Si les Knicks sont dans le positif, à 23 victoires pour 22 défaites, bien calés dans le peloton de la conférence Est, à la 5e place au classement, c’est en grande partie grâce à la grosse saison du néo All Star, Julius Randle. Mais pas très loin derrière, on pourrait aussi placer la progression constante, et quelque peu oubliée, de RJ Barrett.
Dans sa deuxième saison NBA, et au sortir d’une non sélection dans les All-Rookie Teams, le jeune arrière canadien a effectivement progressé dans quasiment toutes les facettes de son jeu, que ce soit dans ses finitions près du cercle, son tir en suspension, ses lancers, son dribble et sa défense. A 21 points, 6 rebonds et 3 passes sur le mois de mars, Barrett semble même paré pour une fin de saison tout feu tout flamme.
Des progrès sur tous les fronts
Passé de 14 points, 5 rebonds, 2 passes pour sa première saison chez les grands, à 17 points, 6 rebonds, 3 passes cette année, la progression est légère, mais elle est significative. Car elle est sur tous les fronts. Cela se ressent d’autant plus quand on se penche sur les statistiques avancées.
A « taux d’usage » équivalent entre ses deux premières campagnes, son « offensive rating » est passé de 95 à 107. Sur 100 possessions, Barrett est également passé de 22,9 à 25,7 points. Son ratio de passes – balles perdues est également meilleur à 1,56 au lieu de 1,15. Plus encore, ses pourcentages d’adresse sont à la hausse à tous les niveaux : +5% aux tirs, +2,5% à 3-points et +12% aux lancers.
Depuis la mi-février dernier, Barrett a surtout fini 15 de ses 16 matchs au-dessus de la dizaine de points, et seulement quatre fois à moins de 15 points. Deuxième meilleur scoreur des Knicks, Barrett n’a jamais été aussi constant, solide match après match.
« En visionnant les vidéos de sa saison rookie, il était très frustré de voir le nombre de petites erreurs qu’il commettait, durant ses moments de fatigue », révèle son préparateur personnel, Drew Hanlen sur SNY. « Quand on regarde son tir maintenant par rapport à celui de la saison passée, on voit un shooteur beaucoup plus discipliné. Et un joueur plus efficace tout simplement. »
Trop souvent victime de la comparaison face à ses petits camarades de Draft, Zion Williamson et Ja Morant, Barrett n’a clairement pas leur rôle. Il est la deuxième option de son équipe derrière le All-Star local, Julius Randle, et il obtient beaucoup moins de ballons, 123e de la Ligue au nombre de touches par match, soit une trentaine de moins que Morant et une douzaine de moins que Zion.
En tout état de cause, Barrett est en passe de devenir le sixième joueur de l’histoire à tourner à 18 points, 6 rebonds, 3 passes (sur 36 minutes) avant d’atteindre 21 ans, avec des pointures comme LeBron James, Luka Doncic ou encore Zion Williamson…
Une mécanique de tir améliorée
La critique lancinante pour RJ Barrett, c’est qu’il n’arrive pas à shooter extérieur. Mais son pourcentage à 3-points est finalement à peine moins bon que celui de Luka Doncic, et meilleur que des joueurs étiquetés « shooteur » comme Tyler Herro, Bradley Beal voire Victor Oladipo.
Le tir de loin n’est clairement pas son point fort mais ses progrès dans le domaine sont très encourageants, car ces derniers permettent en fait à Barrett de déployer d’autant plus efficacement le reste de sa palette offensive, toute en percussion et en agressivité vers le cercle.
« Il a trouvé un très bon rythme », se félicitait récemment Thibodeau dans The Athletic. « Sa préparation lui donne beaucoup de confiance et c’est quelque chose qu’on souhaite qu’il continue à faire. Il a toujours eu cette capacité à scorer quand il est lancé, ça met beaucoup de pression sur la défense et il fait de bonnes lectures. Mais c’est surtout son adresse aux tirs qui lui ouvre beaucoup d’options. »
Une des raisons principales de sa progression tient effectivement à sa préparation durant l’intersaison. Avec Drew Hanlen, son préparateur physique attitré (mais celui de nombre d’autres stars NBA comme Bradley Beal, Joël Embiid, Jayson Tatum ou encore Zach LaVine et Andrew Wiggins), Barrett a modifié son geste de tir. Maintenant, son coude est un peu plus écarté et Barrett se tient un peu plus droit qu’avant, et les résultats commencent à venir.
« On a quasiment créé notre propre bulle à Orlando », souffle Hanlen. « On était à quelques kilomètres de la bulle NBA, à Montverde, son lycée. On s’entraînait deux fois par jour. Je dormais juste à côté de la salle, juste à côté de sa maison. On a fait un peu de tout mais on a surtout reconstruit son tir en suspension. On a bougé son coude un petit peu, on a amélioré sa posture. Et on a travaillé pour rendre son geste plus fluide. Il avait un geste en deux temps au lieu d’un geste plus souple en un seul temps. On a aussi travaillé son équilibre pour que chaque tir soit le plus constant possible. Il a pu développer sa confiance au fur et à mesure et il se sent maintenant beaucoup plus à l’aise. On doit continuer à travailler ça, quand il est bien reposé mais aussi quand il est fatigué. Pour qu’il puisse retrouver cette gestuelle même sur des tirs en déséquilibre. »
Après un catastrophique 9/50 à 3-points sur ses onze premiers matchs de la saison, Barrett a atteint son rythme de croisière à 47% avec un très propre 38/81 sur les quatorze matchs du mois de février. S’il est retombé à 35% sur le mois de mars, soit sa moyenne sur la saison peu ou prou, le filleul de Steve Nash a clairement franchi un cap. C’est certes encore insuffisant pour devenir l’option n°1 chez les Knicks, mais déjà un peu mieux que l’appréhension du rookie trop hésitant de l’an passé (32%).
