Tony Parker : « Le plus gros regret, c’est le Game 6 »

« Il va me falloir quelques jours pour digérer, mais l’analyse est vite faite : il fallait gagner le Game 6. » En une phrase paroxysmique, Tony Parker résume son état d’esprit une petite heure après une défaite cruelle en finale NBA. San Antonio avait les armes pour écrire l’histoire jeudi soir et s’imposer à l’extérieur dans un Game 7, ce que personne n’a jamais fait depuis 1978.

Muet en seconde période, éreinté physiquement, TP sait bien que les regrets datent surtout de l’avant-veille. C’est aussi pour cette raison que c’est un perdant beau joueur, affable, souriant et disponible qui s’est présenté devant les médias français. Parmi eux, des confrères qui le suivent depuis le début de sa carrière NBA et qu’il remerciera après onze minutes d’interview.

Son analyse de la défaite

C’était une très grosse finale et ça aurait pu aller des deux côtés. Ils sont champions mais ils ne sont pas plus forts que nous. Cela se joue à rien du tout. Avec des « si » on peut refaire le match mais on a eu des occasions sur la fin avec Kawhi à trois points et Timmy dessous. Kawhi est tout seul, s’il met celui-là on passe à +1 et ça peut tout changer à une minute de la fin. Après ça se joue à deux, trois détails et deux, trois actions. On avait réussi à se remotiver et de reconcentrer, la défaite du Game 6 ne nous a pas affectés. Si on avait pris 20 points vous auriez pu dire ça mais là, on peut passer devant à 45 secondes de la fin (…) Ce soir c’était un très gros match défensif des deux côtés. Nous, on a été très bons  mais quand t’as Battier qui met six shoots à trois points alors qu’il n’en met pas un de la série, tu te dis que c’est le destin. Les dieux du basket avaient choisi. Les shoots de Battier, ce n’était pas prévisible mais dans un Game 7, c’est souvent comme ça, il y a des facteurs inattendus. LeBron a fait son match et c’est normal mais ce sont les autres qui ont très bons et ont fait la différence (…) Cette défaite n’enlève pas notre très grosse saison, il ne faut pas oublier ce qu’on a accompli. Pas grand monde ne nous attendait en finale NBA en début de saison.

Sa contre-performance

Ce soir, je n’ai pas trouvé de rythme. Je ne vais pas trouver des excuses mais c’est clair que la fatigue et les ischios ne m’ont pas aidé, ça joue. Je n’avais pas le même punch sur les jump shoots, vous m’avez déjà vu jouer assez de fois pour le constater. J’ai essayé de faire le maximum en trouvant le juste milieu entre ne pas trop forcer et rester dans les systèmes de l’équipe.

Les regrets du Game 6

Il n’y a pas de honte à perdre contre Miami, on n’a pas à rougir. Le gros regret comme je dis c’est le Game 6. Ce match là je ne suis pas prêt de l’oublier. On doit le gagner à 99,9% avec +5 à 28 secondes de la fin. C’est plus ça qui me fait mal, car ce soir Miami a vraiment bien joué. Ce Game 6 c’est la plus grosse défaite de ma carrière, devant la Grèce. En 2005 c’était en demi-finale, là c’est la finale. Si on gagne, c’est le titre ! La troisième plus grosse défaite de ma carrière, c’est le shoot de Fisher à 0.4’’ (…) Il faut relativiser, c’était peut-être une des plus belles finales de l’histoire de la NBA. J’ai eu la chance de gagner trois titres donc je relativise. Je suis déçu car je voulais encore plus entrer dans la légende et je voulais que Tim gagne un cinquième titre. Cela aurait été génial pour lui.

Le futur avec les Spurs

La saison a été très longue, on a joué plus 110 matches avec la pré saison. Terminer comme ça, c’est dur, c’est une grosse déception. Mais je crois en notre équipe, on peut encore faire une dernière danse. Les jeunes prennent de l’expérience, comme Green et Leonard. Il faut renforcer l’équipe avec un ou deux joueurs. On va continuer d’essayer de progresser et de revivre ça. Quand tu vis des moments comme ça t’as envie de revenir, en te disant que la prochaine fois ça te sourira.

L’équipe de France

Je  vais couper pendant un mois et prendre des vacances, façon de parler. J’ai quand même mon tour de promotion en Chine pendant 10 jours, mon camp de basket à Lyon et des obligations publicitaires pour mes sponsors. Le 25 juillet je serai là pour commencer l’équipe de France. Avec Vincent Collet, on sera bien motivé, on aura envie de gagner quelque chose (rire). Faire une grosse saison comme ça et t’as rien au bout, ça fait bizarre pour lui comme pour moi. L’Euro c’est un titre qui me manque, je serai ultra motivé dès que l’équipe de France va commencer. Gagner des titres, c’est ce qui me fait avancer (…) J’espère que Joakim (Noah) aura envie de venir, il est en vacances depuis un mois donc il devrait être motivé. On a besoin de lui, l’équipe de France c’est un autre niveau quand il est là (…) Je ne compare jamais les deux carrières, en équipe de France et en NBA. C’est différent. Jouer pour ton pays, c’est une émotion particulière. Cela crée beaucoup de bonheur de gagner pour ton pays, seuls les gens qui l’ont connu peuvent en parler. La joie des gens quand nous sommes allés en finale et aux JO, c’était génial. Ma flamme brûlera toujours pour les Bleus et j’aimerais vivre une fête sur les Champs-Elysées.