Imaginez une NBA où les franchises seraient propriétaires à vie des joueurs, et où ceux-ci ne pourraient donc changer d’équipe que par l’intermédiaire de transferts. Sans jamais se retrouver free agent, sans jamais pouvoir choisir d’aller où bon leur semble. Impensable à l’heure actuelle.
La NBA fonctionnait pourtant ainsi jusqu’en 1976 et l’arrêt « Oscar Robertson contre NBA », qui marqua la naissance du concept de free agency : les joueurs furent alors libres de signer où ils voulaient quand leur contrat prenait fin, avec tout de même la possibilité laissée à leur ancienne équipe de s’aligner sur les offres concurrentes. Une véritable révolution rendue possible par les six années de combat judiciaire du président du syndicat des joueurs de l’époque, qui voulait rejoindre Lew Alcindor (futur Kareem Abdul-Jabbar) à Milwaukee sans que les Bucks n’aient à se séparer de plusieurs titulaires.
« Je crois que la « Oscar Robertson rule » restera pour toujours »
Cette règle, qui a tout changé pour la grande ligue, c’est d’ailleurs sa plus grande fierté. Plus que tous les souvenirs sportifs qu’il a mis aux enchères.
« Je crois que la « Oscar Robertson rule » restera pour toujours » avance Big O chez Cleveland.com. « On parle de free agency, de meilleures conditions. C’est grâce à ça que Kevin Durant a pu rejoindre Golden State… Connaissez-vous les transferts qu’il y avait eu avant ça ? Le premier, c’est Bill Russell passé de St Louis à Boston parce qu’ils ne voulaient pas de joueur noir. Il y avait les Lakers qui récupéraient toujours le meilleur pivot de la ligue. Mais personne ne disait jamais rien. »
Et pour cause, à l’époque, tout le monde a craint pour l’avenir de la ligue : « Beaucoup pensaient qu’on allait tuer le basket, que certaines équipes allaient sortir du business, que le sport ne serait plus jamais le même » se rappelait Oscar Robertson en 2016. En réalité c’est tout l’inverse qui s’est produit, la NBA figurant aujourd’hui parmi les championnats les plus puissants au monde. Avec des joueurs maîtres de leur destin.
« Si un joueur se disait : « Je vais prendre mon destin en main », tout le monde était choqué. La règle Oscar Robertson dit que tu en as le droit. Si tu n’as pas de contrat avec une équipe, tu peux choisir la meilleure offre. »
Et s’il reçoit « très peu » de coups de fil de joueurs désireux d’obtenir ses conseils, Oscar Robertson assure que certains le remercient encore aujourd’hui pour cette avancée sociale vieille de 42 ans.
« Ils me disent : « J’apprécie ce que tu as fait avec la Oscar Robertson rule« . Je suis content d’avoir pu le faire. »