Si on dit souvent qu’on apprend davantage dans la défaite que dans la victoire, les Wolves ont pas mal appris depuis une saison et demie avec 91 revers au compteur.
Avec la nomination de Gersson Rosas au poste de président des opérations basket et la reconduction de Ryan Saunders à l’issue d’un exercice précédent déjà mouvementée, Minnesota s’est lancé dans l’exercice 2019-2020 avec beaucoup d’enthousiasme et d’espoir autour du tandem Wiggins/Towns.
Mais la saison a encore été marquée par de nombreux rebondissements, bons et mauvais, retardant l’éclosion de ces Wolves « new generation ». Car il ne faut pas oublier le départ plus qu’encourageant des hommes de Ryan Saunders qui ont figuré dans le Top 8 à l’Ouest jusqu’à début décembre.
Portés par un Karl-Anthony Towns plus fort que jamais, les coéquipiers de Josh Okogie ont aussi pu compter sur un Andrew Wiggins en pleine bourre qui a culminé à plus de 27 points par match sur le mois de novembre, permettant aux siens de se hisser jusqu’à la 5e place de la conférence après trois semaines de compétition.
Karl-Anthony Towns se blesse, les Wolves touchent le fond
Seulement voilà, la mécanique a vite déraillé lors de la blessure au genou de Karl-Anthony Towns survenue après un dernier match titanesque (39 points, 12 rebonds) face aux Clippers de Kahwi Leonard et Paul George (42 et 46 points), vainqueurs 124-117. Il faudra un long moment aux Wolves avant de se remettre de ce gros coup dur, une série de 11 défaites qui a définitivement plombé les espoirs de la franchise, pointant à la 13e place dès fin décembre.
La blessure de « KAT » a-t-elle été un mal pour un bien ? L’avenir le dira. Mais si les défaites se sont enchaînées, d’autres joueurs ont pu se montrer dans l’adversité et le « front office » a ainsi eu les coudées franches pour opérer un nouveau virage en montant deux gros trades juste avant la deadline, le 6 février dernier.
Le premier a envoyé Robert Covington et Jordan Bell à Houston mais aussi Shabazz Napier, Noah Vonleh et Keita Bates-Diop à Denver pour permettre aux Wolves de récupérer Malik Beasley, Juancho Hernangomez et Jarred Vanderbilt en provenance des Nuggets dans un deal incluant quatre équipes et 12 joueurs.
Les espoirs renaissent avec l’arrivée de D’Angelo Russell
Pour le deuxième trade, Karl-Anthony Towns rêvait de jouer avec son meilleur ami, D’Angelo Russell, et les Wolves l’ont fait. Le meneur a posé ses valises dans le Minnesota le lendemain en provenance d’Oakland, arrivant en compagnie de Jacob Evans et Omari Spellman contre Andrew Wiggins et un tour de Draft 2021 protégé. Le trade a ainsi permis aux deux franchises concernées d’équilibrer leurs forces en présence et a offert de vraies perspectives d’avenir à Minnesota avec un jeune axe 1-5 pour le moins prometteur.
À ce deuxième trade, s’est ajouté le renfort de James Johnson en provenance de Miami contre Guorgui Dieng, parti à Memphis dans un deal à trois équipes.
Ryan Saunders espérait profiter des deux gros mois restants pour faire monter la sauce, mais là encore, les blessures d’un trop grand nombre de joueurs dont une fracture du poignet contractée par Karl-Anthony Towns dès le 22 février, puis la suspension de la saison à cause de la pandémie de Covid-19, ont bouleversé les plans établis. D’Angelo Russell n’a au final montré qu’une infime partie de son talent et Minnesota a terminé l’exercice sous la barre des 20 victoires après un ultime revers face à Houston au soir du 11 mars.
La situation contractuelle
Les Wolves ont déjà sept joueurs sous contrat à hauteur d’un peu moins de 75 millions de dollars pour 2020-2021, dont près de 60 millions de dollars pour le seul duo Russell-Towns.
À ce montant, il faudra ajouter les 16 millions de contrat que pourrait toucher James Johnson en activant sa « player option ». 16 millions, ça peut sembler beaucoup pour un intérieur de 33 ans qui évoluera en tant que « role player », mais son impact a été très bénéfique au reste du groupe sur la fin de saison 2019-2020, sur et en dehors du terrain, et il aura encore un rôle important à jouer en ce sens dès la reprise.
