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Pourquoi la NBA passionne-t-elle autant les jeunes français ?

NBA: New York Knicks at New Orleans PelicansDocteur en sociologie, David Sudre vient de publier un article dans la revue d’ethnologie Terrain sur “l’appropriation du basket américain en banlieue parisienne”. L’occasion de nous intéresser au “supportérisme” dans le basket et de chercher quelques réponses à des questions intéressantes.

Pourquoi les amateurs français de basket s’intéressent-ils avant tout à la NBA ? Qu’est-ce qui pousse un fan français à s’investir émotionnellement auprès d’un club lointain ? Entretien.

Supporter une équipe, c’est quoi ?

“De manière générale, l’engagement des gens dans les équipes sportives, le supportérisme, c’est surtout un moyen de s’identifier à un groupe », nous explique-t-il. « L’engagement dans le supportérisme, c’est une façon de créer du lien social. Beaucoup de travaux (Antoine Lech, Nicolas Hourcade) démontrent qu’outre l’amour pour le maillot et le club local, c’est un moyen de se trouver une place au sein d’un groupe, de prendre de l’importance au sein de ce groupe et de se valoriser socialement. C’est souvent la cause principale d’une identification forte à une équipe”.

Une identification qui se consolide par le rejet des autres équipes.

“On se définit encore plus dans l’opposition à l’équipe adverse. Un grand sociologue, Georg Simmel, un des fondateurs de la sociologie allemande, a expliqué que les conflits et les périodes de guerre étaient source de lien social, c’est-à-dire de la façon dont les gens se constituent des relations entre eux, dans la mesure où on se rattache à une identité commune qu’on va défendre face à une autre. Ce « conflit », c’est le principe du supportérisme. Quand on est supporter parisien, on porte les couleurs du club, les fanions, les étendards et on se retrouve dans la même cause face à l’ennemi lyonnais ou marseillais”.

Pour résumer, supporter une équipe :

“C’est un moyen de s’identifier à un groupe, de trouver des valeurs communes, de partager des choses, de créer du lien social et ça se fait d’autant plus qu’on s’oppose à une autre équipe”.

Pourquoi s’attacher à une franchise distante de milliers de kilomètres ?

Mais pour David Sudre, supporter une équipe NBA en France ne relève pas tout à fait du même processus.

“Dans le cadre des jeunes basketteurs et de leur passion pour le basket américain, c’est pour moi assez différent que de supporter une autre discipline et notamment du football en France. La culture basket la plus valorisée et la plus médiatisée, c’est évidemment le basket américain. C’est donc un peu la pâte des mediascapes, c’est-à-dire tout ce que les médias peuvent créer comme images et comment ils participent à la formation de communautés affectives qui regroupent des gens qui se retrouvent sur ce qui leur parle et qui les passionne”.

imagesAlors que la logique voudrait que les basketteurs français s’identifient d’abord à leur équipe locale, la surreprésentation de la NBA dans le paysage médiatique du basket en France entraîne une migration des intérêts des fans de l’autre côté de l’Atlantique.

“En fait, l’identification des jeunes basketteurs en France passe beaucoup par les médias. La plupart ne sont jamais allés aux Etats-Unis. Parmi ceux que j’ai rencontrés, il y en a très peu. La plupart n’a jamais été voir de matches NBA. Tout se passe donc au prisme d’Internet et de la télévision avec Canal+ qui a régné pendant 20 ans sur le basket américain en France. Sans Canal+, on n’en serait peut-être pas à cette surdomination du basket américain et puis les magazines comme Mondial Basket, Basket USA, Reverse ou 5 Majeur ont aussi participé à ne diffuser que du basket américain depuis 20 ans. On n’a finalement accès qu’à ce type de basket-là. C’est la première cause. La visibilité du basket français et européen est inexistante dans le champ médiatique en France. Quand on est jeune basketteur, le seul basket qu’on voit et auquel on a écho, c’est le basket américain. Chaque jeune soutient son équipe, qui d’ailleurs est quasi-exclusivment une équipe NBA, et supporte finalement à distance. »

Un modèle implanté et auquel s’identifient les jeunes basketteurs

Est-ce que la large diffusion de l’Euroligue sur BeIN Sport peut faire évoluer les choses ? David Sudre ne peut pas l’affirmer, la NBA étant désormais très implantée et sa diffusion auprès des jeunes très facile.

“Ce sont des jeunes qui fantasment beaucoup le modèle américain. Ce sont des jeunes qui, au prisme des Top 10 et des highlights, ne voient que des actions d’éclat, que des choses magnifiées, même si elles sont parfois loin de ce qu’est vraiment le basket américain. On se construit en fait une image du basket américain qui est complètement maîtrisée par le merchandising NBA et qui ne nous renvoie qu’un basket magnifique. Ça marche forcément très bien auprès des jeunes parce que c’est parlant”.

David Sudre s’est d’ailleurs particulièrement intéressé aux basketteurs « Cain-ris », « ces jeunes habillés en extra-large et qui prennent toute la panoplie du basketteur And1. »

“En France, j’ai étudié le phénomène en région parisienne et bien qu’il concerne de nombreux jeunes joueurs, ce sont en grande majorité de jeunes basketteurs noirs, et la plupart du temps issus des milieux populaires. Leur appropriation du modèle américain est leur façon de s’identifier à un groupe social que forment les basketteurs noirs américains, voire les stars du hip-hop car dans les deux cas, on a une association basket/hip-hop très influente. C’est ce qu’on appelle une référence diasporique valorisante, en l’occurrence les stars noires américaines, qui deviennent un modèle de référence pour ces jeunes français qui n’ont pas de repères de noirs starifiés en France. Le basket reste en effet l’image de marque de la réussite noire américaine et on a une identification plus ou moins racialisée qui se fait”.

Pour ces jeunes basketteurs français, la NBA représente ainsi le modèle de réussite de référence.

“C’est une identité qui se construit entre deux univers. D’un côté, il y a un univers un peu fantasmé avec une image des Etats-Unis et du monde noir américain qui réussit forgé par les médias, à travers les basketteurs, Barack Obama, Will Smith… De l’autre côté, il y a celui dans lequel ils vivent. Il y a donc une idée d’appropriation mais également de distanciation. Il s’approprient un élément mais ils le réinterprètent selon leurs origines, les lieux dans lesquels ils vivent…”

NB : pour aller plus loin, David Sudre conseille la lecture du livre Double jeu : Histoire du basket-ball entre France et Amériques.

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