Le Staples Center est encore vide quand Rodrigue Beaubois enfile les shoots en solitaire. Le visage est fermé comme si ses pensées étaient ailleurs. Entouré de la grande majorité de ses coéquipiers et sous les yeux de Mark Cuban, le Guadeloupéen répète ses gammes. Il teste ses appuis. Sa cheville n’est pas encore complètement rétablie, il prend le temps de la mettre en route. « Je préfère parler après le match », nous assure-t-il en rentrant aux vestiaires, à trois quarts d’heure du premier match de la saison.
Moins de trois heures plus tard, on le retrouve le nez sur son smartphone et la cheville dans la glace. Rick Carlisle vient de lui rendre hommage – « en maintenant le tempo comme il l’a fait il a été la clef du match pour nous » – et son proprio de nous confier son amour pour ce Roddy qu’il aime tant. Mais il en faut plus à l’ancien choletais pour tomber dans l’autosatisfaction.
Rodrigue n’est pas le plus expressif ni le plus exubérant des coqs de la ligue. Quand il nous sourit il donne ce sentiment dual que c’est soit par gêne, soit pas pure sincérité. Après avoir vanté le collectif de ses Mavs – « on a beaucoup d’armes offensives, chaque joueur est capable de mettre la balle dans le panier et en l’absence de Dirk, on peut s’habituer les uns aux autres » – il accepte de parler de lui. Ce n’est sûrement pas son exercice préféré, mais pour Busa il s’y prête avec la même volonté de bien faire que sur le parquet.
Son rôle cette saison
Apporter de l’énergie en sortant du banc et aider l’équipe. Jason Kidd est l’un des meilleurs meneurs de tous les temps mais il ne faut pas essayer de l’imiter. Il est trop particulier. Darren et moi devons jouer sur nos qualités et ça change le jeu de l’équipe. Nous sommes tous les deux rapides, on essaye de maintenir le rythme pendant tout le match et de presser les meneurs adverses en tout terrain. C’est un nouveau rôle, je m’y fais petit à petit. En défense, je dois utiliser mes longs bras et ma vitesse pour gêner l’adversaire. On m’a fait comprendre qu’on avait besoin de moi cette saison, mais c’est ma quatrième année en NBA et je sais très bien que rien n’est donné dans cette ligue. Il faut se battre pour tout, et je vais m’arracher. Si je le mérite, je jouerai. Je dois compter d’abord sur moi-même et progresser chaque jour.
Sa blessure à la cheville
Malheureusement elle a perturbé ma préparation alors que je me sentais bien. Mais c’est juste une entorse, ça devrait revenir à 100% assez vite. Je considère cet arrêt comme un petit break, rien de plus. Par volonté de retrouver le rythme progressivement, j’ai un peu forcé dessus sur les deux derniers matches de pré saison, ça explique mes mauvaises sorties. Là c’était le premier match de la saison, j’essaye de ne pas y penser et juste de jouer. C’est à moi de tout faire pour renforcer ma cheville après les matches et avant l’entraînement. Je serai très vite complètement opérationnel.
Son état d’esprit et la vie sans Mahinmi
Chaque saison t’apporte quelque chose mentalement, la dernière a été forcément dure pour moi, mais j’ai appris beaucoup. Là je me concentre sur moi-même à chaque entrainement et prend match après match en essayant d’apporter quelque chose à l’équipe. Sans Ian, la vie quotidienne change. Je l’adore, tout le monde le sait c’est comme mon grand frère. Je suis content pour lui, ça a l’air de bien se passer à Indiana et je suis heureux pour lui.
Propos recueillis au Staples Center