Emmanuel Mudiay, un jeune patron de 19 ans

Un nouveau coach, des pivots blessés, un meneur titulaire de 19 ans… Il y a encore 15 jours, les Nuggets semblaient condamnés à jouer les faire-valoir et à lutter pour éviter la dernière place de la conférence Ouest. Mais à Denver, on a du nez et un vrai projet. D’abord, on a choisi de confier les clés de l’équipe à Mike Malone, très apprécié aux Warriors comme assistant, mais aussi aux Kings où il avait été injustement limogé en début de saison dernière.

Une aubaine pour les Nuggets qui ont récupéré un coach plutôt formateur et porté sur la défense. Son relais sur le terrain ? Un gamin de 19 ans, qui arrive de Chine sans être passé par la case NCAA : Emmanuel Mudiay, drafté en 7e position. Une formule gagnante qui propulse pour l’instant les Nuggets dans le Top 8 de la conférence Ouest avec un Mudiay qui se comporte déjà en patron.

Son arme numéro 1 : la passe à l’opposé

Cette nuit, face aux Bucks, on a pu constater qu’il progressait de match en match. Dans sa gestion du jeu, mais aussi du ballon. Une seule balle perdue pour lui pour aller avec ses 16 pts et 11 pds. En revanche, sa sélection de tirs laisse à désirer (5/16 aux tirs face aux Bucks, 33% aux tirs sur la saison), et Mike Malone a eu une idée sur le sujet…

« Je ne sais pas s’il comprend vraiment la différence entre un bon et un mauvais tir, » expliquait-il à CBS après le match face à Portland. « Je pense qu’il se met lui même parfois dans des situations compliquées. Il est en l’air, sans savoir ce qu’il va faire : « Vais-je faire une passe ? Vais-je tirer ? »

C’est un défaut évidemment, mais c’est aussi un point fort puisque son propre déséquilibre perturbe les défenses. Lorsqu’il pénètre, Mudiay fait montre de gros fondamentaux au niveau des appuis, et il dispose d’une superbe vision du jeu. Ses coéquipiers le savent : ils seront servis dans de bonnes conditions. Notamment à l’opposé puisque son arme numéro 1, c’est la passe transversale du côté fort vers le côté faible. C’est notamment Danilo Gallinari qui se régale de ses renversements du jeu, et plus généralement, les Nuggets bougent en fonction de leur meneur de jeu.

Ce n’est que lorsque la passe est impossible que Mudiay shoote et… c’est souvent en déséquilibre. Un profil qui rappelle évidemment celui de Rajon Rondo même si sa mécanique de tir est meilleure, et son physique bien différent : 1m95 pour 90 kg.

« Lorsque je suis agressif et que je ne joue pas comme un robot, ça se passe bien pour mes coéquipiers et moi-même, » résume le rookie.

D’Angelo Russell rêverait d’un tel traitement de faveur…

À un âge où Byron Scott le collerait sans doute sur le banc pendant le money time, Emmanuel Mudiay se retrouve à diriger le jeu dans les moments chauds. Chaperonné par Jameer Nelson et mis en confiance par son coach, le rookie de Denver sait qu’il ne sortira pas à la moindre boulette. Au contraire, son coach souhaite qu’il acquière un maximum d’expérience en restant sur le terrain. De quoi rendre jaloux le pauvre D’Angelo Russell qui regarde chaque soir, ou presque, Lou Williams lui piquer sa place dans le 4e quart-temps.

« En fin de match, je lui donne les clés du jeu, » insiste Mike Malone. « C’est une chance immense pour lui de progresser. C’est une super expérience qu’on ne peut pas reproduire à l’entraînement, et il réalise de grandes choses. Il n’a pas peur. Il ne se cache pas. »

C’est ce qu’on a pu constater face à Portland où il a éteint Damian Lillard dans les derniers instants du match, mais aussi cette nuit face aux Bucks.

« Je dois rappeler à tout le monde qu’il a 19 ans, » conclut son coach. « Je dois même le rappeler à moi-même. »

[boxplayer emmanuel-mudiay]