Inquiétante en préparation, mais quasi au complet au moment d’attaquer la compétition, l’Equipe de France quitte Tokyo avec une médaille d’argent, et le même bilan chiffré que les Etats-Unis : 5 victoires pour une défaite. La France est d’ailleurs la seule équipe à avoir dompté Team USA, mais Kevin Durant et les siens ont pris leur revanche dans la rencontre qui comptait le plus, la finale.
Les troupes de Vincent Collet n’ont pas à rougir de cette superbe médaille d’argent que peu leur promettaient il y a encore deux semaines. Après le bronze à la Coupe du monde 2019, la France confirme sa place parmi les meilleures équipes de la planète, et le plus excitant, c’est de se dire que cette équipe a les moyens de faire aussi bien dans trois ans, à Paris pour les JO 2024, ou même avant pour l’Eurobasket 2022.
Avec Rudy Gobert, Evan Fournier mais aussi Nicolas Batum et peut-être Nando De Colo, cette équipe de France peut faire aussi bien que celle de Tony Parker et Boris Diaw, et aller chercher l’or. A condition d’apporter du sang-neuf puisqu’à Tokyo, un seul joueur avait moins de 25 ans : Frank Ntilikina.
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Rudy Gobert : 12.2 pts, 9.3 rbds, 0.8 ct, 64% aux tirs, 18.2 d’évaluation
Triple meilleur défenseur de l’année et double All-Star, le Français est tout simplement le meilleur pivot de la compétition. Moins contreur qu’au Jazz même s’il a réalisé quelques scotchs exceptionnels, il est en revanche davantage utilisé en attaque, et il a prouvé qu’il pouvait être un point d’ancrage. Comme lors des deux matches face aux Etats-Unis, mais aussi en quart de finale contre l’Italie. Espérons pour lui que Quin Snyder a regardé les matches, et qu’il va préparer quelques systèmes pour son pivot. En revanche, son petit 54% aux lancers-francs coûte cher en finale…
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Evan Fournier : 18.7 pts, 3.2 rbds, 2.5 pds, 46% aux tirs, 13.5 d’évaluation
Après la retraite de Tony Parker, la France avait besoin d’un leader d’attaque, et on peut compter sur le nouvel arrière des Knicks pour assumer ses responsabilités. Son match de poule face aux Etats-Unis était d’un très haut niveau, et il a souvent tenu la baraque lorsque la France avait besoin d’un coup de boost. Sa finale est moyenne, mais on n’oubliera pas ses perf’ face à l’Italie et la Slovénie. C’est un leader par la voix et l’exemple.
Nicolas Batum : 7.7 pts, 6.2 rbds, 2.8 pds, 40% aux tirs, 14.2 d’évaluation
Un contre qui restera dans les annales de l’histoire pour avoir envoyé les Bleus en finale, mais aussi et surtout un volume de jeu énorme, et de grandes qualités défensives. « Batman » termine meilleur contreur des Bleus, et le 3e à l’évaluation. Il avait été très bon avec les Clippers, et ses Jeux olympiques sont dans la même lignée. Plus effacé en finale, il reste ce « glue guy » et ce relais de Vincent Collet sur les terrains qui lui a donné le plus gros temps de jeu. Batum a rempilé pour deux ans aux Clippers, et peut-être sera-t-il toujours là, en 2024, pour une dernière olympiade à Paris.
Nando De Colo : 13.5 pts, 6.2 pds, 4.5 rbds, 49% aux tirs, 17.8 d’évaluation
Lui aussi est un leader, et c’est tout simplement l’un des arrières les plus complets de la compétition. De Colo ne recule devant personne, et son expérience et son intelligence de jeu ont été encore très précieuses, notamment en défense pour couper les lignes de passes puisqu’il termine meilleur intercepteur des Bleus. C’est peut-être la compétition la plus aboutie pour lui tant il maitrise ses temps forts et ses temps faibles. A 34 ans, aura-t-il encore les cannes et le coffre pour aller jusqu’à Paris ?
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Timothé Luwawu-Cabarrot : 9.0 pts, 3.5 rbds, 1.2 pd, 46% aux tirs, 10.7 d’évaluation
La France s’est découvert ce « 3-and-D » que chaque franchise NBA recherche. « TLC » avait réalisé une belle saison régulière avec Brooklyn, et il s’est imposé comme un cadre des Bleus par sa défense bien sûr, mais aussi par ses prises de risque en attaque. On savait que c’était un joueur à l’aise sur transition, et on l’a découvert capable de sanctionner à 3-points. Son mental est costaud, et à 26 ans, il représente l’avenir de l’Equipe de France.
