L’isolation, si elle est largement utilisée en NBA, a mauvaise presse chez les puristes, les amateurs de jeu collectif léché ou encore chez les fans d’Euroleague, pour le plus grand regret d’Evan Fournier, critique de cette « guerre à deux balles » entre les deux mondes. Pour Shai Gilgeous-Alexander et le Thunder, elle est une seconde nature.
En effet, avec 15.5 possessions de ce type en moyenne cette saison, aucune équipe n’utilise autant cette arme qu’Oklahoma City. Une tendance confirmée puisque, la saison passée, le Thunder était quatrième, derrière les Clippers, les Mavericks et les Celtics.
L’isolation comme moyen de créer des décalages et d’avoir de bons shoots
Et si on entre dans le détail, c’est évidemment Shai Gilgeous-Alexander qui en profite le plus, avec 6.9 points de moyenne marqués en isolation. Seul Jayson Tatum (7.8) fait mieux en NBA depuis le début de l’exercice 2024/25. Les dribbles, les feintes et les finitions à mi-distance ou près du cercle de la star canadienne font merveille et lui comme son équipe auraient tort de se priver.
« Je pense que les meilleurs shoots sont ceux qui sont dans la raquette », assure « SGA », le joueur extérieur qui marque le plus à cet endroit du terrain. « Le plus haut pourcentage au shoot, c’est dans la raquette et le meilleur pourcentage à 3-pts, c’est après les pénétrations, quand on ressort le ballon. On a plusieurs joueurs qui le comprennent et c’est un peu comme ça que notre équipe est construite. C’est une partie de notre identité. On pénètre et on va dans la raquette comme aucune autre équipe. Et ça nous donne des moyens d’avoir des tirs ouverts, de faire le juste choix. »
Les pénétrations sont également une marque forte à Oklahoma City. Sous les ordres de Mark Daigneault, année après année, la franchise est constamment en tête du classement des équipes qui pénètrent le plus.
« L’idée, c’est l’efficacité. On veut une attaque efficace », analyse le coach du Thunder. « On peut le faire de différentes manières. Habituellement, on s’appuie sur les forces de son effectif. Ensuite, la diversité est une bonne chose. On peut jouer vite, mais même en le faisant très bien, on finit par être gêné. L’attaque, au fond, c’est créer des avantages. Il faut avoir l’avantage pour avoir de l’efficacité. »
Une certaine dépendance à Shai Gilgeous-Alexander
Tout observateur du Thunder constate bien que le ballon circule mais moins que chez d’autres équipes. Le nombre de passes par match est un des plus faibles de la ligue cette saison, mais pour autant, le un-contre-un n’est pas généralisé et le jeu collectif existe. Avec l’isolation, Shai Gilgeous-Alexander et ses coéquipiers peuvent déborder leurs défenseurs et ainsi créer des décalages qui amènent du mouvement. Si c’est bien fait, alors en peu de passes, un bon shoot peut être trouvé.
La preuve : le Thunder est 16e aux passes décisives en étant dernier aux passes, avec le moins de ballons perdus également. « Tout le monde veut voir un magnifique mouvement de ballon mais, parfois, le plus souvent même, une belle circulation de balle n’arrive qu’après avoir pris l’avantage », résume Mark Daigneault.
L’efficacité prime donc à Oklahoma City et cela passe par donner le ballon au Canadien. Si bien que, quand il est sur le parquet, le Thunder inscrit 119.6 points sur 100 possessions. Dès qu’il est sur le banc, cette efficacité retombe à 99.7 points. Dans le premier cas, OKC serait la troisième attaque de la ligue quand, dans le second, elle est serait la dernière…
Un constat qui confirme que Mark Daigneault a bien raison de s’appuyer sur les qualités de son meilleur joueur, une référence de la NBA en isolation. « On est conscient que c’est notre force ainsi que la plus efficace manière de marquer des points », confirme Shai Gilgeous-Alexander.