Rudy Gobert et Thomas Heurtel, les « insouciants » qui ont permis l’impossible

Depuis le début de la préparation, Vincent Collet explique que son groupe est jeune, inexpérimenté et parfois insouciant. Des défauts qui ont pu servir l’équipe de France, hier soir.

Le sélectionneur assure ainsi que la première étape de l’exploit avait été de convaincre ses joueurs qu’il était possible de battre cette « Dream Team » espagnole chez elle. Un point qui s’adressait plutôt aux anciens, bien lucides sur la force et le talent de l’armada de Pau Gasol. Car comme l’écrivait Mark Twain, les jeunes français « ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ».

Rudy Gobert monstrueux en défense sur Pau Gasol

« Les jeunes n’étaient pas dans ce schéma », confie ainsi le coach français. « C’est parfois par insouciance, par manque de conscience de ce qu’est réellement l’adversaire. Mais c’est une force parce que le fait de ne pas réaliser contre qui tu joues t’évite d’avoir peur ».

Avec ses 5 points, ses 13 rebonds et sa défense, Rudy Gobert a ainsi eu une influence défensive majeure dans ce succès inattendu. Et face à Pau Gasol, qui régnait depuis le début de la compétition !

« Thomas Heurtel a fait une fin de match exceptionnelle, Rudy Gobert a été incroyable alors que Joffrey Lauvergne l’avait été avant. Rudy et Joffrey, c’est 23 rebonds à deux, c’est une défense incroyable sur Pau Gasol alors que c’est le joueur le plus dominant d’Europe depuis dix ans », s’extasie Vincent Collet.

Tout le monde a d’ailleurs salué la performance du pivot d’Utah.

« Tenir l’Espagne à une cinquantaine de points alors qu’ils tournent à 90 points de moyenne… On a su tenir les joueurs, on n’a jamais lâché et on n’a pas paniqué, même en deuxième mi-temps quand on savait qu’ils allaient revenir très fort avec le public derrière », commente Nicolas Batum. « Je tire mon chapeau à beaucoup de joueurs, surtout à Rudy Gobert qui a été très, très bon ce soir ».

Serein, l’intéressé assure qu’il a simplement rempli la tâche qui lui avait été confiée.

« C’était une mission pour moi de contenir Pau et de prendre tous les rebonds. J’ai plutôt bien fait le boulot. Bien sûr c’est génial mais maintenant, on veut la médaille ».

Thomas Heurtel : « Depuis tout petit, j’ai toujours eu cette confiance en moi »

Face à cette équipe espagnole, programmée pour rencontrer les Etats-Unis en finale, c’est donc avec la défense de Rudy Gobert et les paniers de Thomas Heurtel que ces Bleus ont fait la différence.

Une situation que personne n’avait imaginée. Auteur du trois points qui tue le match, le meneur assure qu’il a toujours aimé ces shoots sous pression.

« Depuis tout petit, j’ai toujours eu cette confiance en moi. J’ai shooté et c’est rentré. Et puis il restait cinq secondes sur la possession donc si je ne le prends pas, qui va le prendre ? »

Désormais, il faut répéter ces performances pour battre la Serbie demain et s’offrir une place en finale.

« Ils ont répondu présent », conclut Vincent Collet. « Mais le sport, c’est la capacité à le faire de façon récurrente. Jusque-là, l’équipe avait des problèmes de discipline et d’écoute mais jamais d’envie de bien faire. Depuis le début, j’ai toujours senti une grosse envie de bien faire mais elle n’était pas toujours concrétisée par manque de concentration. Il faut que les choses soient en place et, hier, il y a eu un effort considérable à ce niveau-là. Est-ce qu’on va être capable de le refaire ? C’est le défi pour nous ».

Propos recueillis à Madrid