Dans la fin de saison poussive des Warriors, les grains de sable ne sont pas seulement les blessures sur le parquet. Les déclarations et la soufflante de Steve Kerr à ses joueurs, après le revers de son équipe contre Indiana, avaient provoqué quelques remous, notamment avec Kevin Durant, pas vraiment d’accord avec les griefs de son coach.
Avant le match contre Phoenix dimanche, le technicien du champion en titre a fait amende honorable et a tenu à montrer tout le bien qu’il pense de son effectif.
« Je crois que tout le monde sait ce que je ressens pour nos gars », expliquait-il dans des propos rapportés par ESPN. « Ils sont un groupe fantastique, un groupe de champions. J’ai probablement mal choisi mes mots. Ce que je veux rappeler à mes joueurs, c’est que pour gagner en playoffs, vous devez défendre à un haut niveau. Nous l’avons fait la majorité de la saison, mais pas sur les 8-9 derniers matches. Ce n’est simplement pas si simple de passer de l’un à l’autre, c’est pour cela que j’ai aboyé l’autre jour. Mais vous me connaissez, je casse habituellement deux plaquettes (pour écrire les tactiques) dans la saison, je crie sur l’équipe une fois, donc là, mon quota est épuisé. »
« Méfiez-vous de la furie d’un homme patient »
Avec son habituel humour et une vraie tendresse pour ses joueurs, Steve Kerr n’a pas hésité à faire preuve d’autodérision pour expliquer la mésentente avec son groupe. « Cela montre simplement qui je suis. Je pars dans tous les sens. Les gars, vous êtes bons. Non, vous êtes nuls ! Non, vous êtes géniaux ! Cela a été ce genre de saison pour chacun d’entre nous. »
L’attitude du technicien aurait de quoi surprendre, si l’ancien coéquipier de Michael Jordan aux Bulls n’était pas connu pour son tempérament globalement calme, voire affable avec les médias.
Interrogé sur la possibilité de titrer ses futures mémoires « gentil et doux », à l’image de sa réaction après le revers de son équipe contre New Orleans vendredi, deux jours après la tempête contre les Pacers, l’entraineur des Dubs a une autre idée tout aussi révélatrice de sa personnalité.
« Ma femme a déjà le titre pour ma biographie », s’est amusé Steve Kerr. « Elle l’utilise déjà à la maison. Pour paraphraser un poème d’un auteur anglais je crois [NDLR : de John Dryden] autour du 18e siècle : « Méfiez-vous de la furie d’un homme patient ». Et elle a totalement raison. Je suis extrêmement patient. Mais parfois, une plaquette doit exploser. »
« Nous devons redevenir une des cinq meilleures défenses de la ligue »
Outre ses traits légers, Steve Kerr est également allé plus loin dans son analyse des problèmes de son équipe, ceux qui l’avaient fait sortir de ses gonds après la fessée contre Indiana. Évoquant alors le manque « d’effort » de ses ouailles, il a explicité le fond de sa pensée, comme pour chasser les nuages de toute mauvaise interprétation quelques jours après.
« Mon message principal, c’est que l’on doit défendre. Nous devons redevenir une des cinq meilleures défenses de la ligue. Quand j’ai dit que mes joueurs n’avaient pas fait d’effort, je ne voulais pas dire qu’ils s’en fichaient. Ce que j’entendais, c’est qu’ils n’avaient pas fait les écrans de retard, ils n’avaient pas coupé les lignes de passes, ils ne s’étaient pas battus à haut niveau. Mais quand vous dites que quelqu’un ne fait pas d’effort, cela peut être perçu comme des doutes sur sa personnalité. »
À Phoenix, ses joueurs ont réagi avec une prestation plutôt aboutie défensivement, limitant les Suns à 42.4% au tir. Certes, l’équipe de l’Arizona est loin du top niveau de la NBA, mais elle a au moins pu montrer que les Warriors sont encore capables quand ils le veulent de bloquer une attaque adverse.
Et cette fois, Kevin Durant n’a pu qu’aller dans le sens de son coach. « Nous pouvons être bien meilleurs en défense, et c’est ce qui est positif » confirmait l’ailier après la victoire des siens. Le vent de la colère est bien passé.