Les Hawks n’en demandaient pas tant. Comme les Rockets se sont décidés à brader leur pivot titulaire en février de la saison dernière, pour s’engager à fond dans le « small ball », la franchise de Géorgie a sauté sur l’occasion, voyant là une formidable opportunité de faire progresser un groupe jeune et ambitieux avec un pivot de référence, à 25 ans, bien que blessé à la voûte plantaire et au talon au moment de faire ses valises.
Même s’il atterrissait dans une franchise en plein développement, ce trade n’a pas été facile à digérer. Il savait ce qu’il quittait en partant de Houston. Qu’est-ce que l’avenir allait lui réserver à Atlanta ? « J’ai été surpris, mais j’ai aussi eu l’impression que l’équipe était sur le déclin. J’avais peur de ne plus jamais retrouver une telle ambiance, une équipe qui gagne, qui participe aux playoffs chaque année ».
Plus considéré à Atlanta qu’à Houston
Plus de 14 mois après, le bilan est évidemment positif, et Clint Capela était bien cet élément qui manquait aux Hawks de Trae Young et John Collins pour prendre leur envol.
« Je pense que personne ne s’attendait à ce que les Hawks soient là où ils sont aujourd’hui, et Clint en est probablement la raison principale », rappelle le nouveau coach, Nate McMillan. Meilleur rebondeur de la ligue, quatrième meilleur contreur, l’ancien joueur de l’Elan Chalon réalise également l’une de ses saisons les plus abouties en carrière, sur le plan de l’attaque.
En l’espace d’un an, Clint Capela a l’impression d’avoir grandi plus vite. À Houston, sa voix ne pesait pas autant que cette saison avec Atlanta. Aux Rockets, il restait plus ou moins le rookie, celui qui a appris l’anglais sur le tas et avait parfois du mal à discuter avec ses camarades, au début de son aventure en NBA.
À son arrivée aux Hawks, il a été davantage considéré et écouté. Au sein d’un groupe plus jeune, il est presque devenu « l’ancien », celui avec lequel Nate McMillan échange pour sonder son groupe avant de décider de l’emploi du temps à mettre en place, celui qui négocie aussi d’éventuels jours de repos ou des séances vidéo plus courtes.
Ce qui l’a principalement marqué dans la différence de fonctionnement de la franchise des Hawks par rapport à celle de Houston découle du même aspect. On se parle à Atlanta, là où le silence a parfois régné au Texas, avec des épisodes similaires, qui ont eu tendance à se multiplier à tous les étages, provoquant les départs de Chris Paul, puis de Clint Capela, Russell Westbrook et finalement James Harden.
« À Houston, la communication était un problème. Soit ils ne voulaient pas dire quelque chose, soit ils ne savaient pas comment le dire. Ce que j’en retiens, c’est qu’il suffit d’y aller et de le dire. Si vous vous exprimez de la bonne façon et que vous êtes poli, ça devrait bien se passer à tous les coups », assure Clint Capela.
Son association avec Trae Young déjà au point
Alors qu’ils avaient également Andre Drummond et Steven Adams dans le viseur, sa venue a d’ailleurs été le fruit d’un dialogue constructif entre le « front office », Trae Young et John Collins. La bonne intégration du Suisse nécessitait en effet un ajustement du jeu de ce dernier, qui allait moins combiner sur « pick-and-roll » avec Trae Young et allait devoir étoffer son jeu en s’éloignant davantage de la peinture. Challenge accepté !
« Récupérer de meilleurs joueurs signifie que vous allez devoir vous améliorer ou faire un pas en arrière. Et je ne voulais pas faire un pas en arrière », résume John Collins, conscient de la progression collective possible avec Clint Capela.
Paradoxalement, la pandémie l’a aidé puisqu’elle lui a permis de se remettre pleinement de ses blessures. Le temps passé loin des terrains l’a également aidé à développer sa connexion avec Trae Young. Car au-delà des claquettes et des paniers arrachés après rebonds offensifs, Clint Capela, à la palette offensive limitée, se nourrit surtout du jeu de « pick-and-roll » comme il le faisait avec James Harden, mêlant efficacité et spectacle.
Les deux joueurs ont beaucoup échangé jusqu’à la reprise, profitant également du premier mini-camp puis du second afin de parfaire leurs automatismes. « James est plus lent, il est dans l’analyse (de la couverture adverse) et peut prendre son temps. Trae est un plus rapide dans l’exécution et possède un gros toucher », analyse-t-il.
Trae Young aussi s’est adapté, mais son ajustement a semblé plus simple pour lui, dans le sens où la présence et les qualités de Clint Capela au rebond offensif lui offre davantage de marge d’erreur. « Parfois, j’envoie juste un « floater » juste parce que je sais que son coéquipier va venir contester et que si le ballon ne rentre pas, il va à Clint. C’est une bête », mentionne le meneur de poche d’Atlanta.
