On disait de Derik Queen qu'il était l'un des joueurs les plus intrigants de cette Draft, mais aussi un des plus hors-normes, voire parfois hors cadre. Son début de Summer League va dans ce sens… Et les Pelicans en sont vraisemblablement ravis. Le 13e choix de la dernière Draft a signé deux premières rencontres à la fois prometteuses et inégales. Un bon résumé de ce que l'ancien pivot de Maryland laisse comme impression, souvent polarisée, mais jamais neutre. Notamment pour ce qui est de sa vision du jeu.
Costaud, voire pataud visuellement sur certaines actions, Derik Queen est un spécimen à part. Le joueur de New Orleans aime trimballer sa grande carcasse loin du cercle, et ballon en main pour mieux faire parler son talent en attaque. Un talent qui lui avait valu le surnom de “Baby Jokic” chez les Terrapins, et dont il a fait preuve dès ses premiers pas cet été. Dans le deuxième quart-temps de son premier match contre les Wolves, il attaque le cercle où se dresse Joan Beringer. Le Pelican marque un temps d'arrêt, gêné peut-être par l'envergure du Français ? Non, Derik Queen joue simplement à son propre rythme, avec patience, et attire un deuxième défenseur vers lui. Ce qui libère Hunter Dickinson, que le rookie trouve d'une superbe passe dans le dos avec rebond pour un lay-up facile.
that's a dimeeee Derik Queen! pic.twitter.com/0RbSsu4ve4
— New Orleans Pelicans (@PelicansNBA) July 10, 2025
“Je veux dire, Nikola Jokic est un super passeur, je ne pense pas en être un aussi bon que lui” a-t-il expliqué à Andscape. “Mais je pense que c'est une bonne base, c'est un début.” Cette comparaison avec le triple MVP des Nuggets, Derik Queen l'embrasse bien volontiers, avec un mélange d'humilité et d'humour. “C'est parce qu'on est lent tous les deux” avait-il expliqué dans un échange avec l'ancien joueur Matt Barnes en août 2024.
Queen comme Zion Williamson ?
Dans une ligue d'athlète où la verticalité est souvent reine, Nikola Jokic a imposé un autre standard, le sien, à ce stade inimitable. Le joueur de 20 ans en est encore loin évidemment. Mais par son approche du jeu et ses qualités techniques, Derik Queen marche dans le sillon tracé par son homologue serbe.
Doué, intelligent et altruiste, le nouveau joueur des Pelicans devrait s'inscrire dans la lignée des “big man” capable de gérer le jeu de leur formation. Cela tombe bien, New Orleans est plutôt friand des intérieurs capables de distribuer, en témoigne les expérimentations autour de Zion Williamson dans un rôle de “point forward” ces dernières saisons, même si celles-ci ont souvent tourné court à cause de l'état de santé du All-Star.
“C'est une question d'état d'esprit” explique Derik Queen quant à son appétit pour les passes décisives, que sa nouvelle équipe compte bien exploiter dans un rôle de facilitateur ajoute-t-il. Contre les Wolves, Derik Queen a terminé avec trois passes décisives, n'hésitant pas à attaquer le cercle pour concentrer la défense sur lui et mieux ressortir la balle vers un shooteur démarqué. Ce qu'il faisait déjà régulièrement en NCAA, et qui pourrait être plus efficace encore au niveau supérieur avec des coéquipiers d'un autre standing.
“J'ai la possibilité de montrer un peu plus cela en Summer League, parce que j'aurai probablement beaucoup d'opportunités de marquer et de maximiser mon jeu. Donc je dois impliquer mes partenaires.”
Pour se faire, Derik Queen met à profit son QI basket, déjà très intéressant pour son jeune âge. L'intérieur estime que ce qui fait la différence pour créer le jeu, c'est de “comprendre les schémas défensifs auxquels vous faites face.” “Ainsi, j'ai simplement à appliquer les systèmes défensifs que j'ai appris durant mes années de basket, et savoir où tout le monde doit être pour ensuite faire de bonnes passes.”
Entre intelligence et “nonchalance”
Simple non ? Plutôt efficace en tout cas, même si Derik Queen a aussi beaucoup à faire pour gommer ses sautes de concentration et un manque de dureté parfois criant, comme en début de match contre les Wolves. Il tourne après deux matchs à 12,5 points (à 42,9%), 11,5 rebonds (2e moyenne de cette Summer League) et 2 passes, mais pour 4,5 balles perdues. “Je crois que c'est mon jeu d'être un peu nonchalant, mais parfois je devrais être plus physique” a-t-il admis après son premier match. “C'est pour cela que j'avais le sentiment de gâcher mon match ou de perdre beaucoup le ballon. J'avais l'air immature, parce que je n'étais pas assez dur. Mais une fois que je l'ai compris, je pense avoir corrigé le tir.”
“Vous ne voyez que des flashs d'à quel point il va être bon” assure Corey Brewer, l'entraîneur des Pelicans durant cette Summer League. “Pour lui, c'est une bonne chose que ce premier match soit passé. Le prochain match, croyez-moi, il sera bien meilleur.”
Une rencontre qu'il avait conclu avec 12 points, 13 rebonds, et une passe décisive, mais surtout deux balles perdues après les sept de son entrée en matière. “Baby Jokic” a encore du pain sur la planche.