Menés de 12 points dans une Oracle en fusion après 17 points de Stephen Curry dans le troisième quart-temps, les Rockets n’avaient plus le choix. Le compte à rebours de leur saison affichait 10 minutes et 45 secondes. Dans un élan de survie et dans le sillage de Chris Paul, ils ont tout donné.
Stop défensif après stop défensif, ils sont revenus au score avant d’insister et de voir un panier à 3-points d’Eric Gordon, son premier du match sur sa huitième tentative, leur donner cinq points d’avance à moins de deux minutes de la fin du match. Golden State essaiera tant bien que mal de revenir mais, cette nuit, la défense de Houston était imprenable.
Forcer Golden State à sortir de son jeu habituel
Après le dunk de Shaun Livingston sur Clint Capela en début de quatrième quart temps, elle a limité Stephen Curry, Kevin Durant, Klay Thompson et consort à 2/17 aux tirs et forcé quatre ballons perdus.
« Nous n’avons jamais défendu à un tel niveau, » concédait Mike D’Antoni après le match. « N’oubliez pas que c’est peut être la meilleure attaque de l’histoire en face et ils étaient en feu. Mais même quand nous étions menés 12-0 au début du match, j’ai trouvé que notre défense faisait un bon boulot et elle nous a permis de rester en embuscade puis de revenir dans le match car notre attaque a eu du mal. »
Depuis le début de la série et malgré deux défaites, la défense de Houston a répondu présent. Si elle ne peut pas stopper l’attaque de Golden State, elle a toutefois le mérite de l’avoir forcer à jouer différemment et les chiffres sont catégoriques. Pendant la saison régulière et les deux premiers tours des playoffs, les Warriors tournaient à 323 passes par match, dont 29 décisives. Ces deux statistiques sont en chute libre depuis le début de la finale de conférence.
- Game 1 : 283 passes, 24 décisives
- Game 2 : 272 passes, 21 décisives
- Game 3 : 268 passes, 20 décisives
- Game 4 : 14 passes décisives (le nombre de passes n’est pas encore disponible)
Oublié donc le beau jeu des Warriors, Houston les force à jouer en isolation. Et si la bande de Steve Kerr est tout à fait capable de gagner de la sorte, ce style réduit fortement l’impact de certains joueurs, en particulier de Klay Thompson qui a besoin de mouvement pour trouver ses tirs, et demandent à Stephen Curry et Kevin Durant de dépenser beaucoup d’énergie.
« Ils étaient fatigués en quatrième temps mais c’est parce qu’on a joué physique pendant les trois premiers quart temps, » expliquait Mike D’Antoni. « C’est la seule formule qui marche face à cette équipe. Il faut être costaud physiquement et mentalement. Ces deux équipes sont talentueuses mais il faut plus en vouloir en particulier à ce stade de la compétition. Il faut trouver un moyen, trouver la volonté. »
De la volonté, il en a fallu aux Rockets pour rester dans le match. Cinq minutes après le début du match, ils étaient menés 12-0. Ils ont trouvé les ressources nécessaires pour revenir et prendre le large mais ce diable de Stephen Curry a remis le couvercle en troisième quart temps. Après le Game 3, Clint Capela nous parlait de discipline. Cette fois, les Rockets n’ont pas baissé les bras. Ils ont gardé le cap. Ils ont serré les dents et encaissé les assauts adversaires pendant toute la rencontre.
« La dureté mentale est aussi importante que la dureté physique »
« Ils ont fait plusieurs séries et on savait que ça allait arriver, surtout chez eux mais on a continué de se battre, encore et encore. Défensivement, on savait qu’il fallait que l’on garde notre concentration, » décrivait James Harden, juste après que son entraineur soit entré un peu plus dans les détails.
« Depuis le début de la série, après le Game 3, et même pendant le match, on a beaucoup parlé de leurs runs. On sait que ça va arriver à un moment ou à un autre et qu’il n’y a rien à faire. L’idée est simplement de continuer à les attaquer et même si ils marquent quatre ou cinq 3-points de suite, ils vont finir par en manquer deux ou trois, » explique Mike D’Antoni. « Si vous les attaquez et que vous marquez, vous pouvez rester à une distance respectable et c’est ce qui s’est passé. En fin de match, on a fait des gros stops, pris des rebonds importants, et Eric Gordon a mis un 3-points capital. »
De la volonté, il en a fallu aussi pour faire fi de la fatigue en fin de match. Mike D’Antoni a ainsi drastiquement raccourci sa rotation en ne faisant jouer que sept joueurs, dont seulement douze minutes pour Gerald Green. James Harden, Chris Paul, PJ Tucker et Trevor Ariza ont tous passé plus de quarante minutes sur le terrain, et Gordon 34 en sortie de banc.
Après avoir bataillé tout la saison pour avoir l’avantage du terrain, les Rockets savaient qu’ils devaient gagner cette nuit pour ne pas retourner à Houston à un match de l’élimination. Alors que les Warriors, épuisés, ont déjoué, les Rockets ont eux fait preuve d’une dureté mentale déterminante.
« C’est un état d’esprit, » lâchait Chris Paul qui joue avec une cheville douloureuse. « On se prépare toute l’année pour vivre des moments pareils et dans les temps morts, on se pousse les uns les autres. « JH (James Harden), t’es pas fatigué ! TA (Trevor Ariza), t’es pas fatigué ! » Ces moments-là sont la raison pour laquelle on fait des sacrifices. La dureté mentale est aussi importante que la dureté physique et je pense que notre équipe l’a montré ce soir. »
Propos recueillis à Oakland.