Quelle place dans la course au défenseur de l’année ?
Mais les premières qualités de Clint Capela restent la défense et la force de dissuasion. Et s’il ne le clame pas sur tous les toits, les chiffres en font un éventuel candidat pour le titre de meilleur défenseur de la saison. Sa discrétion dans les médias joue en sa défaveur pour son coéquipier Bogdan Bogdanovic.
« Les autres gars parlent de le gagner, et même s’ils le méritent, je ne pense pas que ce soit la meilleure façon de le faire. Clint ne parle pas, donc il n’a pas assez de crédit », tient-il à rappeler.
Au fil des années, Clint Capela a d’ailleurs appris a perfectionner sa défense, notamment dans sa capacité à rester sur ses appuis le plus longtemps possible. « Mon année rookie, je sautais dans tous les sens. J’ai appris qu’on ne pouvait pas faire ça. Si je saute et que je me manque, l’adversaire aura le loisir de scorer. Aujourd’hui, je rentre dans ta tête… Va-t-il sauter ou pas ? », décrit-il au sujet de cette évolution.
Parmi ses caractéristiques, figure aussi le combat, qu’il ne refuse jamais, quitte à se faire postériser en beauté comme ça a récemment été le cas par Miles Bridges. Une action qui a fait le tour de la planète et a renvoyé Nevada Smith, son premier coach au sein de l’équipe de développement des Rockets, à ses premiers conseils.
« Les gars qui jouent dur se feront dunker dessus. Les gars qui ne jouent pas dur ne se feront pas dunker dessus, mais ne feront pas carrière non plus », avait-il l’habitude de répéter.
Clint Capela a réussi, et ce que l’histoire ne retiendra pas forcément derrière ce poster, c’est que c’est lui qui a été l’homme de la fin de match en permettant à son équipe d’inverser la tendance et de l’emporter 105-101. Il en faut du caractère, pour se remettre d’un tel dunk afin d’aller chercher la victoire. Clint Capela est de ceux-là, privilégiant l’art à la manière. « Je ne me dis pas : « Je veux bien paraître » ou « Je veux faire un beau geste ». Ce à quoi je pense, c’est de dominer la peinture », conclut-il.
Clint Capela | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2014-15 | HOU | 12 | 8 | 48.3 | 0.0 | 17.4 | 0.8 | 2.2 | 3.0 | 0.2 | 1.2 | 0.1 | 0.4 | 0.8 | 2.7 |
2015-16 | HOU | 77 | 19 | 58.2 | 0.0 | 37.9 | 2.5 | 3.9 | 6.4 | 0.6 | 2.5 | 0.8 | 0.8 | 1.2 | 7.0 |
2016-17 | HOU | 65 | 24 | 64.3 | 0.0 | 53.1 | 2.7 | 5.4 | 8.1 | 1.0 | 2.8 | 0.5 | 1.3 | 1.2 | 12.6 |
2017-18 | HOU | 74 | 28 | 65.2 | 0.0 | 56.0 | 3.3 | 7.6 | 10.8 | 0.9 | 2.5 | 0.8 | 1.4 | 1.9 | 13.9 |
2018-19 | HOU | 67 | 34 | 64.8 | 0.0 | 63.6 | 4.4 | 8.2 | 12.7 | 1.4 | 2.5 | 0.7 | 1.4 | 1.5 | 16.6 |
2019-20 | HOU | 39 | 33 | 62.9 | 0.0 | 52.9 | 4.3 | 9.5 | 13.8 | 1.2 | 2.6 | 0.8 | 1.6 | 1.8 | 13.9 |
2020-21 | ATL | 63 | 30 | 59.4 | 0.0 | 57.3 | 4.7 | 9.6 | 14.3 | 0.8 | 2.3 | 0.7 | 1.2 | 2.0 | 15.2 |
2021-22 | ATL | 74 | 28 | 61.3 | 0.0 | 47.3 | 3.8 | 8.1 | 11.9 | 1.2 | 2.2 | 0.7 | 0.6 | 1.3 | 11.1 |
2022-23 | ATL | 65 | 27 | 65.3 | 0.0 | 60.3 | 4.0 | 7.1 | 11.0 | 0.9 | 2.1 | 0.7 | 0.8 | 1.2 | 12.0 |
2023-24 | ATL | 73 | 26 | 57.1 | 0.0 | 63.1 | 4.6 | 6.0 | 10.6 | 1.2 | 2.2 | 0.6 | 1.0 | 1.5 | 11.5 |
2024-25 | ATL | 55 | 21 | 55.9 | 0.0 | 53.6 | 3.2 | 5.4 | 8.5 | 1.1 | 1.9 | 0.6 | 0.9 | 1.0 | 8.9 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.