Incroyable ! On n’y croyait quasiment pas tant cette équipe d’Espagne semblait forte, puissante et sûre d’elle. Mais Boris Diaw (15 pts) et ses coéquipiers, même privés de Tony Parker, ont réussi l’impossible : ils ont battu la Roja chez elle, à Madrid, alors qu’elle était au complet.
Magnifiques défensivement et dans la gestion, ils ont pu compter sur un fantastique Rudy Gobert (5 points, 13 rebonds) dans la peinture et le culot de Thomas Heurtel (13 points et des tirs importants) pour créer l’un des plus grands exploits du basket français et se hisser en demi-finale de la Coupe du Monde à Madrid (64-52). Les qualificatifs manquent pour évoquer ce moment historique.
Un départ tonitruant de l’équipe de France
La consigne était la même que lors du match de poules : éviter le KO d’entrée de jeu. Les Bleus y parviennent parfaitement derrière Boris Diaw, qui écarte le jeu avec deux tirs à trois points réussis.
La France mène rapidement 11-2 alors que l’Espagne bafouille en attaque, bien gênée par l’activité des hommes de Vincent Collet. Juan Carlos Navarro se charge néanmoins de relancer son équipe avec deux tirs pour entamer un 8-0 qui permet à la « Roja » de recoller (15-15) à la fin du premier quart-temps.
Les Bleus tiennent le choc en défense
Mais alors qu’on s’attendait à une montée en puissance ibérique, les Bleus continuent de tenir le choc. Pau Gasol est repoussé tandis que Boris Diaw fait un travail monumental sur son frère, Marc.
Le jeu offensif des Bleus est superbe et les coupes incessantes ligne de fond, quasiment pas utilisées lors du match de poule, mettent à mal une défense qui les découvre. Surtout, c’est offensivement que les Espagnols ont du mal alors que leur star, Pau Gasol, tente avant tout de servir ses partenaires.
En résistant bien dessous, les Français n’offrent pas de décalage à l’Espagne, qui s’en nourrit d’habitude. Très appliqués, les tricolores n’ont perdu que six ballons et n’ont pas laissé leurs adversaires marquer sur contre-attaque. Avec quelques paniers de Nicolas Batum, la France a même creusé l’écart à la mi-temps (35-28). L’Espagne doute (1/11 à trois points) et n’a jamais été tant bousculée.
L’Espagne revient très fort
L’Espagne revient toutefois très fort des vestiaires. Le public est également chauffé à blanc et la « Roja » met une pression défensive incroyable sur l’équipe de France, qui plie pour la première fois.
Juan Carlos Navarro enchaîne deux gros tirs et les Espagnols sont revenus à hauteur (39-39). Florent Pietrus se chauffe lui avec Sergio Llull, qui fait l’essuie-glace pour gêner les coupes ligne de fond qui avaient tant gêné les hommes de Juan Orenga en début de match. C’est de plus en plus bouillant à Madrid et Vincent Collet prend même une technique qui permet à l’Espagne de passer devant !
Rudy Fernandez claque son désormais traditionnel alley-oop ligne de fond et l’Espagne repasse en tête alors que Pau Gasol bâche Antoine Diot à la sirène (43-42). C’est dur, étouffant, irrespirable.
Thomas Heurtel et Rudy Gobert, les deux héros de la fin de match
Le dernier quart-temps commence comme un bras de fer avec les deux équipes qui font le chassé-croisé. Mais Evan Fournier redonne un coup de boost aux Bleus alors que Rudy Gobert récupère rebond sur rebond. La défense des Bleus est toujours étouffante et ils mettent l’Espagne dans une situation qu’elle n’avait jamais connue jusqu’à présent. À six minutes de la fin, elle doute (51-45) et hésite.
Le premier rideau français coupe toute pénétration et passe vers l’intérieur tandis que Rudy Gobert tient admirablement le choc dans la peinture, se permettant même de contrer Pau Gasol !
Thomas Heurtel se mue à nouveau en « go-to-guy » pour les Bleus alors que le pivot d’Utah est monstrueux dans la peinture. Et comme disait Evan Fournier, Thomas Heurtel « a une énorme paire de … » Il réussit un tir à trois points qui tue le match à une minute de la fin ! Les Bleus créent l’un des exploits les plus incroyables de l’histoire du basket français en terrassant la grande Espagne chez elle.
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