Une année d’expérience sous le bras
Avec sa mécanique de tir passée au contrôle technique l’été dernier, Barrett peut graduellement piocher dans tout un tas de nouvelles options offensives qui s’ouvrent à lui sur le terrain. Il peut tout simplement laisser parler son QI basket très avancé, fort de ses expériences internationales très riches chez les jeunes notamment (dont le Hoop Summit 2018). Souvenez-vous, Barrett avait fait sensation lors de la Coupe du Monde des moins de 19 ans en 2017, finissant notamment MVP du tournoi, après avoir battu les USA quasiment à lui seul avec une demie légendaire à 38 points, 13 rebonds et 5 passes.
Avec des coupes intelligentes et bien senties, avec ses pénétrations et ses finitions créatives près du cercle ou ses petits tirs en suspension après avoir mystifié son défenseur, Barrett conclut 61% de ses tirs au cercle cette saison, son véritable point fort. Un peu comme son ancien coéquipier à Duke, Zion Williamson, en fin de compte…
« Bien sûr. Je travaille sur mon tir chaque jour. Les défenses adverses essayent de m’orienter vers la ligne de touche, de me faire partir sur ma main droite, donc j’essaie de me faufiler et de revenir sur ma main gauche. J’ai travaillé dur donc ça fait du bien de voir que ça se traduit sur le terrain. Mais j’ai encore beaucoup de choses à travailler. »
Du 13 janvier au 17 mars, soit 28 matchs, Barrett a shooté à un très bon 59% dans la « restricted area » qui est finalement sa zone préférentielle avec ses accélérations balle en main souvent conclues par un petit tir en crochet main gauche ou par un tir en suspension à reculons.
« Cette année, je ne force pas autant pour aller au cercle comme l’an passé. J’essaie d’être plus intelligent et de prendre des meilleurs tirs. Avec l’éventail de différents tirs que je prends, il y a moins de tentatives près du cercle. »
Barrett profite également de son physique costaud sur le poste d’arrière pour aller prêter main forte à ses intérieurs au rebond. De ce fait, le jeune Canadien figure au 20e rang des arrières (sur 125 joueurs) au taux de rebonds.
Une progression perpétuelle
A ce propos, s’il n’est pas le chien de garde n°1 de Thibodeau pour les postes extérieurs, Elfrid Payton, Reggie Bullock voire Frank Ntilikina se glissant alternativement dans ce costume, Barrett n’en demeure pas moins un défenseur tout à fait correct, fondamentalement sérieux dans son positionnement et capable de changer sur tous les arrières et ailiers de la NBA moderne.
Doté de bons instincts (bon sang ne saurait mentir), RJ Barrett est souvent sur les lignes de passe et il détient au final le meilleur score des Knicks en termes de « polyvalence défensive ».
« Au lieu de se demander si RJ tire à 40% après les matchs, j’adorerais qu’on parle plutôt de sa confiance qua
nd il les prend », nuance Hanlen. « Prend-il les bons tirs ? Fait-il les bons choix ? Fait-il du bon boulot sur ses missions défensives sur le porteur, sur les non-porteurs ? C’est comme ça qu’on doit juger sa saison. A-t-il fait des progrès dans les domaines qui sont importants pour la suite de sa carrière ? »
A ces questions, les réponses tendent unanimement vers l’affirmative. A 20 ans seulement, Barrett est en train d’effacer un à un les doutes que pouvaient avoir certains spécialistes sur son jeu. S’il n’est pas aussi adroit de loin que son coéquipier rookie, Immanuel Quickley, et s’il peut encore prendre plus d’importance à la création, Barrett a d’ores et déjà pour lui d’être un joueur ultra polyvalent, de plus en plus costaud et toujours plus efficace dans ses prises de décision.
« Pour tous les jeunes joueurs qui arrivent dans la Ligue, on tend à les comparer avec d’autres joueurs mais il ne faut pas faire ça », conclut Thibodeau dans The Athletic, à (très) juste titre. « Il y a toujours une progression à suivre. Faire des erreurs est une partie essentielle de l’apprentissage. Il a énormément appris l’année passée en l’occurrence. Et il continue d’avancer. Il a eu une grosse intersaison. Il continue à grandir. C’est un très bon travailleur, avec une très bonne attitude. Ce sont ces joueurs-là qui progressent continuellement. Si vous regardez les grands joueurs, ils ont tous eu ce type de progression, ils commencent rarement en étant très bon. J’ai eu plusieurs joueurs comme ça qui, année après année, s’améliorent. RJ sera l’un d’entre eux aussi. »
Son record en carrière à 32 points
https://www.youtube.com/watch?v=uvvi38Dqia0
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.