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Guerschon Yabusele : 6.3 pts, 3.7 rbds, 1.3 pd, 38% aux tirs, 5.7 d’évaluation
De la même génération que « TLC », Yabusele est l’autre bonne surprise des Bleus. Le futur ailier-fort du Real Madrid a gagné ses galons de titulaire, et c’est plutôt mérité, tant il est complémentaire de Rudy Gobert. C’est un profil que les Bleus n’avaient pas à ce poste : un vrai ailier-fort qui apporte du muscle, des rebonds, des claquettes, mais aussi des shoots à 3-points. On l’a aussi vu, en finale, très bien défendre sur Kevin Durant. On devrait le revoir à l’Euro en 2022.
Thomas Heurtel : 8 pts, 2 rbds, 3.5 pds, 44% aux tirs, 7.2 d’évaluation
Après une préparation compliquée, Heurtel a manqué de régularité, et il n’a pas été ce joker fiable qui faisait tant de bien dans les compétitions précédentes. Electron libre, il prend beaucoup de risques. C’est ce qu’il a toujours fait, et malheureusement, en finale, cela coûte cher avec des balles perdues et des shoots manqués. On n’oubliera pas tout de même qu’il a fait beaucoup de bien face à l’Italie
Vincent Poirier : 5.4 pts, 3 rbds, 67% aux tirs, 7 d’évaluation
Doublure de Rudy Gobert, le pivot du Real Madrid a prouvé qu’il n’avait rien perdu de ses qualités malgré deux saisons sur les bancs NBA. Il est toujours intéressant par son altruisme, et il a été le coup de poker de Vincent Collet lors du premier match face aux Etats-Unis avec ce choix, payant, du « Tall Ball ». S’il avait un shoot extérieur, on l’aurait sans doute vu davantage, mais c’est un coéquipier modèle, et son état d’esprit est remarquable. Indispensable dans un groupe.
Mustapha Fall : 3.8 pts, 2.3 rbds, 73% aux tirs, 5.8 d’évaluation
Il a davantage joué que Poirier, et il a toujours répondu présent. Physiquement, il en impose, et on a vu que ses bonnes mains, mais aussi ses appuis lui permettaient de s’approcher près du cercle et de marquer. Collet sait qu’il peut compter sur lui pour aller au combat, même s’il est en difficulté face à des intérieurs plus mobiles.
Non notés
Frank Ntilikina : 2 pts, 1.8 pd, 27% aux tirs, 2.8 d’évaluation
Blessé au début de l’aventure, il n’a pas réussi à peser lors de ses différentes entrées en jeu. Au final, ce qu’on retient de lui, c’est ce 3-points qui entretient l’espoir dans le 4e quart-temps de la finale. Pour Collet, il passe derrière Heurtel dans la hiérarchie, et même derrière Andrew Albicy, lui aussi blessé.
Andrew Albicy : 0 pt, 1 pd, 0.7 rbd, 0% aux tirs, 0.3 d’évaluation
Touché à la cuisse, Albicy n’aura finalement joué que trois bouts de match, et il n’a pas inscrit le moindre point… On sait que son apport ne se limite pas au terrain, et c’est aussi, comme Poirier, quelqu’un d’essentiel par son caractère et son super état d’esprit.
Petr Cornelie : 1.7 pt, 2.0 rbds, 40% aux tirs, 3.3 d’évaluation.
Le « rookie » du groupe était surtout là pour apprendre. Son profil est intéressant car il peut être cet ailier-fort de grande taille, capable d’écarter le jeu, mais aussi de se projeter sur contre-attaque. A revoir dans un an à l’Euro.
Le coach
Vincent Collet : 5 victoires – 1 défaite
Souvent contesté, même encore pendant la préparation, l’entraîneur des Bleus a fait taire toutes les critiques en remportant ce premier duel face aux Etats-Unis avec un choix fort en cours de match : aligner deux pivots en même temps. Il a utilisé cette arme à plusieurs reprises, et c’est le signe d’un coach qui s’adapte. Ce que l’on retient aussi, c’est un collectif avec une forte identité. Il n’y a pas de Doncic ou de Durant en Equipe de France, et le salut passe par plusieurs options en attaque avec des systèmes bien construits, et du jeu séduisant. Sans oublier cette défense, l’une des meilleures de la compétition grâce à des joueurs agressifs et mobiles, capables de défendre sur plusieurs postes comme Batum et Luwawu-Cabarrot, et bien sûr aussi le meilleur pivot défensif de la planète.