Ensuite, Minnesota s’est donné pour objectif de re-signer deux joueurs récupérés lors de la « trade deadline » : Malik Beasley, qui a déjà refusé une offre de 30 millions sur trois ans de la part des Nuggets en début de saison, et ne devrait pas baisser ses prétentions sous la barre des 10 millions par saison, et Juancho Hernangomez, sur qui les Wolves comptent également beaucoup dans un rôle « d’energizer ».
« On souhaite qu’ils restent aux Wolves pendant longtemps, très longtemps. On espère pour le reste de leur carrière », avait rapidement annoncé Gersson Rosas qui devrait consentir les efforts nécessaires sur le court et long terme pour conserver l’ex-tandem de Denver et doter ainsi Ryan Saunders d’une base de 10 joueurs intéressante avec des éléments comme Josh Okogie, Jarrett Culver ou Jake Layman en complément.
Hormis la Draft, il ne restera donc plus grand-chose pour les Wolves afin d’être davantage productifs sur le marché des free agents, surtout avec un « salary cap » qui devrait être largement baissé.
Quels besoins pour la Draft ?
Les Wolves vont en revanche pouvoir être actifs lors de la prochaine Draft avec trois choix de Draft estimés dans le Top « 33 » de la prochaine sélection. Ces choix (Minnesota ayant par ailleurs 14% de chances de décrocher le premier pick), peuvent également être perçus comme d’éventuelles monnaies d’échange en vue de potentiels trades. Ce qui est sûr, c’est que le « front office » a annoncé qu’il serait « agressif » durant l’intersaison et fera tout son possible pour continuer d’améliorer l’effectif.
Selon ce qui ressortira de la « lottery », les Wolves pourraient se positionner sur un gros intérieur comme James Wiseman, Onyeka Okongwu ou Obi Toppin pour épauler Karl-Anthony Towns et amener de la dissuasion.
Minnesota devra également engager un meneur « back-up » pour D’Angelo Russell. Un profil de joueur expérimenté semblerait plus utile à ce poste. À moins que de belles opportunités se présentent en milieu de premier tour, les Wolves pourraient ainsi songer à échanger leurs choix selon ce qu’ils pourront tirer en échange.
Quel avenir pour la saison prochaine ?
« C’est une année difficile au regard de tout ce qu’il s’est passé, mais c’est aussi une année très remplie dans bien des domaines, sur et en dehors du terrain », avait souligné Gersson Rosas au moment de fêter sa première année à son nouveau poste. Comme évoqué précédemment, la blessure de Karl-Anthony Towns a même peut-être été un mal pour un bien, en permettant de repartir réellement de zéro, et de former un axe meneur-pivot d’avenir.
Si Minnesota ne jouera évidemment pas le titre la saison prochaine, les perspectives d’avenir restent présentes. Le groupe bâti par Gersson Rosas est ainsi relativement jeune, à l’image de D’Angelo Russell et Karl-Anthony Towns (24 ans tous les deux), et taillé pour la NBA actuelle, qui penche énormément vers le tir à 3-points.
C’est pour ça que l’ancien bras droit de Daryl Morey a été engagé, et c’est cette formule qui avait permis le démarrage canon de l’équipe, avant que la blessure de « KAT » et l’adaptation des adversaires ne changent la donne.
Minnesota a de quoi travailler, à condition de trouver des joueurs de complément intéressants autour de son axe Russell/Towns, mais également de la défense, pour ne pas se résumer à une équipe qui artille de loin et où les leaders accumuleront les cartons offensifs sans quitter le fond du classement.
« On regarde les très bonnes équipes et la façon dont elles jouent. Ça va nous prendre du temps pour jouer ensemble, mais quand Gersson a ramené ces gars, je dirais que l’une des choses qu’il a regardé en priorité, c’est l’âge. Il y en a un paquet qui ont le même âge que KAT et maintenant Russell. On a aussi de grandes attentes concernant Malik Beasley et sa capacité à shooter. À nous de trouver un groupe de gars et du soutien de leur part pour nous rendre très compétitifs. On va sans doute récupérer un choix de Draft assez haut. On ne l’avait pas anticipé, mais on a perdu tous ces matchs qui font qu’on se retrouve dans une situation qui pourra encore nous aider à la Draft », avait résumé le propriétaire Glen Taylor en février dernier.