La vie de Brian : les hauts et les bas de coach Shaw

Ça va faire 20 ans… En juillet 1993, Brian Shaw a 27 ans et il joue au sein du Heat. Il fait tranquillement des courses dans un magasin d’Oakland, chez lui en Californie, quand il reçoit un coup de téléphone.

Son père, sa mère, sa sœur et sa nièce viennent de subir un très grave accident de voiture. A quelques 10 minutes de sa maison à Las Vegas, Charles Shaw, le père, s’endort au volant de son véhicule et les passagers meurent sur le coup… tous sauf Brianna, la jeune nièce de Brian, prénommé après son oncle. Un traumatisme énorme !

Etre un bon parent comme ligne de conduite

« A 8h30, Brian était à Oakland, à préparer un barbecue pour ses amis et à 14h l’après-midi, il était à Las Vegas, dans une morgue. Ça ne pouvait pas être plus surréel. Il était paralysé, juste paralysé. C’était complètement imprévisible », rapporte un de ses amis proches, Jérôme Stanley.

Alors qu’il venait de s’imposer en NBA après un passage d’un an en Italie, et qu’il venait d’établir un record de tirs à trois points réussis (10 sur 15 pour 32 points) au sein du Heat, Brian Shaw est à l’été 93 un homme brisé. Le parcours difficile du basketteur jusqu’au rêve NBA est désormais relégué au second plan. Brian Shaw, l’homme, est cassé.

Il vient de perdre ses deux parents, sa sœur et doit assumer la paternité de Brianna, sa nièce alors âgé de 11 mois. Mais sans hésiter un seul instant, il adopte la fille de sa sœur. Avec pour seul idée fixe de perpétuer la tradition familiale. Plus que jamais…

« Mes parents ont fait un travail formidable pour mon éducation. Si j’arrive à faire la moitié de ce qu’ils ont fait pour moi, je m’estimerais être un bon parent. Je me souviens, c’était un moment doux-amer, quand [les Lakers furent champions en 2000] je voyais tout le monde s’arroser de champagne, et il y avait les parents de Shaq, les parents de Kobe, ceux de Derek Fisher et je me disais : mes parents aussi méritent d’être ici. »

Enfin coach principal d’une équipe !

20 ans plus tard, après une carrière de joueur couronnée de trois bagues glanées avec les Lakers, plus (et c’est bien moins connu) une médaille d’or mondial en 1986 avec Team USA, Brian Shaw a enfin obtenu un poste d’entraîneur principal. Coïncidence ou clin d’œil du destin, Brian Shaw est le 20ème coach des Nuggets.

Depuis plusieurs années « meilleur assistant de la ligue » selon de nombreux spécialistes, Shaw avait espéré poursuivre l’aventure angelina avant que Mike Brown puis Mike D’Antoni ne lui dament le pion à LA. Acteur de premier plan de la montée en puissance des Pacers (et de Paul George plus particulièrement), l’ancien compère de Shaq à Orlando et à Los Angeles va apporter sa force mentale à la jeune troupe des Nuggets.

« Ce que j’ai retenu de l’accident, c’est que demain n’est jamais acquis. Plus tu vis ce type d’expérience, plus tu apprends à mettre les choses en perspective et tu sais ce qui est important dans la vie. Quand je vois des gens se chamailler ou s’ignorer, je suis le premier à intervenir et dire : Ecoute, ce pourquoi tu te chamailles, ce n’est certainement pas grand-chose dans l’ordre des choses du monde. Passe à autre chose et appréciez-vous les uns les autres pendant qu’on est vivant. »

Brian Shaw est un survivant. Et c’est cette dureté mentale largement teintée d’humanisme qu’il va apporter aux Nuggets. Proche des joueurs, fin psychologue, le quintuple champion NBA (avec ses deux titres en tant qu’assistant aux Lakers) a attendu longtemps pour réaliser son rêve de gérer son équipe. Le dénouement n’en sera que plus beau…