Andrew Albicy, la tête sur les épaules

« Le petit Andrew a été exceptionnel, il faut le reconnaître. »

Comme tout le monde, Vincent Collet a été bluffé par la performance de son jeune meneur de jeu. À seulement 20 ans, et alors qu’il avait été appelé en milieu de préparation pour pallier le forfait sur blessure de Rodrigue Beaubois, Andrew Albicy a réalisé hier soir face à l’Espagne une performance qui restera à jamais dans son esprit.

Le meneur du Paris-Levallois a remarquablement remplacé Nando De Colo en étant le fer de lance du retour français dans le deuxième quart-temps. « Il a été le facteur X de ce match », affirme Alain Koffi, en avouant qu’il ne connaissait « pas du tout » Albicy avant son arrivée dans le groupe.

« Andrew a été extraordinaire pour nous ce soir : la pression qu’il met sur Rubio, les lancers-francs qu’il inscrit à la fin. Il n’a que 20 ans, mais il a joué comme un gars de 30 ans ce soir », souligne de son côté Nicolas Batum.

Avec cinq lancers-francs réussis dans les dernières minutes, le dernier arrivé chez les Bleus a en effet permis à la France de conserver son avantage et de ne pas revivre une nouvelle désillusion. Mais au-delà de son sang-froid dans le « money-time », c’est bien sa capacité à mener l’équipe et à prendre le contrôle du jeu qui a marqué.

« Il a apporté de la maîtrise, de la sérénité, alors que ce n’était pas facile d’en avoir parce que la pression défensive espagnole était très forte. Hormis une fois ou deux, il a contrôlé, il a fait jouer ses partenaires et puis il a tenu la balle, ce qui n’est pas une mince affaire contre l’Espagne », reconnaît un Vincent Collet admiratif.

Mais voilà, Andrew Albicy a le talent pour évoluer à ce niveau et, surtout, la tête sur les épaules. Lui-même ne s’attendait certainement pas à passer 26 minutes sur le terrain face aux Espagnols. Peu importe. Il aime les défis et reculer face à la pression n’est pas dans ses habitudes.

« J’étais très motivé et excité de jouer parce qu’il y avait des grands joueurs en face et c’est le niveau que je veux atteindre. Ce match-là, c’était quand même un bon test et je crois que je l’ai réussi. Après, je ne m’enflamme pas car je suis quand même un gars qui redescend sur terre assez vite. Je suis très content d’être à ce niveau-là et j’espère y être longtemps. Mais il ne faut pas s’enflammer, ce n’est que le début du championnat du monde. Ce n’est qu’un match, on verra pour la suite. »

La « suite » pourrait bien le voir définitivement s’installer comme le patron de l’équipe de France lors de ce championnat du monde. Même si l’entraîneur des Bleus s’en défend, la performance de son seul vrai meneur de jeu a redistribué les cartes.

« Ça va donner au coach un peu plus d’options et donc lui créer un petit casse-tête par rapport au temps de jeu », s’amuse Alain Koffi.

Le titulaire à ce poste, Nando De Colo, a une nouvelle fois montré ses limites face à une grosse agressivité. Et même s’il est tout à fait capable de se réveiller et de briller aujourd’hui face au Liban, le petit Albicy a, lui, définitivement marqué les esprits.

« De toute façon, moi, depuis le début, je passe un été de fou, se réjouit-il. Donc j’espère que ça va continuer comme ça et qu’on va aller très loin avec cette équipe. » Nul doute qu’avec sa nouvelle perle, la France peut y croire.