Heureux Ian Mahinmi ? Très heureux oui ! Une journée de Thanksgiving en famille chez lui à Indianapolis et une seizième victoire avec les Pacers, il n’en faut pas plus au pivot français pour profiter de la vie. La sienne est belle depuis sa signature chez le finaliste de conférence en titre et Ian va « tout faire pour que ça continue le plus longtemps possible. »
Auteur de 5 pts et 3 rbds en 11 minutes dimanche face aux Clippers, le back-up de Roy Hibbert est en plein repas quand il prend plus de dix minutes après le match pour bavarder avec Busa et nos confrères de Mondial Basket.
Ian, ce qui se construit à Indiana ressemble énormément au modèle des Spurs : le choix des joueurs, des franchise players, la stabilité, le jeu, la philosophie, l’esprit familial d’un petit marché, avec en plus un meneur qui vient de la maison Spurs. Pour l’avoir toi aussi bien connue, tu valides cette comparaison ?
C’est un compliment pour nous car San Antonio est une franchise qui connaît tellement de succès depuis quinze ans. Tu n’es pas le premier à faire le rapprochement, et c’est vrai que nous sommes à leur image, un petit marché qui passe sous les radars médiatiques. On a une approche vraiment méthodique et si tu regardes autour du vestiaire, c’est une atmosphère familiale avec des gars qui se connaissent depuis longtemps. Donc je le répète, c’est un beau compliment pour nous.
Tu es d’accord avec Basket USA si je te dis qu’à Indiana, comme à San Antonio, c’est la franchise qui fait le joueur et pas l’inverse ?
(rire). Je suis d’accord avec toi. C’est vrai que sur les dernières années le front office a fait un boulot extraordinaire pour signer les bonnes personnalités. Après les problèmes que la franchise a connus il y a quelques années, il y a eu un énorme boulot de reconstruction qui a été orchestré à la perfection avec Larry Bird, Kevin Pritchard et coach Vogel. Franchement, je dis chapeau ! Ce qu’ils ont fait, c’est impressionnant.
En quoi une stabilité comme la vôtre est aujourd’hui cruciale en NBA pour aller chercher le titre ?
C’est super important ! Nous, notre noyau est ensemble depuis quatre ans déjà, c’est le même système en place depuis des années au sein d’un groupe qui respire la familiarité à tous les niveaux. Tous les ans on ajoute quelques pièces comme le fait San Antonio depuis quinze ans. Cela nous va de pas avoir la pression des médias, d’être sous le radar comme je disais plus tôt. On ne va pas s’en plaindre. En plus, nous ne nous faisons pas attention aux autres équipes, on se concentre sur nous, sur ce qu’on peut et doit faire pour être encore meilleur et gagner le plus de matches possibles.
« On forme une vraie famille »
Tu parles de familiarité, est-ce que ce n’est pas aussi ce qui vous permet quand ça va moins bien de traverser les zones de turbulence avec sérénité ? Car quand l’équipe gagne c’est facile de se taper dans les mains et de se complimenter. C’est après des défaites que les groupes solides évitent les tourments…
Exactement. Tu sais dans cette équipe on se considère tous comme des frères. Nous sommes une famille donc quand ça va mal et que ça pète, c’est vrai qu’on sait se regarder les yeux dans les yeux et dire à son frère ce qui se passe, pour en discuter sereinement. Tout le monde est assez mature pour encaisser les critiques et ne pas le prendre personnellement.
Et être un petit marché, ça permet aussi d’éviter les fuites dans la presse, les drames médiatiques, les petites histoires de vestiaire, non ?
(rire). Tu sais dans notre équipe on n’a pas de gars caractériels, y’a que des supers mecs donc franchement, petit marché ou pas, ça change rien.
Je ne doute pas une seconde que tu étais sûr de ton choix en signant aux Pacers, mais là avec un bilan de 16-1, tu le savoures encore plus non ?
