Il est rare d’atteindre cette zone de folie pure où les règles, le commun et la logique s’effacent. C’est pourtant là que nous a fait voyager Nate Robinson durant le quatrième quart-temps d’un match historique. Adroits au possible, les Nets avaient bien 14 points d’avance à 3 minutes et 45 secondes de la fin du match.
C’est l’instant choisi par Tom Thibodeau pour offrir libre court à la frénésie de Nate Robinson. Douze points consécutifs du lutin magique et Chicago était revenu dans la partie. La suite ne quittera pas cette douce folie avec des tirs décisifs à la pelle, trois prolongations et une victoire finale de Chicago (142-134) qui mène 3-1 et pose une option sur la qualification.
Ne pas permettre à Deron Williams de se mettre en rythme
« Couper la tête du serpent et il ne reste qu’une corde ». Ce proverbe africain résumé parfaitement la stratégie défensive de Chicago depuis le Game 2. Kirk Hinrich et Jimmy Butler se relaient pour mettre une grosse pression sur Deron Williams et l’empêcher de prendre son rythme, là où il devient dangereux.
Ça fonctionnait plutôt bien en début de match, surtout que Captain Kirk se montrait adroit. Mais les Nets s’adaptaient, se servaient de Deron Williams loin du ballon et rentraient enfin leurs tirs. Distancés un instant, ils revenaient grâce à Brook Lopez et recollaient (58-55) grâce à plusieurs tirs primés.
Grosse panne offensive du côté de Chicago
Après la pause, c’est même Brooklyn qui prenait le contrôle du match. Difficile pour Chicago de tenir le rythme d’un match trop offensif et les tirs à mi-distance qui rentraient tous en début de match fuyaient cette fois le cercle. Deron Williams était par contre lancé et c’est toute l’équipe qui le suivait.
Gerald Wallace se mettait même à rentrer ses tirs à trois points et les Nets pensaient avoir fait le plus dur en menant 109-95 à un peu moins de quatre minutes de la fin de la rencontre.
La folie Nate Robinson
Pour mettre fin à la gabegie offensive de son équipe, Tom Thibodeau dut ouvrir sa boîte de Pandore personnelle : Nate Robinson. Car si KryptoNate peut sauver son équipe par son talent offensif, il peut tout aussi bien l’entraîner vers le fond, comme lorsqu’il manqua de peu d’être expulsé face à C.J. Watson.
Mais dans ces quatre dernières minutes, il fut juste divin. 12 points consécutifs et 23 points dans le dernier quart-temps, à une unité du record de la franchise pour le plus grand nombre de points inscrits en un quart-temps lors d’un match des playoffs. Un record détenu par un certain Michael Jordan ! Mieux encore, il se montra assez lucide sur les dernières possessions pour attirer les défenseurs et servir ses coéquipiers.
Shoots décisifs à la pelle et triple prolongation
Le reste est difficilement descriptible. Joakim Noah envoyait une première fois les deux équipes en prolongation sur une claquette à l’ancienne. Dans ces cinq minutes supplémentaires, Nate Robinson pensa donner la victoire aux siens sur un shoot venu d’ailleurs avec une prise d’appui sur la ligne à trois points et l’aide de la planche. Mais Joe Johnson égalisait ! Deuxième prolongation.
Joakim Noah se montrait alors précieux et donnait quatre points d’avance aux Bulls. Et Joe Johnson était encore là pour ramener les Nets. Troisième prolongation. Nate Robinson était sorti pour six fautes, Gerald Wallace le suivait, puis Joakim Noah, Taj Gibson et Reggie Evans. Tout le monde, alors, était épuisé.
Chicago refaisait une nouvelle fois l’écart et, cette fois, Brooklyn s’effondrait. Nazr Mohammed jouait d’ailleurs les héros improbables en rentrant un lay-up décisif puis en récupérant un rebond offensif précieux. Les Nets peuvent s’en vouloir car ce match leur tendait les bras. Mais dans cette rencontre de géants, c’est Nate Robinson, le plus petit joueur sur le parquet, qui a fait sa loi.