Retraité depuis 2001 après avoir gagné son cinquième titre NBA, Ron Harper est aujourd’hui un simple observateur. En 2005, il avait tenté sa chance comme assistant aux Pistons mais après deux années, l’ancien joueurs des Cavs, des Clippers, des Bulls et des Lakers avait préféré passer à autre chose et se concentrer principalement sur les actions caritatives, notamment avec la Starkey Hearing Foundation.
Toutefois, cela ne l’empêche pas de suivre ce qu’il se passe en NBA et de remarquer l’évolution du jeu.
« Les règles ont changé notre jeu. Elles sont davantage faites pour le shoot à 3-points. Il n’y a plus vraiment de ‘grands’. Il n’y a plus de jeu au poste-bas. Tout est du jeu à mi-distance ou longue distance. Il n’y a plus de Shaq et Tim Duncan vieillit. Maintenant, vous avez des gars comme LeBron James et Kevin Durant, des joueurs qui peuvent à la fois écarter le jeu et attaquer le cercle, » explique-t-il à SLAM Online.
Grand admirateur du jeu des Spurs, une équipe qui croit toujours au jeu collectif, Harper dénombre encore d’autres changements par rapport à son époque, notamment en ce qui concerne l’efficacité des joueurs.
« Plus aucun joueur ne cherche à shooter au-dessus des 50%. Ils shootent à 35 ou 40% et ils trouvent ça formidable. Ce n’est plus comme nous en avions l’habitude. Je ne critique pas le jeu d’aujourd’hui. Je pense juste que c’est dans cette direction que le jeu a évolué. Mais ça reste un sport très excitant et nous avons encore de fantastiques jeunes joueurs. »
Sa carrière, longue de 15 saisons, Harper l’a finie avec une adresse de 44.6% au shoot, mais sans doute qu’il ne trouvait pas cela fantastique non plus.
« C’est facile de scorer 20 à 25 points dans une mauvaise équipe »
En tout cas, le parcours d’Harper reste l’un des plus atypiques et intéressants des années 1990. Fort attaquant et solide défenseur, il tournait à 20 points, 5 rebonds, 5 passes et 2 interceptions lors de ses sept premières années partagées entre les Cavs et les Clippers.
En arrivant aux Bulls en 1994-95, quelques mois avant le retour de Michael Jordan, il accepte de se muer en role player de luxe pour le bien d’une équipe qui n’avait pas besoin de ses qualités de scoreur mais de sa défense et de sa compréhension de l’attaque en triangle. Une stratégie qui lui rapportera 5 titres (3 aux Bulls et 2 aux Lakers).
« Il y a peu de supers role players qui jouent comme il faut. Comme je dis toujours, c’est facile de scorer 20 ou 25 points dans une mauvaise équipe parce qu’ils vont vous donner le ballon. J’aimerais savoir combien de gars sont capables de transformer leur jeu une fois qu’ils arrivent dans une bonne équipe. Accepteront-ils leur nouveau rôle ? En fin de carrière, je pouvais toujours scorer. C’est juste que je n’avais pas à le faire. Quand je suis arrivé aux Bulls, j’avais Scottie Pippen et Toni Kukoc. Ils savaient que je pouvais scorer s’il le fallait mais ce n’est pas une question de scoring. Nous sommes tous payés au final, mais j’ai 5 bagues de champion. »
Preuve qu’il reste difficile de comparer les époques, le quintuple champion n’a cependant touché « que » 33 millions dans sa carrière. En 1998-99, il était même le plus gros salaire des Bulls… avec 5.2 millions. Une autre époque.