi, et je crois aussi beaucoup en mes capacités. » déclarait le rookie. « J’avais simplement besoin d’une opportunité, car je sais que je suis suffisamment bon pour jouer dans cette ligue. J’ai désormais cette opportunité devant moi, et j’entends bien la saisir pour prouver ma valeur. »
S’adapter pour exister
Maintenant, reste à savoir comment Ryan Rollins pourrait être utilisé par Steve Kerr.
Arrière naturel mais porteur de balle en NCAA car il sait déjà créer son tir, on l’imagine mal dans ce rôle chez les Warriors, où Stephen Curry, Draymond Green voire Jordan Poole sont les porteurs de balle principaux.
En revanche, il coche une case importante quand on joue pour les Warriors : il sait tirer derrière l’arc. Son pourcentage de réussite la saison passée dans cet exercice, qui est à contextualiser, laisse entendre le contraire (31.1% sur 4.4 tentatives), mais Ryan Rollins a un poignet aiguisé. Loin du ballon, en gravitant autour de Steph Curry et Draymond Green et surtout en profitant de l’impeccable système offensif des Warriors, il pourrait alors se rendre utile par son tir.
Mais pour le principal intéressé, il n’est pas encore l’heure de parler tactique : se considérant comme un joueur capable de s’adapter à n’importe quel environnement, il fera ce qu’on lui demandera, tant que cela peut lui permettre de jouer.
« J’ai joué avec des groupes différents, dans des environnements variés depuis que je suis jeune. Donc je pense qu’une de mes qualités, c’est de pouvoir m’adapter. » jugeait-il. « Je pars du principe que si on sait jouer au basket, alors on peut jouer quelque soit le contexte. Peu importe les coéquipiers, il faut être capable de vite comprendre les automatismes, le système, les forces et les faiblesses, les préférences des uns et des autres. Et je pense que je suis capable d’identifier toutes ces choses. »
A l’instar de ses deux nouveaux coéquipiers, Jonathan Kuminga et Moses Moody, on imagine de manière réaliste un apprentissage en douceur pour Ryan Rollins durant sa première année chez les grands. Dans un effectif qui va défendre son titre, l’arrière pourrait jouer une dizaine de minutes en saison régulière, tout en gardant le rythme en G-League.
Avant, qui sait, de monter progressivement en puissance et de s’imposer comme un « steal » de sa classe de draft au bout de quelques années, un peu à la manière de son autre nouveau coéquipier, Jordan Poole, cette saison.
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