Ce n’est pas encore le temps de savourer, c’est trop tôt dans la saison pour cela. Le bon choix je l’ai fait il y a deux ans, en ayant la chance de tomber dans un groupe aussi soudé et d’être encadré par d’excellents coaches et dirigeants. Comme je le dis souvent, j’ai eu la chance dans ma carrière NBA d’être tombé sur des superbes franchises à San Antonio pendant trois ans, puis Dallas deux saisons. J’ai été habitué au top et là je reste dans cette catégorie. Quand je suis arrivé ici, le noyau était déjà formé et soudé avec un leadership en place. C’était à moi de m’adapter et d’apporter ma pierre à l’édifice.
Tu confirmes que l’objectif est de terminer premier de la saison régulière à l’Est ?
Oui. On va pas se cacher, l’ambition c’est d’avoir l’avantage du terrain pendant toute la durée des playoffs. Mais on peut pas déjà se projeter des mois et des mois en avance, faut approcher les matches un par un et rester concentrer. La constance dans le jeu, c’est la priorité ! On nous le répète tout le temps, il faut éviter les hauts et les bas.
« Même dans les avions, le coach nous fait des séances vidéo »
Vous avez une faculté exceptionnelle à toujours gêner l’adversaire dans ce qu’il sait faire de mieux. C’est surtout là où votre défense est la meilleure de ligue. C’est le résultat cette préparation méthodique dont tu vantes les mérites ?
Complètement. Sur ce match par exemple, on sait que les Clippers aiment courir donc le plan de jeu c’était de les priver de transition. Nous y sommes parvenus. On a une équipe avec des personnalités qui acceptent les challenges, et franchement, ça joue dans cette capacité à relever les défis des plans de jeu. La défense c’est notre base, on sait que même si on ne met pas les shoots en attaque, tous les soirs on va donner le maximum et on va suivre le plan de jeu défensif.
Concrètement, ce sérieux dans la préparation se caractérise comment ?
Tous les jours on regarde des vidéos sur les adversaires et sur nous-mêmes A chaque match on arrive avec un plan de jeu qu’on a bossé à l’entraînement et qu’on a préparé sur vidéo. Dans l’avion, ça nous arrive souvent d’être appelé par les coaches un par un et de regarder nos minutes, ce qu’on bien fait ou au contraire ce qui n’a pas été. Là on a eu un long vol de quatre heures pour venir sur L.A, le coach m’a attrapé dix minutes pour qu’on regarde ensemble ma production du dernier match. Les coaches nous donnent vraiment des outils pour gagner les matches.
« J’ai eu de la chance dans ma carrière »
Le plus impressionnant, c’est que vous avez encore progressé en défense par rapport à la saison passée. Votre marge de progression semblait limitée, au final elle donne le sentiment d’être presque infinie !
Merci, c’est un compliment (sourire). Tu sais, c’est l’avantage d’avoir un groupe encore soudé et surtout assez jeune. Le noyau est entre 24 et 28, 29 ans,et à part David West personne n’est encore à son sommet. L’été nous restons constamment en contact en essayant de progresser sur ce qu’on a moins bien fait la saison précédente. Moi je me suis marié et ça m’a pris beaucoup de temps, donc le mois de juin a été consacré à ça. Après à la fin juillet, en août et au mois de septembre j’ai énormément bossé, avec Tim Duncan et Tiago (Splitter) à San Antonio. L’objectif c’est le même que pour les autres gars : revenir meilleur pour le collectif ! Tout le monde a un rôle dans cette équipe, avec une attaque partagée.
En terminant sur Paul George, est-ce qu’on peut encore parler de progression le concernant ?
Bien sûr qu’on peut parler de progression ! Je dirais même qu’il est en progression non stop et franchement, je ne sais pas où il va s’arrêter. J’ai eu l’opportunité d’être à ses côtés toute la saison passée et c’est impressionnant. Tout au long de la saison il a progressé, cet été il encore progressé et depuis le début du camp d’entraînement il continue. Il n’arrête jamais, c’est impressionnant. Surtout qu’il est monstrueux des deux côtés du terrain. La majorité des matches il défend sur le meilleur joueur adverse tout en restant notre go-to-guy en attaque. En plus, il progresse aussi dans le leadership vocal. Dès la pré saison, quand ça ne se passait pas comme il le voulait, je l’ai vu élever la voix et prendre la parole pour la première fois. Mais il le fait en commençant par une auto critique, et c’est là que tu vois qu’il a passé un autre cap.
Propos recueillis au Staples Center